En flagrante violation des textes, le ministre de Mines s’est allègrement arrogé des missions de la Chambre des Mines en imposant une carte d’accès aux sites d’orpaillage gérée directement par son Département
Un ministre qui a du mépris pour une institution consulaire relevant de son département n’est pas appelé à rester ministre. L’attitude du ministre des Mines, Pr Tiémoko Sangaré en dit plus. Au sortir des états généraux des secteurs miniers et pétroliers et pendant que l’heure est à la bonne organisation de l’orpaillage, le ministre décide de faire fi de la Chambre des mines du Mali (CMM) qui a la mission, conformément à la Loi N° 04-006 du 04 janvier 2004, d’organiser et représenter les personnes physiques et morales exerçant dans les différentes branches professionnelles d’activités des mines. Les récentes mesures envisagées par le département sont loin d’être des mesures de réglementation des activités d’orpaillage au Mali, mais plutôt de création de troubles.
En effet, c’est à la grande surprise de la CMM, l’organe représentant les orpailleurs que le ministre, Pr. Tiémoko Sangaré, a institué directement à son département des cartes d’accès à l’orpaillage dites « cartes officielles d’orpailleurs » cédées pour la somme de 10 000Fcfa par orpailleur. Ainsi, différents registres (recensement, production et vente) sont mis en œuvre en plus des cartes d’accès aux sites d’orpaillage sur toute l’étendue du territoire national. Et ce, en connivence avec une « Fédération nationale des orpailleurs » créée de toutes pièces, en complicité avec un certain Seydou Keita, lequel, selon les orpailleurs eux-mêmes, ne représente rien.
La mesure est loin de faire l’unanimité. La correspondance relative à l’inquiétude du président de la chambre des mines M. Abdoulaye Pona, adressée au ministre l’exhortant à surseoir à la confection éventuelle de registres de cartes d’orpailleurs n’a pas passé comme une lettre à la poste. Les orpailleurs, quant à eux sont très remontés contre la mesure impopulaire du ministre et si rien n’est fait, une situation insurrectionnelle est à craindre sur les sites d’orpaillage. La décision est non seulement considérée au niveau de la Chambre des mines comme une violation des textes et une immixtion dans les missions de la CMM, mais une imposition arbitraire chez les orpailleurs.
La mesure envisage la confection de 70 000 cartes en raison de 10 000F CFA l’unité, pour une somme totale de quelques 700 millions de nos francs. Cette disposition, à l’encontre de la Chambre des mines, est unique dans toutes les organisations consulaires du Mali. L’on est en droit de se poser la question de savoir ce que veut réellement le ministre Tiemoko Sangaré en empiétant sur les missions essentiellement dévolues à la CMM et en agissant sans consulter les acteurs même du secteur.
Rappelons que l’orpaillage au Mali produit 3 à 4 tonnes d’or par an, soit 4 000 kg, malgré le caractère informel de ce secteur. L’un des objectifs prioritaires de la Chambre des mines est aujourd’hui d’exécuter sa feuille de route qui constitue une solution pratique et définitive à tous les problèmes et liée à l’orpaillage au Mali.
Daniel KOURIBA