Dans notre avant-dernière parution, nous évoquions le bras de fer qui oppose la population de Djidjan à la société SOMILO, propriété du géant Rangold Ressources, au sujet des tuyaux de cyanure qui traversent le village. Ce bras de fer est en train de prendre une nouvelle tournure.
Il faut rappeler que dans le cadre du traitement des minerais, certains produits très mortels comme le cyanure et le plomb sont utilisés dans les mines. À la fin de la chaîne de traitement, ces produits passent par un tuyau vers un déversoir final. À Djidjan-Loulo, les tuyaux par lesquels passent les produits toxiques, traversent le village à travers un canal. Face au manque de système d’adduction d’eau potable, les habitants et les animaux n’ont, pour leurs besoins, recours qu’à l’eau de la seule rivière qui traverse le village. Les enfants risquent leur vie tous les jours en jouant dans le canal qui loge les tuyaux. En vue de prévenir toute extermination du village en cas de perforation des tuyaux, les populations de Djidjan-Loulo, à plusieurs occasions, avaient tiré la sonnette d’alarme en sollicitant le retrait des tuyaux. Ces demandes sont restées infructueuses et les choses s’annoncent encore difficiles.
En effet, la SOMILO vient d’annoncer le vendredi 21 novembre son souhait de remplacer les tuyaux de cyanure. Au cours de la prière du vendredi, après la prière et au titre des divers, le crieur public a annoncé au nom des notabilités, que la direction de la SOMILO a décidé de remplacer les tuyaux. Cette nouvelle a provoqué colère et inquiétude des populations. Colère pour la simple raison qu’elles espéraient le retrait de ces tuyaux, chose qui, semble-t-il, ne se fera pas. Inquiétude, car les tuyaux transportent du cyanure, un produit dangereux. Pendant, leur remplacement, ils peuvent péter et le cyanure peut se déverser. Surtout que la garantie que le travail se fera sans fuite du cyanure, n’a pas été donnée.
Pour l’instant, les populations de Djidjan comptent sur les autorités pour empêcher la SOMILO dans ce qu’elles considèrent comme une destruction programmée de leur environnement. Les populations jurent de mettre tout en œuvre pour l’empêcher, car elles restent convaincues qu’après l’épuisement de leur sous-sol, SOMILO pliera bagage pour donner dos à un environnement pollué.
Pachi
Source: L’Oeil du Mali