Abdoulaye Pona président de la Chambre des mines du Mali :«Nous entendons, d’abord, prendre des dispositions à l’endroit de nos adhérents particulièrement ceux du secteur informel»

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Après sa prise de fonction à la tête de la chambre des mines, le 24 février 2011, le président du Groupe UNOMIN Abdoulaye Pona a accordé un entretien exclusif à votre journal. Faut-il rappeler que M. Pona a été élu à l’issue d’âpres batailles judiciaires qui ont abouti à la reprise des élections. Sa nouvelle vision pour les mines du Mali, la protection des investisseurs du secteur, l’entente entre les différents acteurs et tant d’autres sujets importants sont évoqués dans cet entretien.

Ciwara Infos : Quelles impressions avez-vous après votre prise de fonction?

Abdioulye Pona : Merci bien, je croix que j’ai été élu le 24 février dernier. Je ne suis pas encore pleinement rentré dans mes fonctions. Ma première impression est une totale satisfaction, malgré que nous ayons mis deux ans pour faire éclater la vérité.

Quelles sont vos grandes lignes?

AP : Il faut d’abord considérer cette chambre des mines comme consensuelle pour les acteurs, aussi bien nationaux qu’étrangers qui évoluent dans l’activité minière. Dans cette perspective, nous entendons, d’abord, prendre des dispositions à l’endroit de nos adhérents particulièrement ceux du secteur informel qui couvre un grand nombre des acteurs à savoir l’orpaillage, l’extraction de sable et de gravier, la taille de pierre etc. Ces activités ne sont pas à négliger car, aujourd’hui, vous conviendrez avec moi, on ne peut pas construire même une case sans des briques. Et pour faire des briques, il faut utiliser absolument certaines matières comme le sable, le gravier, le ciment etc.

Les acteurs qui nous fournissent ces matériaux sont laissés pour compte, depuis longtemps. Ils vivent dans une situation purement informelle. Donc notre rôle est de faire en sorte qu’ils puissent être reconnus comme des acteurs qui apportent également leur pierre à l’édification du pays. Quant aux orpailleurs (production artisanale de l’or), ils constituent un véritable manque à gagner pour l’État et réellement, il faut le dire, l’État n’est pas tellement conscient de cela. Il ne comptabilise que la production industrielle alors que la production artisanale est aussi importante. Donc si l’État parvient à encadrer cette production artisanale, c’est sûr, lui aussi bien que les producteurs en tireront tous des avantages.

Ainsi, la chambre des mines a comme mission aussi de faire en sorte que ce secteur puisse être encadré, afin d’améliorer leurs productions pour leur intérêt et celui de l’État. Nous allons nous intéresser également aux textes législatifs et réglementaires régissant notre secteur. Vous savez, notre pays est considéré comme un cadre idéal d’investissement. Parce que nous nous offrons des bonnes conditions et nous sommes un exemple de démocratie. C’est vrai le code n’est pas mal, mais nous sommes en voie de faire sa relecture. Notre ambition est de faire en sorte que les investisseurs étrangers puissent venir chez nous. Vous savez, nous avons trop de richesses dans notre sous sol. Et pourtant pendant deux décennies, nous vivions dans la monoculture de l’or uniquement, alors que nous avons d’autres gisements que nous pouvons développer. Il faut multiplier la possibilité de découvertes d’une substance à une autre qui sera un avantage pour notre pays.

Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour faire de ces secteurs, la clé du développement?

AP : Vous savez on n’a pas tout le temps les moyens, il faut les chercher pour mener à bien sa politique. D’abord, la réussite c’est la tête. Il faut savoir chercher où trouver l’argent. Nous allons nous appuyer sur l’État pour qu’il s’intéresse à la mise en œuvre des systèmes de recherche au niveau national. Il y a longtemps que le département technique de la géologie et des mines a mis aux calendes grecques cette tache, peut être, pour des raisons économiques. La chambre va demander au gouvernement de mettre des moyens à la disposition dudit département. Celui-ci effectuera les travaux de découverte des indices, afin que les investisseurs puissent mieux s’intéresser à notre pays. En plus de cela, on va utiliser les relations entre la chambre et d’autres. Nous essayerons de réunir un peu d’argents de gauche à droite, pour appuyer dans la mesure de nos possibilités nos acteurs. Et même l’État pourquoi pas!

Nous savons que les moyens financiers ne suivent pas souvent. Avez-vous des secteurs prioritaires?

AP : Le secteur prioritaire dans notre mandat, comme je l’ai dis tantôt, est le secteur informel. Car les grandes compagnies ont déjà fait des preuves, elles ont les grands moyens. Elles attendent de la chambre une protection. C’est-à-dire que la chambre veuille à ce qu’elles soient mises dans leurs droits en termes d’application des règles régissant le secteur minier. Et la chambre ne manquera pas d’agir auprès de l’État, pour que ces compagnies qui viennent avec leurs capitaux dans notre pays puissent travailler dans la tranquillité et la transparence.

Juste après votre élection à la tête de la chambre des mines, vous avez appelé tous les acteurs du secteur à une grande famille. Est-ce que ce message est d’actualité?

AP : Ce message ne changera jamais! Je profite de cet entretien pour dire que cette chambre n’est pas la chambre de Monsieur Pona, ni du Groupe UNOMIN. Elle est la chambre de l’ensemble des acteurs du secteur minier. Nous n’avons rien contre quelqu’un. Dans une élection il faut un gagnant et un perdant. Pour nous, cette page est tournée. Donc, je lance un appel à tous les acteurs pour qu’on s’unisse et qu’on échange. C’est dans l’union que nous pourrons nous épanouir. Personne ne peut, à lui seul, développer une construction minière. même les plus grandes compagnies sont souvent obligées d’aller à la bourse ou de s’associer pour pouvoir développer une mine. Encore une fois, nous disons que nous sommes là pour tout le monde et tout le monde peut y adhérer. Mais notre politique demeure l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. La démagogie, le népotisme ne sont pas de notre ressort. Aujourd’hui nous sommes élus, demain nous allons rendre des comptes.

Avez-vous un appel à l’endroit des opérateurs économiques qui veulent investir dans votre secteur?

AP : J’ai toujours prôné l’arrivée des opérateurs économiques Maliens et même des étrangers. Nous leur avons dit de s’intéresser au secteur minier. Donc si on s’y intéresse, je suis sûr que cela contribuera à diminuer la pauvreté. Je demande aux commerçants de prendre des permis pour s’essayer dans ce domaine. Parce que si un Malien a une mine, toutes les richesses qui en découleront resteront au Mali. Le pays ne peut pas se développer sans l’apport des citoyens. L’appel spécifique que je fais va également à l’endroit de l’ensemble de la presse nationale. Je dédie notre victoire à la presse qui, au lendemain du 13 Décembre 2009, a soutenu que le groupe UNOMIN a gagné. Cela nous a prouvé qu’il y a des gens honnêtes et justes. Que la presse trouve, ici, l’expression de la reconnaissance de l’ensemble du Groupe UNOMIN. Aussi je demande à l’équipe que je dirige d’être intègre, d’avoir constamment à l’esprit qu’on est là pour travailler, et qu’un jour, nous serons jugés par rapport à notre mandat à la tête de la chambre des mines. Je leur demande de prendre toutes les dispositions pour qu’on puisse bien travailler. Je lance un autre appel à tous les opérateurs économiques de venir aux mines. Comme on le dit : on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Ce sont des risques qu’il faut prendre.

Réalisé par Le Guide

 

 

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