La Chambre des Mines du Mali (CMM) est en dépassement de mandat depuis 5 ans. Les conditions d’élections consulaires n’étant pas matériellement réunies, la mise en place d’un Collège transitoire s’impose. Une mesure qui permettra à cette importante structure d’éviter la gabegie et le vol de son président Abdoulaye Pona.
L’actuel bureau de la Chambre des Mines du Mali (CMM), fort de 7 membres, est le tout nouveau depuis sa création. Dirigé par Abdoulaye Pona, il est aux commandes depuis février 2011, à la suite d’élections consulaires controversées dont Amadou Djigué était sorti vainqueur. C’est devant les tribunaux que le contentieux a pris fin avec la remise en selle de M. Pona sur tapis vert.
Doté d’un mandat de 5 ans, l’actuel bureau est en totale illégalité, car il a dépassé toutes les limites dévolues à la durée de sa mandature. Une occasion que l’Etat peut saisir pour mettre en place un Collège transitoire. Il suffit juste d’une volonté politique de s’assumer de la part du ministère des Mines et du Pétrole.
Le maintien du présent organe dirigeant dans des conditions qui jurent d’avec la légalité est dû au départ, aux difficultés de relecture des textes régissant le secteur (sociétés minières, exploitants de matériaux de construction, etc.) pour les élections consulaires. Dans le temps, une tentative de relecture a été étouffée dans l’œuf par le puissant Pona et son secrétaire général, sous le magistère de Tiémoko Sangaré, à l’époque ministre des Mines. Ce qui a fait capoter l’élaboration d’un registre des membres (électeurs).
Un registre a été mis en place plus tard en 2012 par arrêté du ministre des Mines. Ce document électif devrait permettre à tous les acteurs du secteur de s’inscrire pour servir de base aux élections à l’Assemblée consulaire de la CMM.
Depuis l’élaboration de ce registre, des membres consulaires comme les exploitants de dragues et sociétés minières se sont inscrits. Toutefois, la majorité d’entre les plus grandes sociétés minières rechignent à présent de s’inscrire. Elles remettent en cause la gestion de Pona. Elles disent ne pas se reconnaître dans la gestion calamiteuse de leur président. La preuve en est qu’en plus des patentes payées annuellement dont la somme estimée à plus de 900 millions de F CFA est détournée, l’argent versé par les sociétés minières au titre de frais d’inscription sur le registre électoral a connu le même sort, un véritable fiasco financier.
Retarder la relecture des textes et le processus électoral pour se maintenir
Dans cette pagaille sciemment entretenue par Pona pour se maintenir, Dr. Boubou Cissé alors ministre des Mines et du Pétrole, avait auparavant initié une relecture des textes de la CMM. L’objectif était de créer les conditions d’une meilleure implication de l’ensemble des sociétés minières. M. Pona a crié sur tous les toits évoquant un soi-disant nationalisme qui ne visait autre chose que la défense de ses propres intérêts.
Pour empêcher la relecture des textes mis en chantier en 2015 par Boubou Cissé, Abdoulaye Pona n’a trouvé mieux que de se pourvoir en justice. Il a gagné à la fin de la procédure devant la Cour suprême présidée … par Nouhoun Tapily. Après Boubou, un projet de loi a été tenté par Tiémoko Sangaré. Celui-ci a été aussi bloqué à l’Assemblée nationale par les réseaux activés par Pona.
L’absence de textes qui est synonyme du maintien de l’actuelle équipe ne fait que l’Affaire de Pona et compagnie. Sa stratégie consiste à retarder la relecture des textes et le processus électoral autant qu’il pourra pour se maintenir et s’adonner à la gabegie, son sport favori.
Au vu de tout le blocage créé par le président de la CMM pour se maintenir, le ministre des Mines et du Pétrole ou son successeur doit sonner la fin de la recréation en nommant un Collège transitoire comme cela a été le cas à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (Ccim) dans un passé récent. Il revient au plus vite à la tutelle de s’assumer. Une priorité.
La Chambre de Mines du Mali (CMM) a été créée sous la loi n° 04-006 du 14 janvier 2014. Elle est la faîtière des opérateurs miniers de notre pays. Elle regroupe les sociétés minières et les entités qui évoluent dans l’orpaillage traditionnel. Ses ressources proviennent essentiellement des patentes additionnelles payées par ses adhérents auquel l’Etat a gentiment renoncé. Ce pactole qui a évolué de 600 à 965 millions de F CFA doit normalement être injecté dans l’organisation et l’encadrement des acteurs que sont les artisans (orpailleurs).
Ces ressources ci-dessus mentionnées ne sont jamais investies dans les activités auxquelles elles sont destinées. Elles partent dans les poches du président de la CMM, Abdoulaye Pona et de ses protégés.
Les deniers publics de la CMM sont malicieusement siphonnés sous formes de primes, d’achats de billets d’avions, frais de missions, d’achats de véhicules et pour des … éléphants blancs !
Abdrahamane Dicko