La conférence de presse tenue par le Collectif des professionnels du secteur minier samedi dernier dans la matinée, dans un restaurant de la place, sonne comme un cri de révolte face à une injustice et une illégalité qui semblent bénéficier du silence complice des autorités, plus précisément de l’omerta de l’actuel ministre des Mines, camarade de parti (Adema-Pasj) du très contesté Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali en fin de mandat et objet de toutes les récriminations.
En effet, l’on ne peut comprendre, selon le Collectif, que pour moins que cela, un Collège transitoire a été installé à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, alors que pour la Chambre des mines du Mali qui sombre dans l’abîme, l’illégalité et l’injustice persistent.
” La Chambre des mines du Mali vit des moments particulièrement difficiles résultant d’une gestion opaque. La manipulation délictuelle des ressources financières de la Chambre et autres manquements sont clairement dénoncés par le rapport de contrôle de l’Inspection des finances. Elle est dirigée par une équipe professionnelle à la compétence approximative par conséquent contestable. Les décisions de son directoire n’obéissent à aucune exigence de transparence. Un vaste système de racket pour recueillir frauduleusement des fonds auprès des orpailleurs sur toute l’étendue du Mali est mis en place au vu et au su de tout le monde. Ainsi, des cartes de drague (autorisation pour exploiter de l’or dans le lit des cours d’eau) sont illégalement vendues sur la place publique à des coûts scandaleux “.
De tels griefs formulés par le Collectif restent graves et méritent que les autorités publiques de ce pays se penchent sur le cas de la Chambre des mines dont l’Assemblée consulaire forte de 240 membres ” qui aurait dû se réunir un minimum de seize fois en quatre ans pour débattre de la bonne marche de l’institution, ne s’est réunie qu’une seule fois “ selon le Collectif.
Pourtant, le mandat de l’actuel bureau présidé par Abdoulaye Pona est fini depuis le mois de février dernier, avant d’être prolongé de six mois sur la base d’un Décret de mars 2016, finalement annulé par la Cour suprême suite à un recours formulé par Abdoulaye Pona.
C’est parce qu’au niveau de la Chambre des mines on ne parvient pas à organiser d’élections à cause de la non tenue du registre des membres sur la base duquel doit être élaboré le fichier électoral. Alors que la tenue de ce registre, selon le Collectif, incombe à l’actuel bureau présidé par Abdoulaye Pona. La faute leur est clairement imputable dans ces conditions. Peut-on alors se prévaloir de sa propre turpitude? Se demande-t-on du côté du Collectif.
Par ailleurs, Abdoulaye Pona a engagé un bras de fer avec le Gouvernement, notamment pour contester les réformes entreprises au niveau de l’organisation et du fonctionnement de la Chambre des mines du Mali. Ce qui l’a amené à formuler des recours, respectivement contre l’Arrêté n° 2015-4203/MM-SG, du 27 novembre 2015, convoquant le Collège électoral, le Décret n°2016-112/P-RM du 2 mars 2016 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Chambre des mines du Mali (portant les réformes contestées par Pona dont notamment l’installation d’un Collège transitoire à la fin de la prorogation de son mandat de six mois en cas de non tenue d’élections, ce qui est le cas actuellement) et enfin l’arrêté pris sur la base de ce décret pour convoquer de nouveau le Collège électoral.
A vrai dire, la Chambre des mines du Mali est actuellement dans une impasse et à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Le Collectif des professionnels du secteur minier n’en réclame pas plus ni moins. Il veut tout simplement que le Gouvernement prenne ses responsabilités, notamment en mettant en application ce qui a été retenu lors de la deuxième rencontre entre le Collectif et le Ministère des mines, à savoir : si rien n’était réglé après la prorogation de six mois du mandat du président, faire en sorte que tous les acteurs se retrouvent au niveau de la Chambre des mines pour relancer ensemble la machine grippée. Ce qui veut dire, en clair, l’installation d’une structure transitoire composée de membres des deux tendances opposées. Ce que refuse Pona et les autorités publiques gardent un silence à la limite de la complicité, pendant que les Partenaires techniques et financiers du Mali et tous les grands acteurs du secteur minier restent gênés par cette situation. Jusqu’à quand devra donc durer cette crise qui paralyse le fonctionnement de la Chambre des mines plongée dans une impasse ? La réponse reste suspendue à la décision du Gouvernement.
A.B.NIANG