A propos de la visite du ministre des mines à Faléa : Mise au point de l’Aracf : contre la mine d’uranium, pour l’exploitation maîtrisée des autres minerais de la commune

0

L’affaire de l’Uranium de Faléa n’est pas un cas isolé. Après plusieurs dégâts (empoisonnement par contamination des eaux et de l’air, modification calamiteuse du paysage et destruction irréversible des sols, rupture irrémédiable de l’équilibre des écosystèmes entraînant la perte de la biodiversité) causés par l’uranium à travers le monde entier : Arlit au Niger, Mounana au Gabon, Fukushima au Japon, Tchernobyl en Russie, etc., quel est le spécialiste qui pourrait remettre en doute les dangers liés à l’exploitation de l’uranium ?

A quoi sert l’uranium au juste ?
D’après les exploitants, l’uranium sert à fabriquer des bombes et à servir de combustibles pour alimenter les centrales nucléaires…

Situation d’occupation du territoire communal de Faléa par les différentes activités
La commune de Faléa présente actuellement le tableau suivant :
– une superficie de 150 km² pour l’uranium, le cuivre et l’argent ; 
– 88 km² pour la bauxite ;

– Quelles superficies vont occuper les exploitations de l’or, du diamant et du fer, etc. ?
– Que restera t-il comme superficie ressources naturelles pour les activités vitales des populations (orpaillage traditionnel, agriculture, élevage, pêche, chasse…) sur les 400 km² que couvre le territoire communal de Faléa ?
 
L’uranium, même à l’état naturel, est un minerai dangereux pour la vie des populations; sa dangerosité est permanente pour les hommes et leur environnement depuis la phase de prospection jusqu’à la gestion des déchets en passant par l’extraction et la production.

Que savez-vous de l’uranium et de l’impact de la radioactivité ?
«L’extraction du minerai d’uranium et la production d’oxyde d’uranium sont des activités irresponsables qui entraînent de graves menaces pour la santé et l’environnement … les deux processus impliquent un risque incalculable pour la paix mondiale et sont un obstacle au désarmement nucléaire… L’uranium contamine les nappes phréatiques et la radioactivité persiste dans les amoncellements, les débarras et les bassins d’évaporation.

L’uranium et ses produits de dégradation sont hautement toxiques. Ils attaquent les organes internes et le système respiratoire. Des études scientifiques ont montré que les maladies suivantes peuvent être causées par le radon, l’uranium et ses éléments de décomposition: les cancers bronchiques et pulmonaires, les tumeurs de la moelle osseuse, de l’estomac, du foie, de l’intestin, de la vésicule biliaire, des reins et de la peau; des leucémies et autres affections hématologiques ainsi que des malformations de naissance et des troubles psychologiques»
.

Ignorance du cadre de concertation des différents partenaires mis en place le 30 mars 2011 sous l’égide du ministère de l’Environnement
Lors de la rencontre d’échanges et de concertation initiée par le ministère de l’Environnement le 30 mars 2011 entre le ministère des Mines (DNGM), l’ARACF, la société Rockgate, le laboratoire indépendant de la CRIIRAD (Commission de recherche Indépendante et d’information  sur la radioactivité) de Valence ( France) et les services techniques de l’énergie et de l’eau (AMARAP) et du ministère de l’Environnement ( la DNACPN, les Eaux et Forêts), il a été décidé, de commun accord, d’effectuer sur le terrain à Faléa, une mission conjointe et pluridisciplinaire de l’ensemble des services techniques concernés par le dossier de l’uranium (donc y compris aussi la Direction nationale de l’agriculture et la Direction nationale de l’hydraulique) pour identifier les contraintes et prendre les mesures qui s’imposent. Le rapport de cette mission devait être déposé avant le 15 avril 2011.

Question : Qu’est ce qui s’est passé entre-temps et qui a poussé le ministre des Mines à effectuer une mission cavalière (mission séparée) en ignorant les autres partenaires et, par surcroît, dans les bacs de la compagnie minière Rockgate ?

A propos des morts suspectes de quatre vaches :
 Des animaux morts au puits souillé par les eaux de forage, en passant par les  champs agricoles brutalement occupés par les dispositifs de forage…les plaignants sont vivants et présents sur place à Faléa. A l’époque des faits, l’actuel chef de village n’était pas encore investi dans ses fonctions.

Les plaintes étaient reçues par le maire de Faléa  qui a  bien confirmé qu’on lui a montré les cadavres de 3 vaches (au lieu de moutons !) sur les quatre mortes de façon suspecte. Nous détenons toutes les preuves de ce que nous avançons comme informations et  nous sommes prêts à les publier très prochainement dans un contexte approprié à ce sujet. A cette occasion, nous informerons davantage également l’opinion nationale et internationale sur  la situation réelle qui prévaut à Faléa.

Du fait que son impact n’est pas immédiat et évident ne signifie nullement que l’uranium n’a pas d’incidence sur la santé des populations. Car, les spécialistes en la matière soulignent que son effet peut se manifester au bout de 10 à 15 ans après contamination. Ceux qui ont consommé la viande de la première vache décédée, ont t-ils été soumis à un examen médical spécialisé ?

Quel diagnostic a été posé et par quel médecin spécialiste ?

Par ailleurs, est-ce que nous devons attendre que les gens tombent malades ou meurent pour nous rendre compte du danger de l’uranium ?
Confirmation de la preuve du danger dû à l’uranium

M. Saade, gérant de Delta Exploration a bien fait de signaler que les premières victimes sont ceux qui travaillent à la mine (pour le moment, 59 jeunes de Faléa contre 5 expatriés).

