Cette initiative fait office de police et garantit la communication au grand public du montant et des détails des recettes générées par les industries minières.
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rnL”or ne nourrit pas son homme. L”Association malienne des droits de l”homme (AMDH) au cours d”une conférence de presse s”était insurgée contre "le flou qui entoure la gestion de l”or malien par les autorités gouvernementales". Selon l”organisation de défense des droits de l”homme, "le Mali ne récolte que la poussière de son or".
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rnDerrière cette prise de position transparaît une réalité que même la mise au point énergique de l”ancien ministre des Mines et de l”Énergie et de l”Eau, Ahmed Diane Séméga, n”avait pu occulter : les Maliens ont le sentiment que l”exploitation de l”or a peu d”impact sur leur quotidien. L”or est-il bénéfique pour l”économie nationale ? Qu”en tire notre pays ? Quel impact a-t-il sur les conditions de vie des populations ? Voilà une série de questions qui reviennent sans cesse à l”esprit du commun des Maliens comme Mamadou. Ce chauffeur de taxi ne cache pas sa déception : "nous vivons dans un monde de duperie. On nous ressasse les tympans en affirmant à coup de publicité que notre pays est l”un des plus grands producteurs d”or d”Afrique. A qui donc profite cet or ?. Notre quotidien ne s”est pas amélioré d”un iota. Au contraire la vie est de plus en plus dure dans ce pays", se plaint-il.
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rnUNE CAISSE SPÉCIFIQUE.
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rnNos compatriotes sont probablement nombreux à penser comme ce chauffeur de taxi car ils ignorent pour la plupart que les industries minières contribuent notablement à l”économie nationale. Lassana Guindo, ingénieur géologue et chef de la division des mines à la DNGM, confirme les mines sont d”un apport important dans l”économie nationale. Chaque année, environ 80 milliards de Fcfa sont versés par les six grandes mines au trésor public en terme de taxes. Outre cette manne financière, les mines pourvoient à l”économie nationale avec plus de 95 milliards de Fcfa au titre des salaires, des commissions d”intermédiaires, des fournitures et prestations de services, énumère Lassana Guindo.
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rnDans la région de Kayes, qui abrite un pôle important d”industries minières avec Sadiola, Loulo et Tabakoto, les investissements atteignent aujourd”hui 17 milliards de Fcfa dans les projets de développement communautaire.
rnA Sikasso, les industries minières investissent chaque année plus d”un milliard de Fcfa dans le développement de la région. Il est vrai que ces importants investissements ne bouleversent pas le quotidien des populations à cause de l”unicité du trésor public. C”est pourquoi notre interlocuteur préconise la création d”une caisse spécifique destinée à recevoir la contribution des industries extractives. L”opinion sera alors fixée concrètement sur la question.
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rnPour effacer la désagréable impression actuelle, les recettes minières doivent être lisibles et accessibles au grand public. Notre pays a, par conséquent, décidé d”adopter les Initiatives pour la transparence des industries extractives (ITIE). Cette nouvelle politique de gestion transparente des ressources minières est une initiative datant de septembre 2002 de l”ancien Premier ministre britannique Tony Blair. L”ITIE, explique Sidi Mohamed Zouboye, chargé de la mise en œuvre de cette politique, est une coalition tripartite : gouvernement-entreprise-société civile. Cette formule permet d”asseoir la confiance entre les différentes parties prenantes et de diffuser régulièrement des informations sur l”utilisation des recettes générées par les mines.
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rnComment fonctionne le système ? Les paiements matériels versés par les entreprises aux gouvernements au titre de l”exploitation pétrolière, gazière et minière et toutes les recettes matérielles reçues par les autorités des entreprises sont publiés et diffusés régulièrement au grand public sous une forme accessible, complète et compréhensible. Lorsque de tels audits n”existent pas, un audit indépendant est mis à contribution. Les paiements et recettes sont alors rapprochés conformément aux normes internationales en matière d”audit, par un administrateur indépendant qui publie son opinion sur ce rapprochement de comptes et sur d”éventuelles discordances.
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rnPAS D”OUTIL DE PRESSION.
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rnCette démarche s”étend à l”ensemble des entreprises, y compris celles d”État. La société civile participe activement à la conception, au suivi et à l”évaluation de ce processus et apporte sa contribution au débat public. Le gouvernement, quant à lui, élabore un plan de travail public, financièrement viable, relatif aux éléments ci-dessus, avec le concours des institutions financières internationales.
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rnDans de nombreux pays, les recettes provenant de la production pétrolière, gazière ou minière engendrent paradoxalement l”extrême pauvreté, des conflits et la corruption des gouvernants. C”est ce qu”on appelle couramment "la malédiction des ressources naturelles" qui tient souvent d”un manque de transparence et du non respect de l”obligation de rendre des comptes sur les paiements que les entreprises font au gouvernement et sur les recettes que les gouvernements reçoivent de ces mêmes entreprises. L”ITIE vise à combler cette lacune, explique Sidi Mohamed Zouboye.
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rn"L”adhésion de notre pays à l”ITIE contribuera à accroître la confiance de l”opinion nationale et internationale en la gestion des affaires publiques dans notre pays. C”est une sorte de police qui permettra de faire le point des recettes générées par les industries minières", explique Sidi Mohamed Zouboye, tout en précisant que l”ITIE ne constitue pas en soi un outil de pression des institutions financières. Aujourd”hui, environ 24 pays de par le monde l”ont adoptée. Notre pays est le cinquième en Afrique à adhérer à l”initiative, après le Ghana, le Congo, le Nigeria et Sao Tomé et Principe.
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rnNotre pays, a rempli les quatre conditionnalités nécessaires à l”adhésion de l”ITIE : une déclaration solennelle d”adhésion suivie d”un atelier de lancement officiel qui s”est tenu les 19 et 20 février dernier ; la mise en place très prochaine du conseil de supervision et du comité de pilotage. L”heure est maintenant à l”opérationnalisation de ces deux organes pour donner vie à l”ITIE dans notre pays qui s”est engagé, ces dernières années, dans un vaste programme de bonne gouvernance et de saine gestion des deniers publics. Cette volonté politique a valu au Mali d”être traité en bon élève par les institutions de Bretton Woods et d”être élu au Millenium challenge account.
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rnL. DIARRA
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