Incroyable mais vrai: la société Boart Long Year Sadiola, une multinationale canadienne qui opère dans le forage, le carottage et le RC, travaillant pour le compte de la Société des mines d’or de Sadiola (SEMOS), vient de licencier de façon abusive et massive 101 personnes. L’information est tombée le vendredi 15 avril comme un cheveu dans la soupe. En effet, ce jour là, les travailleurs ont été conviés en Assemblée générale par le Coordinateur des ressources humaines, Khaled Guindo. A leur arrivée dans la cour, ils furent surpris de voir les gendarmes encadrer la salle de réunion. C’était déjà des prémices qu’une mauvaise nouvelle était à l’ordre du jour.
A peine installés dans la salle de réunion, les travailleurs ont été rapidement informés par le Coordinateur des ressources humaines que la société était obligée de procéder à des licenciements pour «motifs économiques». Il a brandi une liste de 78 personnes concernées par cette mesure. Pourtant, elles étaient toutes soumises à un régime de contrats à durée indéterminée (CDI). En février dernier, un premier groupe de 23 agents avait déjà été licencié en catimini, ce qui fait aujourd’hui un total de 101 personnes remerciées, sans préavis et sans aucun droit, pour l’instant.
Chose étonnante: les travailleurs n’ont eu droit ni au car ni à d’autres véhicules pour les ramener en ville, le lieu du travail étant à 4 km de là. Ils ont été contraints de faire le trajet à pied pour rejoindre leurs domiciles respectifs.
Ce qu’il faut savoir dans ce licenciement abusif, c’est que ce sont les syndicalistes qui ont été visés les premiers. Sur un bureau de 15 membres, 12 ont perdu leur emploi. C’est vraiment dur, très dur, d’être syndicaliste dans une démocratie comme la nôtre et dans des sociétés comme Semos. Ce qu’il faut également savoir dans cette affaire, c’est qu’une semaine auparavant, Boart Long Year Sadiola avait recruté, par le biais d’un bureau de placement (S.A.E.R), une dizaine de personnes, lesquelles ont le même profil que certains travailleurs renvoyés.
Ce qu’il faut surtout savoir, c’est que dans cette situation, le Directeur régional du travail de Kayes a joué au complice, en piétinant les lois maliennes (les articles L46, L47, L48 du Code du travail) et les conventions internationales 87 et 98 de l’OIT. En effet, l’employeur a usé des dispositions relatives aux entreprises de travail temporaire pour justifier ces licenciement, les articles L303 et L313, alors que le personnel dispose d’un CDI (contrat à durée indéterminé), comme on le dit dans le jargon du travail. En fait, ces travailleurs étaient surexploités avec 12 heures de service par jour sur 13 jours continus, avec un seul jour de repos. Pour les besoins de la cause, leur nombre d’heures de travail a été, pour l’instant, réduit.
Le tout nouveau ministre des Mines, Amadou Cissé, est donc interpellé pour y voir plus clair dans ce qui se passe dans nos différentes mines. Les représentants de l’Etat, chargé de défendre ses intérêts et celui de nos compatriotes dans les sociétés minières sont généralement corrompus et deviennent plutôt les hommes liges des employeurs. De même, le ministre en charge du Travail, Me Abdoul Wahab Berthé est lui aussi concerné, pour veiller à l’application correcte des textes en la matière.
A suivre.
Chahana Takiou