Micro-finance : Les SFD dans une phase critique

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Micro-finance : Les SFD dans une phase critiqueLes systèmes  financiers décentralisés qui ont fait la preuve de leur efficacité dans la lutte contre la pauvreté sont aujourd’hui confrontés à d’énormes difficultés. Une stratégie nationale est en gestation pour leur donner un nouveau souffle.

 

 

Reconnue comme un instrument  pertinent de lutte contre la pauvreté, la microfinance s’est développée dans notre pays au cours des deux dernières décennies. Mais très vite, les systèmes financiers décentralisés ont été confrontés à des difficultés de divers ordres. Aujourd’hui, le secteur est donc à la recherche d’un nouveau souffle. De ce fait, « la problématique de la mise en œuvre des stratégies nationales de développement de la micro-finance au Mali » était le thème de journée dédié au micro-crédit qui a été célébré hier.

L’événement marquant de la journée a eu pour cadre l’hôtel Olympe de Bamako. Il était présidé par le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, qui avait à ses côtés le directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, et le président de l’Association professionnelle des systèmes  financiers décentralisés, Adama Camara.

La présente journée s’inscrit dans le cadre d’un processus devant conduire à la validation et à l’approbation de la stratégie nationale avec son plan d’action d’actions et son budget sur la période 2014-2017. La nouvelle stratégie nationale de micro-finance sera élaborée en veillant à aligner la vision des axes stratégiques sur les besoins et défis actualisés du secteur, avec un plan d’action sur la période 2014 2017 et son budget estimatif. Un dispositif de suivi-évaluation et un cadre de mesure de rendement du nouveau plan d’action seront établis. Il s’agit de se concentrer sur des objectifs à court et moyen termes et de prévoir une évaluation à mi-parcours à la fin des deux premières années.

 

DES SERVICES ET PRODUITS ADAPTES. Le président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés, Adama Camara, a expliqué que cette journée a été organisée non seulement pour montrer l’importance de ce secteur dans la vie économique de notre pays mais aussi pour reconnaître qu’il traverse une situation difficile. Et aussi pour réfléchir et apporter des solutions durables aux problèmes auxquels le secteur est confronté. La micro-finance, a-t-il rappelé, occupe une place importante dans notre pays car elle vise la population la plus faible et la plus pauvre  et  contribue fortement à la bancarisation de l’économie.  En effet, le volume des crédits que la micro-finance accorde  aux populations pour pouvoir mener des activités et les aider à faire de l’épargne afin de faire face leurs problèmes, se chiffre à des centaines milliards.

La mission essentielle de la micro-finance dans le développement économique et social du Mali est de permettre à des populations exclues du système bancaire (soit 90% de nos compatriotes), d’avoir accès à des services financiers de proximité et diversifiés comme l’épargne, le crédit, la micro-assurance ou les transferts d’argent. Elle s’est avérée une réponse efficace à l’inclusion financière par la bancarisation de masse et la proposition de produits et services adaptés aux besoins des populations marginalisées, telles que les femmes et les jeunes.

C’est  au regard de cette importance des systèmes financiers décentralisés que le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) leur a assigné un rôle déterminant pour la création d’activités génératrice de revenus et d’emplois par la promotion d’exploitations agricoles et de micro-entreprises.

 

MAUVAISE GESTION. Toujours selon Adama Camara, à la date du 31 décembre 2011, le secteur avec ses 125 SFD répertoriés et comptabilisant 657 points de services, avait mobilisé pour cette année plus de 52 milliards de Fcfa de l’épargne nationale et octroyé plus de 67 milliards de crédits. Cet essor remarquable aurait pu s’accroitre n’eussent été les difficultés tant exogènes qu’endogènes rencontrées par certains des principaux SFD.    Adama Camara estime que la profondeur et la fréquence de ces défis sont en passe de compromettre le développement et l’avenir du secteur, voire de menacer dangereusement son existence.

Les causes de la crise intervenue au niveau des institutions de micro-finance (IMF) sont multiples : mauvaise gouvernance des institutions, déficit de surveillance du secteur, non maitrise des risques de gestion, absence d’un système d’information et de gestion performant, déficit du contrôle interne et externe, non application des recommandations issues des missions de contrôle conjointes de la BCEAO et de la Cellule de contrôle et de surveillance des SFD.

Pour le ministre de l’Economie et des Finances a confirmé ces difficultés et défis et préconisé un contrat de performance entre l’Etat et les dirigeants des SFD. Il faut davantage responsabiliser les différents conseils d’administration des IMF, renforcer les structures d’appui technique de régulation et d’appui des IMF, a suggéré Mme Bouaré Fily Sissoko. Pour ce faire, il convient de faire un état des lieux global du secteur afin de mesurer le degré de viabilité de toutes les institutions existantes et faire un diagnostic institutionnel, organisationnel et financier. Et sur la base des résultats, faire des propositions de solutions. Il s’agira alors d’identifier les institutions de IMF qu’on peut sauver, les IMF à fusionner et  ceux qu’il faut carrément à fermer.

Mme Bouaré Fily Sissoko a relevé que les résultats globalement négatifs de l’évaluation de la Stratégie nationale pour le développement de la micro-finance et son plan d’action (2008-2012) ont mis en évidence la nécessité d’élaborer une nouvelle stratégie nationale pour le développement de la micro-finance assortie d’un plan d’actions pour la période 2014-2017.

Il est important, a indiqué le ministre, que le gouvernement donne sa vision sur la question de la micro-finance. « Il était temps de mettre sur la table toutes les réflexions qui ont eu lieu depuis un certain temps afin de discuter de ce que nous voulons faire de ce secteur qui a suscité beaucoup d’espoirs  et qui a connu des contrôles divers dus à un certain nombre de facteurs comme les questions de la gouvernance.  Il est également important que les institutions adoptent un profil d’humilité et de sens de la mesure », a  invité le ministre.

Mme Bouaré Fily Sissoko a également souhaité qu’une grande attention soit portée au train de vie des institutions de microcrédit et à l’intérêt des usagers ainsi que des actionnaires. « Nous pensons que c’est un secteur auquel le gouvernement doit donner de l’importance et le système bancaire viendra en relais », a précisé le ministre.

F. NAPHO

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