Après la mort de ruminants et l’infiltration dans la nappe phréatique de produits dangereux aux abords de la mine d’uranium :La population de Faléa (Kita) craint une catastrophe écologique

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Faléa est une commune rurale située à l’ouest du Mali, précisément entre les frontières de la Guinée et du Sénégal et est aujourd’hui le théâtre d’une intense exploration minière. Selon les données récentes, elle recèle un important potentiel d’uranium avec une estimation de 5000 tonnes dans le bassin Mali – Sénégal – nord – Guinée couvrant 150 km2. L’insalubrité et les nuisances causées par la base opérationnelle de Rock Gate dans les champs, les morts successives et suspectes de  ruminants aux abords des points de carottage dans la zone de prospection, les risques d’infiltration dans la nappe phréatique des produits dangereux  sont autant de facteurs lourds de conséquences qui inquiètent la population, laquelle, à travers diverses activités, invitent les plus hautes autorités à prendre des mesures d’urgence avant qu’il ne soit trop tard. Son exploitation devant commencer d’ici à trois ans.

L’association des ressortissants et amis de la commune de Faléa multiplie les initiatives et entreprend un lobbying à l’endroit des pouvoirs publics et des organisations et associations de la société civile pour que le cas de la commune de Faléa regorgeant d’immenses potentialités minières soit débattu au plus haut niveau.

Au nombre des ressources à exploiter, figure en bonne place, la bauxite. Les travaux de la société CAMEC ont permis d’évaluer à Sitadina dans la commune de Faléa, plus de 420 millions de tonnes de bauxite. La société projette de construire une usine qui produirait par an 3 millions de tonnes d’Alumine (composante de la Bauxite) à partir de 2015. Ce qui ferait du Mali le premier producteur en Afrique de l’ouest devant la Guinée qui produit environ 750 000 tonnes par an.

Pour assurer son approvisionnement en électricité, la société va construire une centrale  électrique de 80 MW fonctionnant au charbon dont le ravitaillement se fera par le retour du train minéralier que Mita – Arcelor mettra en place afin d’évacuer le minerai de fer du Sénégal oriental. Le coût total des investissements s’élève à plus de 3,5 milliards de dollars Us.

Cependant, en 2007 c’est la société Delta Exploration intégrée en 2009 à Rock Gate Capital, une autre société canadienne, qui obtient  un permis d’exploration et d’exploitation des ressources de la commune rurale de Faléa.

C’est fort de cette situation que la population a cru bon de prendre les devants en exprimant de nombreuses inquiétudes par rapport à cette future exploitation de l’uranium. La transparence qui doit être le critère fondamental sur la base duquel les sociétés doivent opérer n’est pas une réalité. L’accès aux documents officiels s’est avéré très difficile.

L’étude d’impact environnemental n’est toujours pas réalisée et la population dit n’avoir pas reçu d’information concernant l’échéancier de l’étude. Alors que le code minier du Mali stipule que les sociétés minières doivent produire une étude d’impact sur l’environnement pour obtenir un permis d’exploitation comprenant l’identification, la description et l’évaluation des effets des projets sur l’homme, la flore, le sol, l’eau, l’air, le climat, le patrimoine culturel.

L’insalubrité et les nuisances causées par la base opérationnelle de Rock Gate dans le champs d’un paysan et les morts successives et suspectes de quatre vaches en gestation appartenant à une famille d’agriculteurs aux abords des points de carottage situés dans la zone de prospection, les risques d’infiltration dans la nappe phréatique des produits dangereux utilisés par la société Rock Gate ainsi que l’accessibilité pour le moins incompréhensible des trous de carottage aux animaux, lesquels ne sont ni protégés ni étanchéifiés, sont autant de facteurs qui confirment les craintes de la population. L’association des ressortissants de la commune rurale de Faléa qui a depuis multiplié les initiatives, tambour battant, ne manque aucune sortie pour sonner l’alerte. Le porte-parole de l’association, notre confrère Nouhoum Kéïta, nous indiquera que l’association s’attèlera à jouer un rôle de veilleur, de sentinelle et à rechercher et diffuser sur une base indépendante, l’information à tous ceux qui sont concernés ou intéressés, les ONG, la population et même l’Etat malien. Comme elle a pu le démontrer lors du forum social mondial de Dakar.

Son objectif est de mobiliser les synergies autour de cette question centrale.

Abdoulaye DIARRA

 

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