Depuis quelques années, nous constatons la prolifération des sites d’orpaillage dans certaines régions du Mali notamment la région de Sikasso, Kayes et Koulikoro. Ces zones sont de nos jours les plus fréquentées de notre pays. Elles viennent de partout du Mali et ne veulent plus Bamako, leur ancienne destination de travail. Ce sont ces zones d’orpaillage qu’elles visent avec en tête devenir riche tout d’un coup.
Beaucoup de ces jeunes filles étaient élèves mais préfèrent abandonner les bancs de l’école pour rejoindre leurs camarades sur les sites d’orpaillage. Comme tous les milieux ruraux, le pays dogon, particulièrement la commune de Bankass, une commune qu’on appréciait compte tenu du taux de scolarisation des filles, en est confrontée. Lors de notre dernière visite dans cette zone, nous avons remarqué que les filles qui étaient à encourager et qui pouvaient facilement continuer leurs études, elles ont abandonné les bancs et ont rejoint leurs camarades qui n’ont jamais été à l’école. Elles abandonnent au su et au vu de leurs parents qui sont parfois même complices. Les associations des parents d’élèves, les autorités communales et tous les acteurs concernés qui pouvaient intervenir pour l’arrêt immédiat de cette pratique ne le font pas comme il le faut et la pratique s’aggrave du jour au lendemain. Le constat est amer mais certains villages comme Noumoudama qui comptait plus d’une trentaine de filles scolarisées en 2002 n’en compte aucune de nos jours, Elles ont toutes abandonné avant même d’être admise au CEP et se sont dirigées vers les zones d’orpaillage qu’elles considèrent comme un eldorado. Apres constat, on peut aisément comprendre que ces filles croient que toutes celles qui ne passent pas par l’orpaillage ne peuvent en aucun cas avoir assez de fortunes comme leurs camarades. D’autres filles avec de très bon niveau se découragent et quittent les classes car on les fait toujours savoir que la scolarisation de la fille n’est pas importante. Elles ont tendance à croire que tout ce qu’une fille doit faire, c’est de chercher des matériels et se marier. La plus rapide manière de trouver ces matériels est de suivre ses camarades dans les sites l’orpaillage où tout le monde est bien payé, selon elles. Avec cette idée en tête, l’école est devenue pour la plupart d’entre elles, une perte de temps. D’autre part, la responsabilité des parents est grande car ce sont eux qui poussent les enfants à quitter l’école pour les sites d’orpaillage qu’ils trouvent comme un lieu de lutte contre la pauvreté. Rares sont des parents qui encouragent les filles à étudier. Ils les inscrivent dans des écoles mais quand elles commencent à grandir, ce sont ces mêmes parents qui s’agrippent à l’argumentaire selon lequel une fille n’a nullement besoin de beaucoup étudier. C’est ainsi que beaucoup de nos sœurs souffrent malheureusement dans des sites d’orpaillages où elles font presque tout pour gagner de l’argent. La situation devient de plus en plus grave car moins de villages dans cette commune comptent de filles instruites, pas parce qu’elles n’ont jamais été à l’école mais elles ont presque toutes abandonnées pour l’orpaillage, une aventure incertaine.
Il est temps aujourd’hui de prendre ce problème au sérieux. Celles qui pouvaient être l’espoir non seulement de leurs familles mais aussi du pays tout entier, détruisent leur vie en un seul matin .Face à tout cela, tout un chacun est appelé à jouer son rôle afin que ces jeunes filles aient l’éducation qui leur faut pour participer au développement de notre pays. Pour ce faire, les autorités communales et les ONG dont les principales missions sont l’éducation des filles, doivent redoubler d’efforts pour que ces enfants ne se dirigent plus vers les zones de l’orpaillage. D’abord les parents qui sont à la base de l’abandon des enfants par méconnaissance doivent être sensibilisés tout en les évoquant le changement que peut apporter une fille instruite. Ensuite, les réalités que vivent ces jeunes enfants une fois arrivées sur les sites d’orpaillage. Quant aux enfants concernées, elles doivent être bien sensibilisées tout en prenant l’exemple sur des grandes dames dans notre pays. Pour finir, l’Etat doit, par tous les moyens, lutter contre cette pratique qui n’est pas sans conséquences sur l’avenir de notre pays. Ces jeunes filles du milieu rural doivent étudier comme celles des grandes villes et doivent participer à l’édifice de ce pays comme les autres.
B .Guindo