Abdoulaye Niang à propos des journées minières : «Les populations veulent être dans le capital d’investissement»

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Le président de Niang Foundation, professeur Abdoulaye Niang, a participé aux travaux de la 5ème édition des journées minières et pétrolières du Mali. Nous l’avons rencontré en marge des travaux. Selon lui, il est temps que les populations des zones d’exploitation minières soient au centre du capital d’investissement.

 

Abdoulaye Niang est un connaisseur du secteur minier dans notre pays. Il a été plusieurs fois dans les zones d’exploitation et a fait plusieurs écrits à travers son site sur les conditions de vie des populations qui abritent les sites d’exploitations minières.

 

 

Cet ancien fonctionnaire des Nations unies à la retraite, a examiné avec lucidité la question des mines au Mali, en ce qui concerne notamment les populations des zones d’exploitation. Lesquelles, à l’en croire «veulent être dans le mouvement du capital d’investissement ; ils veulent être des ingénieurs qui exploitent la mine ; ils veulent avoir comme propriété, une petite partie de la mine». Or,  ce qui  se passe aujourd’hui est loin de cela. En effet, ce sont, d’après lui, des gens venus d’ailleurs qui viennent développer dans un mouvement de capital d’investissement une co-entreprise avec l’Etat et prennent 80% de la richesse qui est générée et les amènent vers d’autres cieux. Ce qui le professeur pousse à s’interroger en ces termes : «Un peu d’argent pour faire une école, un dispensaire ou une mosquée par là. Si vous avez une école et que vous-même vous êtes dépossédé de votre source primaire d’emplois et de richesses, comment allez-vous envoyer vos enfants à l’école ? Comment allez-vous payer le cahier ?»

 

Le professeur Niang enfonce davantage le clou : le code minier actuel recèle des règles odieuses de rétention de notre richesse et ne permet à la communauté qui a reçu l’entreprise que de faire l’orpaillage traditionnel, sinon l’Etat les dépossède purement et simplement de leur droit de surface. «Ils ne peuvent ni faire l’agriculture, ni faire l’orpaillage», dit-il. Cependant, une alternative existe en la matière, d’après Niang. Elle consiste à partager le capital d’investissement et permettre de développer la co-entreprise dont le capital pourrait être détenu au moins à 5% par les populations : 2% pour ceux dont les terres ont été enlevées de façon indirecte ; 1,5% pour la Commune rurale pour plus de décentralisation et 1,5% pour la diaspora. Et 5% pour permettre à leurs enfants d’aller se former comme ingénieurs et revenir ensuite comme partie intégrante de la force d’emploi de ces mines. «Cela favorisera le développement durable et les populations ne vont plus dépendre de la charité d’une société multinationale, en organisant des choses qui n’ont rien à voir avec leur dignité et leur grandeur», martèle Abdoulaye Niang.

 

Déjà, à travers l’association «Jogo Ni Maya», le professeur Niang et ses camarades se battent pour la défense des intérêts des populations riveraines des sites d’exploitation. Des plaidoyers et autres activités sont en cours. Il a tenu à préciser ceci : «Nous constituons une force de négociation et avec le gouvernement, qui est actionnaire minoritaire à 18 ou 20% dans les co-entreprises, et avec les entreprises multinationales à 80 %. Car, avertit-il,  si on nous dit vous n’avez pas le droit de passer sur notre surface, eh bien, on arrête la production industrielle. Ce qui se passera, c’est la transmission immédiate de ces messages sur le marché financier qui va créer une panique. Randgolg qui était à 5 millions, pèse aujourd’hui 17 milliards sur le marché financier. Il pèse 17 milliards parce que le Mali était sous un système de mauvaise gouvernance. Ce qui fait que sur les 4 mines que Randgold a au Mali, c’est Gounkoto qui lui a permis de peser 17 milliards. Et si l’on veut, on peut fondre ça ! Mais nous ne voulons pas ça, nous voulons une vision de prospérité partagée dans la paix, la transparence et la quiétude».

Safiatou THIAM

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