Mamadou Igor Diarra, ministre des Mines et de l’Eau au Mali, a beaucoup voyagé, ces dernières semaines, pour rencontrer et mobiliser partenaires et investisseurs en faveur du Mali. Le correspondant de Les Afriques l’a rencontré lors de
Les Afriques : Quelle est l’importance, pour vous, de participer à ce genre de Conférence internationale sur les mines qui se tient à Londres ?
Mamadou Diarra : Cette conférence est une grande vitrine, mais c’est aussi un espace d’échange. Nous avons profité de notre présence pour faire connaître le secteur minier malien et faire la promotion de notre pays, le Mali, troisième producteur africain d’or. Nous exportons chaque an 50 tonnes d’or, ce qui est un record. Par ailleurs, nous avons un sous-sol très riche, avec des indices avérés dans le domaine de la bauxite, du fer, de l’uranium, du manganèse, et autres minerais.
LA : Ainsi que le pétrole…
MD : Nous sommes très avancés dans l’exploration et la recherche pétrolière et gazière, nous avons d’excellents indices, et nous sommes très optimistes. Les premiers forages sont prévus pour juin 2009, et toutes les informations disponibles aujourd’hui, suite aux levées aéroportées et sismiques, concluent à la présence de très bons indices pétroliers et gaziers.
LA : Traditionnellement et historiquement, le pays a toujours eu de nombreux gisements d’or. Aujourd’hui, est-ce que de nouveaux gisements sont encore découverts ?
MD : Nous avons connu plusieurs étapes. L’or que nous exploitons aujourd’hui est consécutif à des études menées il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Nous essayons de relancer les travaux pour découvrir de nouveaux gisements. Mais nos réserves connues aujourd’hui sont d’environ 400 tonnes, ce qui est un chiffre extraordinaire. C’est vrai que certaines mines sont en fin de chantier, mais d’autres mines vont voir le jour en 2009 et 2010. Et nous essayons d’améliorer certaines infrastructures, pour faire des exploitations en profondeur, parce que la plupart des exploitations sont pour l’instant des exploitations en surface.
LA : Quelles sont les compagnies qui sont présentes au Mali aujourd’hui dans l’exploitation minière ?
MD : Essentiellement des compagnies sud-africaines, canadiennes, ainsi que des sociétés qui ont des capitaux américains, voire australiens. Mais le gouvernement malien est présent dans l’actionnariat de ces sociétés. Notre niveau de participation, en général, est de 20%. Nous participons au conseil d’administration, mais c’est l’opérateur qui gère.
LA : Il y a quelques mois, des Maliens s’étaient levés contre des compagnies minières qui exploitaient sans investir localement… Qu’en dites-vous ?
MD : (Sourire… puis sérieux) C’est un problème classique. Quand nous sommes en début d’exploitation sur une mine, c’est la bonne ambiance, mais, vers la fin, les gens sont un peu plus préoccupés et soucieux. Mais nous avons anticipé. Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour accompagner, assister et donner les bonnes orientations pour que ces sites miniers soient transformés, afin qu’une activité puisse être menée au bénéfice des populations. Au terme des deux premières décennies, nous avons tiré des enseignements, et nous avons pris des initiatives avec
LA : Certaines compagnies minières disent qu’elles payent beaucoup d’impôts et que c’est l’Etat qui n’investit pas sur place, dans les villages des sites miniers?
MD : (Sourire…) C’est un éternel débat. Les compagnies minières diront toujours que nous les taxons beaucoup, alors que les parlementaires diront que nous ne les taxons pas suffisamment. Je pense qu’il faut un juste équilibre. Nous avons créé des conditions incitatives pour attirer ces investisseurs dans notre pays, mais, à un moment donné, il faut s’asseoir à la table et inviter ces entreprises à s’impliquer davantage dans la vie économique et sociale de notre pays.
LA : Il y a encore quelques semaines, les prix des matières premières sur les places financières étaient très élevés. Est-ce que le Mali en a tiré profit ?
MD : Incontestablement notre pays a tiré profit de la remontée des cours de l’or. Nous sommes actionnaires dans toutes les sociétés minières du pays à hauteur de 20%, et avec les résultats en hausse des sociétés minières, c’est vrai que notre pays va en profiter. Mais nous subissons parfois quelques chocs, comme dans le domaine du coton.
LA : Les textes régissant et régulant l’installation des compagnies étrangères au Mali sont-ils suffisamment attractifs ?
MD : Le code le plus ancien date de 1999, il concerne le code minier. Nous avons élaboré une loi pour le domaine pétrolier et gazier qui date de 2004, et force est de constater que le monde bouge et que les réglementations doivent s’adapter. Nous avons déjà des chantiers de relecture qui s’inspirent des enseignements passés, mais cela se fait dans un cadre concerté. Loin de nous l’idée de démotiver les investisseurs, mais il faut prendre en compte l’intérêt des générations futures du Mali.
LA : Peut ton dire que dans dix ans, le Mali sera un pays pétrolier ?
MD : Inch Allah !!!
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