Exploitation d’or au Mali : Au profit de qui ?

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Depuis 1990, l’extraction de l’or est devenue une activité économique majeure au Mali, et la deuxième source de revenus d’exportation après le coton.

Cette rapide croissance a suscité de nombreux espoirs de développement, espoirs encore renforcés par le boom du cours de l’or sur les marchés mondiaux depuis quelques années.

Mais, comme retombées, nos populations n’en voient rien.

Activité économique à fort potentiel, l’exploitation de l’or pourrait en effet contribuer à l’amélioration de la situation des droits de l’homme en créant de l’emploi dans le secteur minier et en ayant un effet d’entrainement sur d’autres secteurs de l’économie.

Elle devrait également améliorer les ressources de l’Etat et donc sa capacité à assumer les dépenses utiles pour la société, à savoir l’éducation, la santé, les infrastructures et autres.

Les entreprises minières mettent sur le devant de la scène leurs actions volontaires en faveur des communautés locales menées au titre de leur responsabilité sociale et environnementale alors même que ces programmes n’ont que des résultats limités et parfois pervers. Dans le même temps, elles obtiennent des exemptions fiscales et sociales leur permettant de tirer le meilleur profit de leur activité et vont parfois jusqu’à commettre des violations des règlements existantes lorsque celles-ci leur paraissent trop contraignantes.

Par ailleurs, le fonctionnement même de secteur aurifère malien a peu d’effet d’entrainement sur le reste de l’économie.

Ce secteur est en effet largement coupé des autres secteurs économiques et complètement tourné vers l’exportation.

Ainsi, selon le  dernier rapport de la Fédération Internationale des Ligues de Droits de l’Homme sur l’exploitation de l’or au Mali, le pays a, aux cotés de la nomenclature du coton, développé une nomenclature de l’or,  autre ressource primaire destinée à être transformée et commercialisée à l’étranger.

Selon ce même rapport, ce qui est en cause ici, c’est le modèle de développement économique mis en œuvre par les gouvernements successifs, sous l’influence des institutions financières internationales.

En effet, cette situation tient à la position de faiblesse et à l’ambivalence de l’Etat qui a pourtant la responsabilité première des orientations données au développement national et de la réalisation des droits économiques et sociaux de la population.

Alors même qu’il est doté de peu de moyens et qu’il connait une corruption endémique, l’Etat malien voit son rôle affaibli par le fonctionnement du secteur minier dans lequel il est passé du rôle de propriétaire à celui de régulateur et percepteur d’une part et d’actionnaire d’autre part.

Le code minier de 1991, qui a marqué le tournant libéral dans la politique minière du Mal, réserve à l’Etat une part minoritaire du capital des sociétés d’exploitation minière.

Toujours selon le rapport de la FIDH, cette situation de l’Etat est d’autant plus dommageable qu’il existe de forts conflits entre ses différentes fonctions.

Ainsi, tandis que l’Etat-percepteur a intérêt à maximiser l’intérêt fiscal, donc les taxes imposées aux entreprises, l’Etat- actionnaire à intérêt à maximiser ses profits après impôts, donc a voir minorer la fiscalité.

Le rapport dénonce la réglementation sur la double représentation de l’Etat dans le secteur, réglementation faite sous la férule des bailleurs de fonds internationaux. Cette dualité a été officiellement dénoncée dans un rapport de la Direction générale de la Géologie et des Mines en 2004.

Dans des cas de conflits du travail ou de pollution environnementale, l’Etat malien a ainsi pris le parti des entreprises ou ignoré les violations dont elles étaient responsables.

Selon ce même rapport, vingt ans après le boom de l’exploitation aurifère au Mali, la population attend encore de pouvoir réellement bénéficier de ses retombées, que ce soit dans l’industrialisation , en ce qui concerne le marché de l’emploi, l’état des finances publiques ou le niveau des dépenses sociales.

Le Mali a offert aux investisseurs internationaux un environnement propice à leur enrichissement mais qui ne garantit ni le respect des droits fondamentaux, ni l’amélioration à long terme des conditions de vie de la population.

 

                                                                                                                              Dieudonné Tembely 

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11 COMMENTAIRES

  1. Je voudrai juste finir mon prpopos au sujet du bradage de notre richesse nationale. Permet moi de vous dire que nous sommes tous responsables de ce gachis car nous l’avons pas denoncé avec insistance. Je voudrai bien m’associer à votre initiative pour vous soutenir et apporter ma contribution .

    Merci de lancer le débat.

