Les collectivités locales et les retombées du secteur minier : Les sociétés minières au Mali abusent-elles des collectivités ?

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            Dans son dernier rapport le Groupe de Suivi Budgétaire met un accent particulier sur la part du secteur minier dans le budget d’État des exercices 2010, 2011 et 2012 et aussi l’impact du secteur minier sur les collectivités locales. Selon les données, avec le démarrage de la production industrielle de l’or depuis la fin des années 1980, le Mali est aujourd’hui le troisième pays producteur d’or africain après l’Afrique de Sud et le Ghana, avec une production moyenne annuelle d’environ 50 tonnes. C’est pourquoi, depuis quelques décennies, le secteur minier est la clé de voûte de l’économie malienne avec un apport de 275,626 milliards de Fcfa à l’économie nationale en 2012, représentant presque 8% du PIB et 70% des exportations totales du Mali.

Ce rapport constate que l’exploitation minière est aussi génératrice de retombées financières énormes sur l’économie locale, à travers les patentes et autres taxes et redevances payées aux collectivités territoriales.

Dans sa volonté de faire du secteur minier un véritable moteur de développement social et humain et un moyen de lutte contre la pauvreté, le gouvernement a mis en place le Programme de Développement du Secteur Minier (Pdsm). Aussi les autorités du pays ont-elles mis en place plusieurs mécanismes, afin d’assurer plus de transparence autour du secteur minier au Mali.

Selon les constats, ces mécanismes n’ont pas encore permis au commun des maliens d’apprécier l’importance de l’exploitation minière sur l’amélioration des conditions de vie des communautés. Les statistiques précisent que malgré la volonté politique des autorités, les attentes des communautés sont encore multiples à travers  le faible accès à certains services sociaux de base, tels que l’eau potable, la santé, l’éducation et l’électricité.

Les résultats de la mise en oeuvre de la politique et des stratégies en 2012 font ressortir que les exploitations minières représentent 1.028,1 milliards de Fcfa en 2012 contre 833,5 milliards de Fcfa en 2011, soit une augmentation de 23%. Ces résultats indiquent que les emplois directs créés totalisent 3.895 emplois pour 9 sociétés minières d’or en activité et pourraient atteindre 10.102 si l’on considère ceux créés par les sociétés de sous-traitance.

Par rapport aux problèmes et contraintes, ce rapport signale : l’insuffisance des données géologiques de base, exposant le secteur au risque de mono-production de l’or; l’insuffisance d’un mécanisme autonome et approprié de financement des activités du secteur minier; la lenteur dans la réforme institutionnelle du secteur; l’insuffisance dans le suivi et le contrôle des activités minières; un cadastre peu faible; l’absence de carte géologique à grande échelle; le manque d’organisation de l’orpaillage entre autres…

En ce qui concerne les perspectives, ledit rapport insiste sur : l’élaboration d’une vision stratégique de développement du secteur minier et pétrolier; la mise en oeuvre du plan d’action de diversification de la production minière adoptée par le Conseil des Ministres du 14 mars 2012; la création d’une structure d’analyse et de contrôle des sociétés d’exploitation minière et pétrolière; la mise en oeuvre du code minier et de ses textes d’application; l’audit des sociétés minières etc…

Tougouna A. TRAORÉ

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