Participant aux Etats Généraux du secteur minier et pétrolier du Mali, tenu du 27 au 29 juin dernier, au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, le Président de la Chambre des Mines du Mali, Abdoulaye Pona, a dénoncé, face à la presse nationale et internationale, les difficultés qui empêchent notre secteur minier de s’épanouir. Le Président Pona a également proposé des solutions pour permettre au Mali de reprendre sa troisième place de producteur d’Or en Afrique.
A la question de savoir les enjeux des présents Etats Généraux du secteur minier et pétrolier pour lui, Abdoulaye Pona fera savoir que ces assises représentent pour lui un tremplin très important pour le développement de du secteur en question. A ses dires, les présentes assises étaient attendues depuis très longtemps. Elles seront pour les intervenants dans ce double domaine (mines et pétrole) un véritable lieu d’exprimer en toute responsabilité et en toute liberté démocratique tous les enjeux qui empêchent le développement du secteur minier et pétrolier.
Relatif aux difficultés rencontrées par les intervenants sur le terrain, il précise que beaucoup de difficultés minent le secteur. «Si on devait faire l’état des lieux ; notamment, au niveau des textes règlementaires concernant leur établissement ou adoption, nous allons constater que les opérateurs miniers nationaux sont laissés pour compte. C’est une réalité que nous allons exprimer pendant ces assises pour que cela puisse changer », a souligné avec le Patron du secteur, Abdoulaye Pona. Et d’ajouter : «Nous avons constaté que, dans notre pays, il n’y a plus de recherches minières». «Alors, comment l’Etat peut bénéficier de ses richesses. S’il n’y a pas de recherche pour mettre en évidence plus de ressource ? », s’est-il interrogé anxieusement. Or, a-t-il enchainé, notre pays regorge d’énormes ressources dans ce domaine.
Ensuite, il explique que le Mali manque d’infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques. «Aujourd’hui, nous sommes dans une monoculture. Il y a plus de 30 ans, nous avons besoin de développer notre secteur avec d’autres substances. Nous avons le phosphate, la bauxite, le fer, etc. Ces substances ne peuvent pas être exploitées sans une infrastructure ferroviaire. Or, le chemin de fer Bamako-Dakar est très vétuste. Il faut le changer pour que les investisseurs puissent venir », a-t-il alerté . Et il y ajoute qu’il faudra s’intéresser également aux autres substances qui ne sont pas seulement de l’or ».
En outre, il révèle qu’au Mali il y a d’autres problèmes dans le secteur minier très préoccupant. Il s’agira, selon lui, du fait qu’on n’œuvre pas à la promotion des Nationaux tandis qu’aucun pays ne peut se développer sans l’implication de ses propres fils dans l’exploitation de son sous-sol. Au Mali, il n’y a aucune Politique d’accompagnement des Nationaux. «Nous n’empêchons pas aux autres de venir exploiter notre pays ; mais, il faut que les Nationaux soient impliqués dans l’exploitation des ressources de leur pays. Depuis trente ans, il y a plus de dix mines d’exploitation de nos richesses », a-t-il précisé.
Pour appuyer ses arguments, il déclare que le Soudan qui vient de récupérer la troisième place a produit 93 tonnes d’or dont plus de 80% ont été produites par les Nationaux contre entre 40 à 50 tonnes par an pour le Mali.
Aussi, en guise d’exemple, il soutient que l’Afrique du Sud a révisé son code minier pour prioriser les Nationaux.
«Ce sont des éléments de référence sur lesquels le Mali doit se baser pour améliorer davantage l’exploitation de notre sous-sol », a soutenu Abdoulaye Pona.
A la vieille question de savoir si l’or malien va briller un jour pour (tous) les Maliens, le Président de la Chambre des Mines du Mali a eu à réagir en ces termes : « L’or va briller pour tous les Maliens si les Nationaux exploitent et vendent l’or du Mali. Dans l’orpaillage, tout ce qui est vendu au marché et que les femmes font des bijoux sont de l’or vendu sur place par des Maliens. Sinon, l’or exploité par les Etrangers est exporté ; donc, on ne voit même pas la couleur. C’est pourquoi il ne brille pas aux Maliens. Si l’Etat a la volonté de faire la promotion des Nationaux sans, bien entendu, empêcher les Etrangers de venir, je pense que l’or va briller pour les Maliens».
Concernant son attente de ces assises de Bamako 2017, encore le Président de la Chambre des Mines du Mali se montre très précis : « J’attends de ces assises toute la vérité. Il faut que les gens s’expriment, dénoncent et qu’on fasse sortir tous les tares que le secteur connait afin qu’on puisse aller de l’avant».
Propos recueillis par Ousmane MORBA