  2. Le Groupe JOKO ni MAAYA cherchera à mobiliser la société civile africaine pour faire changer la structure du capital afin de faire de l’or une source de richesse partagée dans la stabilité, la paix et la sécurité. Le Transition et le Mali fera émerger le Mali comme une puissance économique à partir des 9 mines.
    Restez à l’écoute pour agir ensemble.
    Abdoulaye Niang, Vice-Président JOKO ni MAAYA

    • Bonjour Mr NIANG:

      Je suis souvent vos interventions sur Radio Kledu, je partage vos idées lumineuses mais je constate malheureusement que sur ce sujet nous avons pris énormement de retard pour profiter de cette mane financière. Depuis déjà quatre à cinq ans le cours de l’or se trouve au plus haut niveau.
      Cette question de l’or malien a été un bra

    • Un très bon article qui est et qui restera d’actualité au Mali.
      Les maliens doivent se mobiliser afin d’accroitre la part de l’Etat dans les mines exploitées par les multinationales! Le partage est inégal et honteux! Voilà une nouvelle forme d’esclavage qui ne dit pas son nom!

      Le Mali est 3ème producteur d’or en Afrique. Le cours de l’or ne cesse de flamber. Mais malheureusement les populations riveraines s’appauvrissent davantage! Le Mali peut et doit instaurer un taux d’impôt sur les sociétés spécifiques aux sociétés minières (génératrice de pollution de nappes phréatiques, et de problèmes environnementaux…) d’au moins 40% pour financer les investissements en infrastructure du pays. D’ailleurs, pourquoi le Haut Conseil Islamique, Oumar Mariko, Aminata Daouda Traoré, les partis politiques, les organisations syndicales et civiles, etc. ne mobilisent pas les maliens sur ce sujet. Halte à cette nouvelle forme d’esclavage!

      Le Ghana, (2 ème producteur d’or en Afrique) dans son budget de 2012, vient de faire passer l’impôt sur les sociétés des compagnies minières de 25 pour cent à 35 pour cent.

      Abdoulaye Niang, Vice-Président JOKO ni MAAYA. Votre mouvement mérite le soutien de tous les maliens. Continuez votre noble combat pour l’intérêt de notre beau pays: le Mali.

  3. Au profit des brigands de la République. Aucun contrôle sur les quantités obtenues, rien que du flou sur les rentrées fiscales. C’est un vrai fiasco. Protection de l’environnement=0. Après l’exploitation, aucune alternative de développement. Avec la complicité de nos dirigeants, les minières font sortir l’or sans aucun contrôle. L’exploitation de l’or est une malédiction pour les maliens, puisque nous en souffrons.

  4. Je crois que c”était en 2005 où plus, que j’ai lu un interview de att dans le magazine maghrébo tunisien, jeune afrique, qui fait plus dans le mensonge que dans l’information. Il disait dedans, si je me souviens bien, que le Mali ne beneficiait que 19% de l’exploitation de l’or du Mali.

    Les dirigeants africains francofous sont les plus minables de l’histoire de l’humanité…

    quand au titre de ct article:
    la réponse est simple l’or profite aux politiciens corrompus par les sociétés occidentales corrupteurs!!!!!!!!!!!!

    Le peuple peut mourrir!!!!!!!!!!!

  5. toutes ces societes minieres se trouvent a kayes et a sikasso alors que la flagrante majoritee de la jeunesse kayesienne penser a emmigres jusqu a leur ou je vous parle du fait de la pauvriette ma region de naissance sans oublier la jeunesse sikassoise qui ne pensent a partir en cote d ivoire ;en un seul mot les societes minieres existent pour les investisseurs et notre ETAT VOLEUR et les separatistes ont raison de s enpprendre a l etat car le petrole ca sera parreil.NOUS LES KAYIENS DU DIASPORA JOUENT UN DOUBLE ROLE DANS L ECONOMIE DE NOTRE PAYS:notre region est abusivement exploite dans ces ressources naturrelles et nous envoyons plus de 37 millirads de fcfa pour le maintien de nos familles, investissons dans la sante(centre de sante communautaire,la constructions des classes,le don des ambulances)NOTRE DOIT ET DEVRA CHANGER.

  6. J’espère que cette révélation provoquera un soupçon d’éveil pour l’ensemble des politiques MALIENS à apprendre à gérer cette possession.L’or est éternel,mais pas inépuisable;donc leur rôle est d’en faire profiter le PEUPLE MALIEN au lieu de se laisser corrompre.VIVE LE MALI uni.

  7. Très bon article qui permet au moins aux maliens de savoir la réalité de choses. Seuls manquent des chiffres pour ettayer votre argumentaire.

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