Par un arrêté interministériel aussi impopulaire qu’irréfléchi, le gouvernement a cru bon de priver de milliers de familles pendant 4 mois de leur seul moyen de subsistance, sans en proposer une alternative sérieuse : interdire l’orpaillage. La mesure peine à s’appliquer sur le terrain et le risque d’affrontement est évident dans certaines localités.
Pour justifier sa décision, le gouvernement évoque des «risques d’éboulement». L’argumentaire peine à convaincre la Fédération des orpailleurs, pour qui, «le transport et les motos Jakarta tuent tous les jours plus que l’orpaillage». Conséquence : la mesure a du mal à s’appliquer sur le terrain. Aucune surprise au regard de ce qui s’est passé les précédentes années, où l’application de la mesure a toujours provoqué des affrontements entre populations et forces de sécurité. Il y a quelques jours, le président de la Fédération des orpailleurs du cercle de Kéniéba avait donné l’alerte : pas question de quitter les sites pour quelque raison que ce soit. Selon Lassana Camara, l’Etat n’explique pas les vraies motivations de sa décision. L’orpailleur constate qu’à ce jour, tous les sites d’exploitation ont été attribués par l’Etat à des sociétés minières. En clair, l’objectif, selon lui, est de permettre l’installation des sociétés multinationales sur les sites que les populations exploitent pour leurs besoins de subsistance.
Un gouvernement coupé des réalités
C’est donc par un arrêté interministériel, aussi impopulaire qu’irréfléchi, que le gouvernement a cru bon de priver de milliers de familles pendant 4 mois de leur seul moyen de subsistance, sans en proposer une alternative sérieuse. Aujourd’hui, dans les localités où l’orpaillage est pratiqué, les populations sont sur les dents. Le risque d’un affrontement avec les forces de sécurité est évident. Les affrontements meurtriers entre gendarmes et orpailleurs les années précédentes, notamment à Kangaba, hantent encore les esprits.
Comment interdire l’orpaillage dans une zone où les familles ne vivent que de cela depuis des décennies ? Comment inciter des populations à «retourner dans les champs», alors que les terres cultivables n’existent plus ? Comment se consacrer à une agriculture appauvrie par manque de volonté politique, où le prix du coton est fixé ailleurs et où l’accès à l’engrais et au matériel agricole deviennent un luxe pour des agriculteurs désœuvrés ? Comment interdire l’orpaillage (fut-il pendant l’hivernage) au moment où on réattribue les sites à des sociétés minières qui appauvrissent les populations ? Aucune de ces problématiques ne semble préoccuper le ministre des Mines, incapable de promouvoir un secteur qui devrait constitue une source de bien-être pour les communautés des localités.
Lorsqu’un Etat est incapable de donner du travail à sa jeunesse (contrainte à l’immigration), incapable de donner les moyens de production à ses agriculteurs, un Etat qui privilégie les multinationales dans les zones aurifères au détriment des intérêts de la communauté des localités…souffrez de cette défiance des populations vis-à-vis du pouvoir public. Vivement des dirigeants soucieux de nos préoccupations.
Tony CAMARA
Monsieur le journaliste,ce n'est pas parce qu'une décision est impopulaire qu'elle n'est pas bonne.On ne peut pas toujours gérer avec les mesures populaires.Ceux que pretends défendre sont responsables de la déterioration de leur terres de cultures à travers leurs activités d'orpaillage anarchiques.Je suis d'une zone d'orpaillage,donc j'interviens en connaissance de cause.La mesure est belle et bien une bonne chose.
Monsieur Camara, pouvez-vous nous donner la date de prise de l'arrêté?
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