Décryptage : L’or à 35 000 Fcfa le gramme et les Maliens continuent de trinquer

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Malgré la covid-19, les cours de l’or n’ont cessé de grimper. Est-ce à cause du fait que le métal jaune est considéré comme une valeur refuge ?  Toujours est-il que, de sources bien informées, l’or s’échange sur le marché international à 35 000 Fcfa le gramme. Le Mali qui est le troisième producteur du métal jaune en Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana devrait largement profiter de cette situation. Malheureusement, les Maliens continuent, comme par le passé, de tirer le diable par la queue.

L’Etat ne possède qu’à Loulo des actions des sociétés créées pour l’exploitation de son or. Ainsi en ont voulu les grandes firmes qui opèrent sur son territoire. Une situation moins grave (les firmes apportent les capitaux et la technologie) à côté du fait que l’Etat malien n’a aucun contrôle sur l’exploitation de son or. Les sociétés déclarent ce qu’elles veulent. Et la plupart du temps ce qu’elles déclarent est largement en deçà de ce qu’elles produisent réellement.

Le Mali n’est pas un cas isolé. Au cas où elles n’échappent pas au contrôle, elles achètent le silence des cadres nationaux par des salaires et autres pratiques corruptrices. Le seul pays qui échappe à leur loi en Afrique est la Tanzanie. Au pays de Julius Nyéréré, à coté de chaque cadre expatrié, est placé un Tanzanien, son ange gardien. Il faut dire qu’au pays de la Ujamaa, la corruption a été réduite à son plus simple dénominateur.

La preuve, la Tanzanie a occupé la première position dans le classement 2019 de l’Ong Transparency International en Afrique. Autrement dit, la Tanzanie est le pays le moins corrompu d’Afrique. Dans le même classement, le Mali occupe le 40e rang et la Côte d’Ivoire le 8e rang.

Le Mali a de l’or sur tout son territoire, principalement dans les provinces aurifères du sud, du centre et de l’ouest. De l’or, il y en a même à Kidal. L’histoire de l’or au Mali n’a pas commencé aujourd’hui. Que l’on se souvienne du fameux pèlerinage de Kankou Moussa à la Mecque en 1324 au cours duquel le souverain du Mandé a distribué tellement d’or que lors de son escale en Egypte les cours du métal jaune se sont effondrés à l’époque dans le monde. A son retour, il édifia les mosquées et les médersas dont la célèbre mosquée de Djingareybère à Tombouctou. Cette mosquée de 3000 places est la plus grande, comme son nom l’indique, de la cité des 333 saints.

Evaluée à l’époque à 200 milliards de dollars, la fortune personnelle de Kankou Moussa n’a pas été encore dépassée à ce jour. C’est l’homme le plus riche de tous les temps. C’est sur l’or que reposait cette fortune impériale. C’est cette même histoire d’or qui continue aujourd’hui au Mali, des siècles après.

Cette histoire d’or, malheureusement, n’a pas profité aux Maliens. Le budget du pays dépasse péniblement les 4 milliards de dollars. Le chômage des jeunes, l’analphabétisme, la pauvreté, les maladies sont monnaie courante. Tout est fait pour que le pays ne s’en sorte, malgré sa fabuleuse potentialité en or et d’autres ressources naturelles. La raffinerie d’or de Kankou Moussa qui devait aider le pays à valoriser sa ressource aurifère est un projet resté dans les langues de Mathusalem.

Selon les statistiques officielles, la production industrielle est passée de 50 à 60 tonnes d’or en 2019. Mais selon des ingénieurs géologues maliens, cette production est largement sous-estimée. Le Mali pourrait même dépasser la production du Ghana. Les nouvelles autorités seraient bien inspirées d’assainir ce secteur stratégique avec en ligne de mire la création de milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois.                          

 Boubacar Sidibé Junior

 

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