Les installations de la société AGG en ruine à Kobada : Des pertes de plus de 1 milliard de FCFA, l’exploitation de l’or renvoyée aux calendes grecques

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Apocalyptique ce qui s’est passé le 3 juillet 2014 à Kobada sur le titre minier de la société African Gold Group (AGG). Des orpailleurs en colère contre l’application de l’arrêté interministériel portant interdiction de l’orpaillage durant la saison des pluies ont pillé et saccagé les installations de la société canadienne à Kobada et Foroko, dans le cercle de Kangaba, avant d’y mettre le feu. Les dégâts, qui n’ont pas épargné même le plus petit du matériel de la société, sont estimés à plus d’un milliard de FCFA.

 

Arrivés sur le site sous une forte escorte, c’est un véritable spectacle de désolation auquel les journalistes ont été témoin. Cuisines, bureaux, chambres, groupes électrogènes, ordinateurs, climatiseurs, réfrigérateurs, matelas etc. aucun matériel de travail de la société n’a été épargné par des orpailleurs qui ont tout pillé, saccagé, vandalisé et ou incendié. Cette furie destructrice des orpailleurs fait suite à la volonté des autorités de mettre en application l’arrêté interministériel N° 1663 du 6 juin 2014, portant interdiction de la pratique de l’orpaillage entre du 15 mai et 11 octobre de chaque année. Les dégâts causés par les violences sont chiffrés par la société minière à plus de 1 milliard de FCFA. L’une des conséquences directes de ce désastre est le renvoi aux calendes grecques de l’exploitation du métal jaune dans le permis.

 

Prévue dans le cahier de charges pour 2015, cette exploitation est désormais repoussée à une date ultérieure. Cela à cause de l’ampleur des dégâts qui ont détruit tous les travaux d’ouvrage de ces 3 derniers mois. Pour permettre cette exploitation, il faudra donc reconstituer la base de données complètement endommagée. Et il semble que notre pays n’ait pas les moyens pour cela. Il va donc falloir faire appel aux bailleurs. Pour cela, il leur faut d’abord expliquer le bien-fondé de cette démarche, mais aussi leur faire comprendre que, malgré ce qui s’est passé, le Mali tient à la protection des investissements étrangers. Tout cela va prendre combien de temps ? Mystère. Il convient cependant de signaler que les incidents du 3 juillet ont été d’une extrême violence qui ont atteint AGG jusqu’au cœur de son unité.

 

Les orpailleurs frappent au cœur d’AGG

Parmi les matériels détruits par les orpailleurs figurent, en bonne place, la sondeuse de la société. Cette machine GTI 200 de marque canadienne a coûté à AGG 425 millions de nos francs. Pour Pierre Lalande, Directeur Conseiller Technique et Actionnaire de la société, cette machine est l’une des 10 sondeuses qui existent au monde. Elle servait à prendre des échantillons jusqu’à 150 mètres de profondeur. Autre point stratégique de la société touché par les violences, il y a l’usine pilote ou l’usine en miniature. Installée par AGG, elle n’aura servi que 3 mois avant d’être calcinée par les vandales. Elle permettait aux ingénieurs d’AGG de savoir le nombre de tonnes de minerais qu’on peut trouver par échantillon.

Pourtant, tout se passait bien entre AGG (qui ne soupçonnait rien tant la cohabitation était bonne) et les orpailleurs jusqu’à la date fatidique du 3 juillet. Apparemment bien organisés, armés et en très grand nombre (entre 20 à 30 000 personnes selon les estimations dont la plupart sont des étrangers) ils ont donné du fil à retordre à la trentaine d’éléments de gendarmerie qui avaient en charge la protection du site. Le bilan est connu, un gendarme est tombé sous les balles des vandales et 9 autres ont été blessés.

 

Face à l’ampleur des dégâts, la société AGG va-t-elle réclamer des comptes au Mali ? Pour le Directeur Conseiller Technique et Actionnaire, ce sont les juristes de la société qui vont trancher la question.

 

En attendant, le drame de Kobada pose désormais avec acuité la problématique de la protection et de la sécurisation des titres miniers dans notre pays. Titres qui sont impunément attaqués depuis quelques années par une nouvelle pratique d’orpaillage.

Yaya Samaké

 

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