Pour, dit-il, «réglementer les activités d’orpaillage au Mali», le ministre des Mines et président de l’Adéma-PASJ, Pr. Tiémoko Sangaré, voudrait imposer une carte d’accès aux sites d’orpaillage, sur toute l’étendue du territoire national. Mais, la décision, est qualifiée au niveau de la Chambre des mines et sur les sites d’orpaillage d’une immixtion du ministre dans les activités d’orpaillage, qui relèvent, selon les textes, du ressort de la chambre des mines du Mali.
Aujourd’hui, on peut, sans risque de tromper, dire que le torchon brûle réellement entre la Chambre des mines du Mali (CMM) et le département en charge des Mines, dirigé par le Professeur Tiémoko Sangaré, président de l’Adéma-PASJ. La raison, selon notre source, est la décision prise, imposant une carte d’accès aux sites d’orpaillage sur toute l’étendue du territoire national. Le ministre veut confectionner 70 mille cartes, de 10 000F CFA l’unité, pour une somme totale de quelques 700 millions de nos francs. Cette décision, qualifiée d’une immixtion du ministre dans les domaines de la Chambre des Mines du Mali, reste impopulaire, selon nos sources, sur les sites d’orpaillage. En effet, dans cette décision et selon la lettre de la CMM adressée au ministre, l’organisation consulaire relève quelques points d’inquiétudes quant aux missions de terrain effectuées par la Commission d’organisation de l’orpaillage au Mali. Cela, avec la coopérative de la Fédération nationale des orpailleurs du Mali (FNOM) de M. Seydou Keita qui, selon des responsables de la CMM, serait un néophyte dans le domaine des mines. Voici un extrait de la lettre, dont nous avons obtenu copie et signée du président de la CMM, M. Abdoulaye Pona : «il nous est revenu que des spécimens des cartes d’orpailleurs d’une valeur de 10 000 F CFA, sont exhibés comme étant des cartes officielles d’orpailleurs. Avec une inscription sur les registres confectionnés à cet effet et avec une clé de répartition des fonds obtenus». Il faut retenir ici, que ces fonds seront répartis comme suit : 18% pour l’Etat, 10% pour les Collectivités et 72% revenant à la Fédération Nationale des orpailleurs du Mali.
En son temps, cette lettre datée du mois d’aout dernier sonnait déjà la sonnette d’alarme et rappelait à l’ordre les autorités. Elle indiquait que si cela se produisait, à savoir l’imposition de la carte, elle créerait une situation conflictuelle, dont on n’aurait pas besoin en ce moment dans le secteur. Car, le département empiéterait sur les missions essentiellement dévolues à la CMM par l’article 2 de la loi n°04-CMM-006 du 14 janvier 2004, portant création de la Chambre. En effet, selon les termes de cet article «la CMM a pour mission l’organisation et la représentation des personnes physiques et morales exerçant dans les différentes branches professionnelles d’activités des mines». Aussi, les dispositions de l’article 2 du décret N° 587P-RM du 23 décembre 2004, fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Chambre et celles relatives à l’Arrêté N°2013-3265 MM-SG du 6 aout 2013, instituant le registre de la CMM, seraient complètement violées et mettraient en mal le fonctionnement de la structure consulaire à travers cette mesure impopulaire et controversée.
Ainsi, pour éviter toute équivoque et permettre à la Chambre de jouer pleinement sa partition, le président de la Chambre des Mines, M. Abdoulaye Pona exhorte le ministre Tiémoko Sangaré de surseoir à la confection éventuelle de registres de cartes d’orpailleurs. Car, souligne-t-il, la Chambre, dans les jours à venir entend exécuter sa feuille de route qui constitue une solution pratique et définitive à tous les problèmes connus et liés à l’orpaillage au Mali.
Par ailleurs, le Président de la Chambre des Mines n’a pas manqué de dénoncer les propos du ministre Tiémoko Sangaré qui déclarait : «qui sait, si c’est l’or issu de l’orpaillage qui sert à financer le terrorisme au Mali». En effet, cette déclaration n’est pas passée inaperçue du côté de la CMM. Pour le président Pona, un ministre des Mines doit être au courant de tout ce qui se passe dans les sites d’orpaillages et ne doit pas parler au conditionnel, en «accusant» des simples orpailleurs de terroristes. En outre, M. Pona révoque le fait que sur les 700 millions de F CFA issus des cartes, l’Etat, qui a financé principalement leur confection n’aura que 18% des recettes issues de la vente de ces cartes. Il indique que la part du lion revient à la Fédération nationale des orpailleurs, une société, qu’il qualifié de société d’écran, qui serait créée de toutes pièces en complicité avec le ministre en charge des Mines et M. Seydou Keita.
Aussi, du côté des sites d’orpaillages, selon nos sources, la mesure du ministre des Mines est vivement critiquée. Car, pour nos orpailleurs, la décision aurait été prise sans consulter les acteurs du secteur. Ainsi, les orpailleurs estiment que le ministre des Mines n’est pas habilité à prendre une telle décision.
Notons enfin que, les acteurs de ce secteur est vital pour l’économie du pays, parce que créant des milliers d’emplois. Il contribue à renflouer les caisses de l’Etat. De ce fait, les acteurs doivent accorder leur violon et souffler dans la même trompette.
Dieudonné Tembely