Des problèmes de licenciement, des problèmes de contrat, des problèmes de non respect du code de travail et des conventions internationales de travail sont actuellement les maîtres mots au sein des compagnies minières au Mali. Selon les informations: à Lta Mali-Sa à Sadiola 27 syndicalistes et 31 employés ont été licenciés; à Bcm Mali sa à Loulo, 436 travailleurs ont été licenciés dont 27 délégués du personnel ; à Als, 135 travailleurs ont été licenciés; à Saer à Tabakoto, 72 travailleurs ont été licenciés dont 11 syndicalistes. La liste n’est pas exhaustive.
Aux dires du secrétaire général de la Fename, M. Yacouba Traoré, en novembre 2011, un préavis de grève a été déposé dans les mines, afin de pousser les responsables à trouver des solutions aux préoccupations de leurs employés. Selon M. Traoré, ce préavis a abouti à la conciliation entre les opérateurs miniers, la Fename et le Gouvernement.
M. Traoré indique que la Convention Collective n’a pas été respectée par aucune des sociétés minières signataires. Le secrétaire général de la Fename a aussi souligné les licenciements dont la quasi totalité des leaders syndicaux de leur fédération ont fait l’objet par les opérateurs miniers.
Face à ces différentes situations, M. Traoré affirme que les différentes promesses faites par les autorités maliennes n’ont jamais été concrétisées. Pour lui, le fait de licencier un travailleur pour fait de grève est contraire à la loi. Il affirme que les sociétés minières refusent catégoriquement d’exécuter les décisions des tribunaux qui sont à leur défaveur et que celles-ci ont des moyens de détourner les décisions des tribunaux. M. Traoré accuse la société d’Exploitation des Mines d’Or de Sadiola (Semos) de transgresser les lois, comme s’il n’y a pas d’autorité d’Etat au Mali.
“Nous sommes vraiment désolés du fait qu’une décision de justice, qui doit s’appliquer à tout le monde, soit prise en otage par une société minière. Quelque soit le partenariat entre un État et une compagnie minière, force doit rester à la loi. La Semos ne doit pas être au dessus de la loi. Elle a signé le code de bonne conduite pour respecter nos lois. Elle ne doit pas transgresser nos lois au vu et au su de tout le monde. Cela est intolérable. Jusqu’à nos jours, le problème perdure. Ni l’État, ni aucune autre structure n’arrive à dire la vérité dans cette histoire”, a précisé M. Traoré.
Le secrétaire général de la Fename revèle par ailleurs qu’au sein des sociétés minières, il arrive que les bureaux de placement changent de nom pour avoir des exonérations et pour licencier les syndicalistes. Il affirme que trop c’est trop et qu’il est temps qu’un point soit mis les “i” pour mettre fin à certains comportements peu honorables.
Quant à M. Oumar Barou Diallo, il a déclaré que pour trouver une solution au préavis de grève de la Féname, relativement à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, une commission de conciliation a été mise en place, à travers laquelle les employeurs se sont engagés à régulariser les cas légalement reconnus et à amorcer des discussions avec les comités syndicaux. Pour lui, il convient de préciser que les engagements n’ont pas été respectés.
M. Oumar Barou Diallo a déclaré que la commission d’arbitrage mise en place a estimé que les travailleurs avaient raisons, donc il fallait mettre les travailleurs suspendus et licenciés dans leur droit, mais que jusqu’à présent rien n’a été fait dans ce sens. D’où l’appel de M. Oumar Barou Diallo au respect de la législation en matière de travail et à l’arrêt de l’impunité. Il dénonce le fait que le Contentieux du Gouvernement se soit “ingéré” dans cette affaire, en demandant que les travailleurs ne soient pas mis dans leur droit.
Aussi réagit-il que “quelque soit, l’apport d’un opérateur économique dans l’économie nationale, le contentieux de l’État n’a pas à s’ingérer dans les affaires syndicales. Il ne doit pas s’opposer aux intérêts des travailleurs. Nous avons saisi le médiateur de la République, afin de trouver une solution”.
Enfin, M. Diallo a interpellé les travailleurs à rester mobilisés, puisque la procédure judiciaire est en cours. Il se dit certain qu’au bout du compte tous les travailleurs seront mis dans leurs droits.
Tougouna A. TRAORÉ