C’est en compagnie d’une forte délégation composée des membres de la commission environnement du Conseil économique social et culturel que le président de la Chambre des Mines, Abdoulaye Pona, s’est rendu la semaine dernière sur des sites d’orpaillage dans le cercle de Kangaba. Objectif : s’enquérir des conditions d’extraction de l’or et son impact sur l’environnement.
Le village de Salamalé situé à une trentaine de km de Kangaba a été la première étape de cette visite. Zone d’orpaillage par excellence, les populations n’ont pas manqué d’interpeller les visiteurs du jour sur certaines de leurs préoccupations. Ainsi, elles ont demandé à la délégation de prendre des mesures afin de privilégier les ressortissants de la zone en cas d’installation d’usine pour l’extraction de l’or, de délimiter la zone frontalière Mali Guinée pour qu’elles puissent travailler en toute quiétude. Elles ont aussi dénoncé l’extraction de l’or par des Chinois avec des dragues. Ce n’est pas tout. Ces orpailleurs ont aussi exprimé des inquiétudes par rapport à l’imposition d’une nouvelle carte instituée par le ministère des Mines pour les orpailleurs…
Face à toutes ces doléances, le président de la chambre des Mines, Abdoulaye Pona, a tenu à rassurer que sa structure ne ménagera aucun effort pour défendre les droits des orpailleurs. “Car vous avez une place importante dans l’économie malienne. Pour preuve, chaque année, plus de 10 tonnes d’or sont extraites dans notre pays par vous et une tonne d’or seulement est vendue à 48 millions de dollars soit 24 milliards Fcfa” a introduit le président Pona. C’est pourquoi, selon lui, à la Chambre des Mines ils ont élaboré une feuille de route afin de pouvoir mieux organiser le secteur.
Pour préserver la santé des populations des zones minières, il a annoncé, par la même occasion, que des mesures seront prises pour mettre fin à l’utilisation des mercures et des cyanures sur des sites d’orpaillage.
Par rapport aux conflits récurrents dans la zone frontalière Mali-Guinée entre orpailleurs, le président de la Chambre des mines de révéler que c’est la troisième fois que des affrontements occasionnant morts d’hommes se produisent entre les orpailleurs de ces deux pays. Cependant, il a préconisé le tracé de cette frontière, même s’il reconnait au passage que la zone litigieuse en question appartient au Mali.
” Les Chinois opèrent illégalement avec l’appui des cadres véreux de l’administration “
S’agissant de la présence des Chinois sur des sites d’orpaillage avec des dragues de grande dimension, le président Pona a pointé du doigt la complicité de certains cadres véreux de l’administration malienne. “Ce sont des gens qui opèrent en toute illégalité. Ce que ces Chinois font ici dans nos zones d’orpaillage, quand on agit de la sorte chez eux, on est exécuté car ce sont des gens qui violent le code minier. C’est vrai que nous ne pouvons pas les empêcher de travailler au Mali dans le secteur minier, mais qu’ils le fassent dans la légalité” a fait savoir Pona.
Pour ce qui est des nouvelles cartes d’orpaillage instaurées par le ministère des Mines, le président de la Chambre des mines a dénoncé le fait que le Ministre a pris cette décision de façon solitaire. “La Chambre des mines a pour mission d’organiser ce secteur. Pour ce faire, nous avons été investis par les pouvoirs publics. Dans ce cadre, nous avons un registre dans lequel tous ceux qui travaillent dans ce secteur sont répertoriés et nous avons aussi une carte annuelle de 5. 000 Fcfa. Comment le ministre des Mines, qui n’a rien fait pour vous, veut soutirer votre argent au profit d’une association fictive ?” s’interroge-t-il.
C’est pourquoi a-t-il ajouté que la Chambre des Mines soutient les orpailleurs dans leur démarche de ne pas prendre cette carte du département.
Mamoutou Kéïta, représentant du président du Cesc : ” Il faut que l’Etat soit fort face à ces Chinois… “
Lors de ce périple, la délégation, en plus d’un site d’orpaillage, s’est rendu sur un lit du fleuve Niger non loin de Kangaba pour constater de visu la dégradation de ce cours d’eau suite à l’extraction minière avec une drague de grande dimension utilisée par un groupe de Chinois. “Ces Chinois-là sont en train de détruire notre faune aquatique et le lit du fleuve. Il se trouve que c’est la Direction nationale de la géologie et des mines qui leur a donné des autorisations d’exploration, qu’ils transforment ici sur place en autorisation d’exploitation. Donc ils sont dans l’illégalité, tout le monde le sait, mais personne n’en parle parce qu’ils sont protégés à un autre niveau. C’est pourquoi, l’Etat doit être fort en prenant ses responsabilités pour mettre fin à ces pratiques nuisibles à la santé des populations car ce sont des produits chimiques qui sont déversés dans le lit du fleuve. Ces pratiques sont aussi préjudiciables à la nature “ a soutenu Mamoutou Koné.
Kassoum THERA, envoyé spécial.