Encadrement de l’orpaillage : Une noble ambition de la Chambre des Mines

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Comment mieux encadrer l’orpaillage afin qu’il contribue au développement socio-économique du pays ? C’est l’une des questions fondamentales qui étaient à l’ordre du jour du premier Forum national sur l’orpaillage. Une lancinante question à laquelle la Chambre des Mines du Mali (Cmm) a déjà réfléchi et propose une solution sous forme de programme. Cette initiative, selon le président Abdoulaye Pona de la Cmm, découle de plusieurs constats.

 

En effet, l’orpaillage est une activité qui échappe de plus en plus au contrôle de l’Etat. Ce qui fait qu’elle est de nos jours source d’un certain nombre de problèmes. Il s’agit, entre autres, de l’envahissement des permis miniers des particuliers et des sociétés ; la destruction de l’environnement (galeries, déboisement, utilisation non maîtrisée de produits chimiques nocifs comme le mercure et le cyanure) et l’émergence d’activités illicites sur les sites (prostitution et trafic de stupéfiants).

 

«C’est en vue de remédier à ces problèmes et d’anticiper leurs conséquences que la Chambre des Mines du Mali a pensé et élaboré un programme. Il vise à permettre l’émergence d’une nouvelle génération d’exploitants artisanaux d’or au Mali», défend M. Pona, dans une communication présentée au cours du Forum national. Cette initiative découle donc de la volonté d’organiser, de former et d’équiper les exploitants artisanaux d’or du Mali.

Le processus d’organisation prévoit, de prime à bord, de structurer les orpailleurs en sociétés coopératives. Et cela, parce que la forme «Société Coopérative» est reconnue dans le monde entier pour être à «même d’aider les groupes de personnes à faibles revenus à se développer dans l’union et la solidarité». Chaque société coopérative de base sera constituée par cent adhérents au maximum. Et chaque Union sera constituée de dix coopératives de base. Et, naturellement, la Fédération réunira l’ensemble des Unions des sociétés coopératives créées dans le secteur.

 

Au finish, ce programme mettra en place 900 sociétés coopératives de base, 90 unions de sociétés coopératives qui compteront 90 000 adhérents, soit 9 % de l’effectif actuel estimé des orpailleurs au Mali. «Après la création des coopératives, il sera procédé à la délimitation des couloirs d’orpaillage sur lesquels les Unions de sociétés coopératives seront installées pour mener leurs activités», assure le président de la Cmm.

 

Ensuite, suivra la dotation des Unions en équipements fournis dans le cadre de l’accompagnement des orpailleurs. Les équipements prévus pour le programme sont des outils d’exploitation artisanale mécanisée et ajustés à chaque couloir, coopérative, type de sol et besoin du site. «Il reste entendu que le programme dans sa pratique ne supprimera pas la valeur cardinale traditionnelle de l’orpaillage, malgré la présence des équipements mécanisés, c’est-à-dire le travail manuel des orpailleurs», assure Abdoulaye Pona dans sa présentation.

 

De même, chaque Union de sociétés coopératives sera dotée de ressources humaines requises (ingénieur, géologue, technicien supérieur en géologie, administrateur, gestionnaire, agent de santé, mécanicien formé pour l’entretien et éventuellement la réparation des équipements et chauffeur pour les liaisons) pour bien mener ses activités.

 

Pour la mise en œuvre de ce programme, la Chambre des mines est soutenue par la Société Swiss Bullion Company (SBC) et la coopération Suisse à travers la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) pour la région de Sikasso qui est la zone de concentration de son intervention au Mali. Pour la Cmm, la mise en œuvre de ce programme sera d’un grand apport pour le développement du pays.

 

À noter que, selon la Chambre des mines, la population actuelle des orpailleurs est estimée dans les trois régions minières actives du Mali (Kayes, Koulikoro et Sikasso) à plus d’un million de personnes. La production artisanale d’or dans ces trois régions est évaluée à environ 10 tonnes.

 

Moussa BOLLY

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