Dans la mise en œuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, les autorités comptent énormément sur les institutions de micro-finance. C’est pourquoi, sous l’impulsion du président de la République, Son Excellence Amadou Toumani Touré, celles-ci bénéficient d’une attention particulière. Le 30 mars dernier, ATT a consacré toute une journée pour rencontrer les acteurs du secteur et trouver avec eux les solutions aux difficultés qui entravent son essor.
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Une semaine plus tard, ce fut le tour du ministre de la Promotion des Investissements, des Petites et Moyennes entreprises de réunir les membres du groupe consultatif pour le développement des institutions de microfinances en vue de mettre en application les recommandations de la rencontre avec le président de la République. Dans cette optique, un atelier a été organisé pour l’élaboration et l’adoption d’un plan d’action à court terme.
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Malheureusement, ces différentes initiatives semblent vouées à l’échec à cause de la discrimination dont sont victimes les sociétaires de certaines institutions de micro finance. Dans les différentes caisses de celles-ci, les clients sont traités selon qu’ils soient riches et pauvres, proches ou non d’un responsable. Ainsi, alors que certains peuvent accéder à plus de trois crédits par an, d’autres sont désespérément renvoyés chaque fois qu’ils font la demande. Pour se rendre compte de la discrimination, il faut tout simplement se référer à la liste des premiers bénéficiaires des crédits des caisses de micro-finance, lesquels sont les promoteurs d’école, les industriels, les entreprises de BTP et les commerçants import-export. A ceux-ci, on peut désormais accorder de10 à 200 millions de FCFA alors que les jeunes diplômés et les femmes qui constituent près 90 % des adhérents de certaines microfinances, accèdent difficilement à des montants supérieurs à 100.000 FCFA. Certains estiment que cette caisse ne se différencie du système bancaire classique que par sa proximité aux sociétaires.
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rn‘’L’institution semble oublier ses missions premières pour lesquelles l’Etat malien accorde beaucoup de faveurs et d’avantages à la centaine d’institutions de microfinances intervenant à travers le territoire, celle d’accompagner les projets des couches défavorisées notamment les femmes, les hommes et les jeunes diplômés’’, déplore A Diakité, ex-sociétaire d’une microfinance. Abondant non seulement dans le même sens, Mamadou K., menuisier de son état, ajoute que les pauvres ne semblent plus avoir de voix au niveau des microfinances car, dit-il, ‘’je suis adhérent de la caisse de mon quartier il y a plus de trois ans, mais chaque fois que je prétends à un crédit on me fait comprendre que mon mouvement de dépôt et de retrait est faible. Je comprends que ce-ci n’est qu’un prétexte pour écarter les pauvres’’.
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A tort ou à raison, ces accusations comme d’autres formulées contre l’institution expliquent le retrait volontaire et accentué des artisans, des femmes et des jeunes à faible revenu.
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En outre on accuse les responsables de l’institution de s’enrichir sur le dos des caisses qui sont considérées comme autonomes car disposant de leur conseil d’administration chargé de la gestion interne.
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Cette autonomie des caisses locales n’empêche point les directions de leur imposer leur volonté avec en toile de fonds des intérêts mercantilistes.
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Markatié Daou
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