En effet, les expériences désastreuses de l’exploitation des mines d’uranium au Gabon et au Niger soulignées dans «L’héritage empoisonné» constituent la preuve irréfutable que les premières victimes sont les travailleurs à la mine eux-mêmes. Mais M. Saade devrait ajouter, comme le montre ce film témoignage que les travailleurs contaminés contamineront à leur tour leurs familles si des mesures adéquates de protection et d’hygiène ne sont pas prises au niveau de la mine.

Sur la paternité des réalisations au service de la population de Faléa, attribuées à Rockgate
A ce que nous sachions, la première précaution que doit prendre un journaliste professionnel est de vérifier l’information avant de la diffuser. Si les journaux qui ont couvert la mission du ministre des Mines avaient appliqué cette règle élémentaire de la déontologie de la presse, ils auraient aisément constaté que : 

– l’unité de communication par satellite (téléphone et Internet) mis à l’actif de Rockgate était une réalisation de l’ARACF sur financement de la Ville de Genève et de la Ville de Zurich en Suisse ;
– le centre de santé communautaire (CSCOM) en construction et les nouvelles classes construites dans la cour de l’école ont été réalisés sur financement public.

L’objectif réel des grandes réalisations de  Rockgate à Faléa
L’extension du camp de Rockgate, le dépôt de carburant ainsi que la piste d’atterrissage des avions sont en fait de réalisations nullement destinées à satisfaire les besoins des populations, mais pour permettre le développement exclusif des activités de la compagnie minière.

D’ailleurs, cette piste d’atterrissage, située à deux pas (moins de 50 m) des habitations et du CSOM en construction, représente un danger pour la vie des populations.

L’ARACF a attiré l’attention des autorités sur cette menace qui plane sur la tête des habitants de Faléa dans une correspondance (réf. : 037/P-ARACF/2010 en date du 21/06/2010) sans suite adressée au ministre de l’Equipement et des Transports. Dans cette même correspondance, l’ARACF a demandé la fermeture de cette réalisation à cet endroit.
Bamako, le 27 mai 2011

Pour le Bureau de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa (ARACF)
Le Président, Me Toumani KEÏTA

Projet de mine d’uranium de Faléa :
Demande d’informations à la société minière Rockgate Capital Corporation
A M. Karl Kottmeier, Président de Rockgate Capital Corporation
Monsieur le président,

Lors de la visite du ministre des Mines du Mali sur le site du projet de mine d’uranium de la Commune rurale de Faléa, le 20 mai dernier, vous avez déclaré à «L’Essor», journal gouvernemental malien, que :
– les activités de prospection menées par votre société sont «effectuées dans les règles de l’art» en la matière ;
– elle a «réalisé toutes les études sur les aspects environnementaux et sociaux»

Pourtant, au cours de la réunion d’échanges et de concertation organisée le 30 mars 2011 par le ministère de l’Environnement et qui a regroupé le ministère des Mines (DNGM), l’ARACF, le laboratoire indépendant de la CRIIRAD (Commission de Recherche Indépendante et d’Information sur la Radioactivité) de Valence (France), conseil scientifique de notre association, les services techniques de l’énergie et de l’eau (AMARAP), du ministère de l’Environnement ( la DNACPN, les Eaux et Forêts) et la Société Rockgate, votre représentant, Abdoul Karim Diarra, ingénieur géologue, s’était engagé à faire parvenir à chacun de ces partenaires concernés par le dossier uranium tous vos rapports d’études, notamment les résultats d’analyse des échantillons d’eau rejetée par les forages, prélevés par Golder Associates, le bureau expert que Rockgate a engagé pour les réaliser.

Or, à ce jour, aucun document émanant de votre société n’est parvenu aux participants à la rencontre. C’est pourquoi, nous nous adressons à vous afin d’obtenir des informations claires, précises et complètes sur les points suivants :

1. les rapports concernant le point zéro radiologique et l’étude d’impact environnemental & social (même en version provisoire) réalisés par Golder Associates ;

2. les résultats des études hydrologiques et hydrogéologiques permettant d’anticiper les conséquences des forages sur la circulation et la qualité des eaux souterraines et de surface, en particulier le niveau de la nappe phréatique dans les différentes zones de forages effectués ;
3. le descriptif des produits ajoutés à l’eau de forage ;
4. les résultats d’analyse radiologique et chimique des eaux rencontrées au cours des forages ;

5. la dose externe mensuelle ajoutée pour les personnels affectés aux forages et au traitement des carottes pour expédition hors de Faléa ;

6. les précautions prises pour limiter la contamination interne des personnels affectés aux forages et au traitement des carottes pour expédition hors de Faléa ;

7. une explication détaillée du phénomène d’écoulement  des eaux – pendant plusieurs jours semble t-il, depuis le forage dans l’environnement duquel des bovins sont décédés de façon suspecte, ainsi que la référence de ce forage ;

8. les résultats d’analyse de l’eau du puits traditionnel dans lequel se sont écoulées des eaux de forage, ainsi que la référence de ce forage ;

9. une carte de localisation de l’ensemble des forages.

Aussi longtemps que ces différentes demandes d’informations ne seront pas satisfaites par Rockgate, l’ARACF considérera que les assurances verbales données par votre société aux autorités maliennes et aux populations de Faléa, ne sont qu’un écran de fumée destiné à masquer l’absence de bonnes pratiques requises par les normes techniques et démocratiques internationales auxquelles vous vous réfère.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, nos sincères salutations.
Bamako, le 28 mai 2011
Pour le Bureau de l’ARACF
Le Président, Me Toumani Keïta

Commentaires via Facebook :