Forum national sur l’orpaillage au Mali : La volonté de mieux gérer une filière active contre la pauvreté par la création d’emplois

0

Le Centre international de conférence de Bamako (Cicb) abritera, du 18 au 20 septembre 2014, le Forum national sur l’orpaillage au Mali. Initié par le ministère des Mines, dans sa nouvelle vision du développement du secteur, cet événement réunira l’ensemble des services étatiques et para-étatiques, les élus locaux, régionaux et nationaux, les acteurs de la société civile et les représentants des autorités traditionnelles et coutumières du Mali. Cette rencontre suscite un immense espoir à la hauteur de la vision que le ministre Boubou Cissé tente d’insuffler à ce secteur depuis sa prise de fonction.

«Encadrement, Promotion et Organisation de l’Orpaillage» ! Tel est le thème central de ce premier Forum national qui s’ouvre jeudi prochain au Cicb.  Des ateliers vont être aussi animés autour des thèmes comme, entre autres, «Politique et cadre juridique et institutionnel de l’orpaillage au Mali», «Orpaillage et décentralisation : Rôle des collectivités territoriales dans la gestion de l’orpaillage» ; «Problématique de l’orpaillage illicite sur les permis miniers» ; «Plan de communication du Département des mines sur la problématique de l’orpaillage». Ils seront introduits par d’éminents experts comme Mohamed Kéïta, Bady Ould Ganfoud, Lassana Guindo (Conseiller technique au ministère des Mines), Seydou Kéïta (DNGM) et notre confrère Almahady Cissé, chargé de communication du ministère des Mines…

 

Les participants à ce Forum analyseront les problématiques et les enjeux de l’orpaillage au triple plan local, national et sous-régional. Ils auront aussi la responsabilité de procéder à un diagnostic sans complaisance des incidences socio-économiques, sécuritaires, sanitaires et environnementales de la pratique de l’orpaillage au Mali.

Cette initiative découle de la volonté du gouvernement d’assumer toute sa responsabilité dans la mise en valeur des richesses du pays au profit de tous, notamment des exploitants, des communautés et de l’économie nationale. Une ambition que l’orpaillage ne parvient plus à atteindre à cause non seulement des tensions socio-sécuritaires qui entourent cette activité, mais aussi de l’insuffisance de l’encadrement dont elle est l’objet.

En effet, de nos jours, l’orpaillage suscite beaucoup de tensions parce que cette activité est pratiquée presque clandestinement par des milliers de nationaux et surtout d’étrangers en dehors des couloirs délimités par l’administration minière. Les orpailleurs se focalisent actuellement sur les sites découverts par les sociétés minières, sans accord préalable de ces dernières. Pis, ils utilisent des méthodes, des techniques et des moyens modernes (broyeurs, concasseurs, détecteurs de métaux…) et usent des produits chimiques toxiques dangereux, sans respect des règles d’hygiène et d’emploi.

 

De cette cohabitation entre sociétés minières et orpailleurs sont nés des conflits et autres problèmes sociaux. Sans compter un péril environnemental lié à la déforestation, la fragilisation du sol, du couvert végétal, de la faune et de la flore ; la pollution des cours d’eau… Sans compter que, de plus en plus, cette activité ne profite qu’à quelques nationaux et à des étrangers aux dépens du Trésor public et de l’assiette fiscale des collectivités.

 

Jusqu’à présent, les missions d’information et de sensibilisation sur le terrain, conduites respectivement par le ministre des Mines, les techniciens du Département ou les délégations interministérielles (Mines, Administration territoriale, Collectivités territoriales, Sécurité intérieure et Environnement), n’ont pas produit le changement de comportement et de cap escompté.

 

Dans sa nouvelle vision, impulsée par le président Ibrahim Boubacar Kéïta, le gouvernement malien veut faire du secteur minier un moteur du développement socio-économique du pays, en créant des emplois pour réduire la pauvreté. Ce qui suppose que des actions d’urgence soient menées. Ainsi, selon les acteurs, il faut interdire formellement la pratique de l’orpaillage et le lavage des minerais dans le lit et aux abords des cours d’eau (la Falémé, du Gara, de la Bagoé et de Sansamba) ; interdire formellement l’utilisation du mercure, du cyanure et d’autres produits chimiques dans l’orpaillage ; interdire formellement le dragage dans le fleuve Niger aux environs de Katibougou ; interdire formellement la pratique de l’orpaillage pendant la période d’hivernage (entre Mai et septembre).

 

Des attentes à la hauteur d’une vision nouvelle

 

Il est aussi nécessaire, entre autres, d’interdire formellement l’utilisation d’engins miniers, d’explosifs et de matériels prohibés dans l’orpaillage. Tout comme il faut trouver les arguments sécuritaires ou juridiques pour convaincre les orpailleurs à quitter la zone du bassin à boue à Loulo, dans le cercle de Kéniéba. Il faut également vulgariser le Code minier et ses textes d’application, ainsi que les Conventions minières adoptées par le gouvernement. La pacification des zones d’orpaillage passe inexorablement par la maîtrise du flux migratoire, notamment celui des étrangers, sur les sites miniers du territoire national. Tout comme il faut accentuer le contrôle pour arrêter le travail des enfants dans les sites d’orpaillage et renforcer la prévention des maladies, de la prostitution, de l’alcoolisme, de la drogue… La fixation des sites d’orpaillage autour d’infrastructures socio-éducatives de base serait déjà une avancée contre ces fléaux.

 

Les participants devront donc plancher sur ces problèmes et baliser les solutions idoines pour que ce sous-secteur reste un axe majeur et prometteur de l’exploitation minière dans le respect des réglementations et des normes environnementales. Ainsi, du Forum national qui s’ouvre jeudi prochain, il est sans doute attendu des recommandations allant dans le sens de l’élaboration d’un programme spécial de développement de l’orpaillage. Il doit aussi permettre de clarifier le rôle des acteurs institutionnels… Il est en outre attendu de cette rencontre, qu’elle contribue à faire de l’orpaillage une filière génératrice de revenus financiers aux niveaux local, régional et national. Créer la confiance et la complémentarité entre les acteurs impliqués dans l’exploitation minière est aussi l’une des attentes par rapport à cet événement minutieusement préparé par le ministère des Mines et ses partenaires.

 

À ce titre, le Forum national sur l’orpaillage sera un espace d’échanges entre les services et les structures étatiques et paraétatiques, les élus nationaux, régionaux et locaux, les acteurs de la société civile et les représentants des autorités traditionnelles et coutumières directement impliqués dans la pratique de l’orpaillage dans les régions concernées, notamment Kayes, Koulikoro et Sikasso.

 

Son organisation s’inscrit dans la droite ligne de la Déclaration de politique générale du Premier ministre (le 29 avril 2014) et participe de la ferme volonté du ministère des Mines d’associer l’ensemble des acteurs à la définition de stratégies et mesures urgentes à prendre pour l’encadrement de l’orpaillage au Mali.

Moussa BOLLY

 

Commentaires via Facebook :