Avec une croissance, estimée à 350 % en cinq ans, la production d’or connaît, depuis une décennie, un boom vertigineux au Mali.
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Portée par l’investissement des compagnies minières internationales, cette ruée vers l’or malien a suscité bien d’espoirs au sein des populations locales. Mais son impact sur l’économie nationale se fait, toujours, attendre. En clair l’or du Mali profite, largement, aux multinationales sud–africaines, américaines, canadiennes ou suisses. Elles décrochent d’importantes concessions pour une bouchée de pain, ont recours à des méthodes de travail parfois dignes du régime de l’apartheid et s’enrichissent au mépris de la réglementation en vigueur. Pire, l’extraction de l’or provoque des dégâts environnementaux, que le gouvernement a, de plus en plus, du mal à circonscrire. Chronique d’une catastrophe annoncée.
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Avec une production moyenne de 60 tonnes d’or par an et des réserves, estimées à 700 tonnes, le Mali se classe au 3e rang africain, après l’Afrique du Sud et le Ghana. Le Métal jaune constitue la première source de devises de notre pays.
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La portion congrue à l’Etat
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Pourtant, la fièvre de l’or ne souffle sur le Mali que depuis une décennie. Avec la chute du régime dictatorial du Général Moussa Traoré et l’ouverture de l’économie malienne aux capitaux étrangers, les multinationales –surtout minières –ont investi le secteur. « C’était l’époque de la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Et les grandes sociétés minières sud-africaines qui s’inquiétaient de l’évolution politique de leur pays, ont vite mis le cap sur le Mali, à la recherche de nouveaux sites d’exploitation » rappelle un ancien opérateur minier.
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Avec l’arrivée massive de ces multinationales, la production d’or a connu un véritable boom. En l’espace de cinq ans, la production a augmenté de 350 %.
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En juin 2002, déjà, le chiffre d’affaires annuel du secteur de l’or était estimé à 30 milliards CFA. Soit 46 millions d’euros.
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Mais, curieusement, l’Etat malien a dû abandonner sa souveraineté sur cette manne financière. Le Programme d’Ajustement Structurel (PAS) a conduit, en 2000, à la fermeture de la SONAREM (Société Nationale de Recherche et d’Exploitation Minière). Mais aussi, au licenciement de ses 300 salariés.
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Avec la disparition de la SNAREM, l’Etat malien n’a plus droit qu’à la portion congrue de son or, désormais, exploité et commercialisé par ces multinationales. Mieux, la part de l’Etat malien, dans le capital de ces sociétés minières, est fixée à 20 %.
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Plus grave encore, 40 % des revenus, générés par l’or, restent au Mali sous forme d’impôts, de taxes, salaires, cotisations sociales, investissements locaux etc…
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« C’est beaucoup, si l’on considère que l’essentiel de l’investissement dans le secteur aurifère repose sur les sociétés privées ; mais peu, pour faire de l’or le moteur de développement », s’indigne un spécialiste de la finance internationale.
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Un haut fonctionnaire de la Direction Nationale de la géologie et des Mines déplore la mainmise des multinationales sur les ressources minières de notre pays, mais reste réaliste.
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« On ne peut pas se passer des grandes sociétés minières » explique t-il. Avant d’ajouter : « Mais leur but est, avant tout, de gagner de l’argent, pas de développer le Mali ».
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Le Mali, un filon pour les sociétés minières
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Au Mali, faut –il le rappeler, la contribution des sociétés minières au développement local est laissé au bon vouloir des multinationales. A Sadiola, par exemple, la Société Anglogold, qui exploite la mine, n’à toujours par fait goudronner la route, reliant cette localité à Kayes. Une route que ses camions empruntent, pourtant, chaque jour.
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Du côté de l’Etat, les revenus tirés de l’or servent, dit-on, à payer les salaires des fonctionnaires. Avec le risque de laisser, de côté, la promotion de cette filière, pourtant, prometteuse.
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« L’or devient une rente pour l’Etat, mais ne profite pas aux opérateurs maliens, ni à notre pays dans son ensemble », déclarait un fonctionnaire de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines, dans une Magazine international.
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Autre conséquence de la disparition de la SONAREM : l’Etat malien n’exerce qu’un contrôle lointain sur la production de l’or. La Direction Nationale de la Géologie et des Mines, chargée d’attribuer les permis d’exploitation et de veiller au respect des normes environnementales, dispose de moyens dérisoires, comparés à ceux des multinationales.
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Difficile donc, dans ces conditions, de parler d’égal à égal avec ces sociétés étrangères. « Ce sont ces multinationales qui payent les fonctionnaires, chargés de faire ces contrôles, qui mettent leurs avions à leur disposition… Alors, que voulez –vous qu’ils trouvent à dire ! ».
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A Sadiola, Yatela et Morila, les risques de pollution sont trop élevés : détérioration de la faune et de la flore, fragilisation des sols, dispersion du cyanure et du mercure dans la nature, risques de contamination des cultures, des hommes et des animaux.
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A l’issue d’une inspection du site de Sadiola, l’ONG « Guamina » a relevé des « Cas de contamination de l’eau souterraine par le cyanure, par infiltration des déchets, liés à des fuites d’huile et au drainage des eaux usées ».
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« Le cyanure –là, ça tue directement. L’an passé, il y a eu un écoulement de cyanure dans la rivière. Une demi –douzaine de bœufs sont morts », indique un ressortissant de cette localité. Une situation, qui n’a pas l’air d’embarrasser les Autorités maliennes.
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Mais comment ces multinationales, sud-africaines, canadiennes, américaines et suisses se sont –elles appropriées les mines d’or du Mali ?
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Réponses dans nos prochaines éditions.
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Le Mollah Omar
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