Vendu actuellement dans certains supermarchés de la capitale, il est prisé à l’exterieur.
Notre pays ajoute une autre corde à son arc en matière d’exploitation de la mangue. En plus de sa position dominante d’exportateur de mangue dans la sous-région ouest-africaine, il envisage de promouvoir la transformation industrielle des mangues par l’installation des unités de séchage à Bamako, qui couvrira la capitale et ses environs, Yanfolila et Bougouni. La capacité de séchage de chacune de ces unités au départ est de 100 tonnes par an. Selon Mohamed Sidibé, coordinateur du Projet cadre intégré, des tests ont eu lieu dans les salons agricoles en Allemagne et en France. Et les consommateurs européens se sont montrés très intéressés par le produit. C’était la ruée dans le stand du Mali, a-t-il précisé.
L’engouement suscité par la mangue séchée prouve déjà que cette filière est porteuse et se révèle comme une alternative à l’exportation des mangues conditionnées avec tout le risque de rejet des mangues à l’entrée des pays étrangers. Actuellement, l’on retrouve des paquets de mangues séchées dans les rayons de certains supermarchés de la capitale et même de la sous-région, notamment en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Elle est cédée entre 3 000 et 3 500 Fcfa le kg sur le marché local. Le même produit peut osciller entre 5 000 et 6 000 Fcfa le kilo à l’exportation. D’ailleurs une jeune entreprise burkinabé s’est spécialisée dans l’exportation des mangues séchées de chez nous sur le marché européen. Elle passe des commandes chez des fabricants maliens au profit des clients européens.
D’autres initiatives sont en cours d’examen pour la fabrication des boîtes de conserve -confitures et jus de mangue-. Ainsi, le développement du secteur de la transformation de la mangue de chez nous permet non seulement de valoriser les sous-produits de la mangue, mais aussi de créer de la valeur ajoutée améliorant ainsi les revenus des producteurs. Elle crée aussi des emplois salariés dans les unités de séchage qui sont de véritables unités industrielles. Chaque fabrique peut employer en moyenne une vingtaine de personnes, a expliqué Mohamed Sidibé.
Plus de 200 000 tonnes par an. Est-il besoin de signaler que notre pays figure parmi les grands producteurs de mangues en Afrique de l’ouest. Notre potentialité de production selon le coordinateur du Projet cadre intégré, est estimée à plus de 200 000 tonnes par an. Mais ce n’est qu’une infime partie de cette production qui est exportée vers les marchés européens. En 2004, le volume des exportations n’avait pas encore atteint les 3000 tonnes. Les statistiques de Trade Mali chiffrent les exportations durant les trois dernières campagnes à 1 129 tonnes en 2003 ; 2 404 en 2004 et 2 927 tonnes en 2005. Le reste de la production est soit consommé sur place ou pourrit sous les manguiers dans les champs ou sur les dépôts d’ordures des marchés. La mangue est un produit périssable. Si elle n’est pas bien conservée après la cueillette, elle se détériore très rapidement. Surtout si elle est déjà infestée le pourrissement est encore plus rapide.
Une autre plaie de notre filière mangue est l’infestation des fruits par les insectes nuisibles. Mais une forte thérapie a été mise en oeuvre pour arriver à bout de ce phénomène. En effet, le Projet cadre intégré appuie les producteurs dans le traitement phytosanitaire de leurs champs en vue de débarrasser les manguiers des nuisibles. En 2006, le projet a traité 2 000 ha de manguiers dans les zones de Sikasso, Bougouni, Yanfolila, Bamako et environ. Il a également procédé à la sensibilisation des producteurs et des exportateurs sur les bonnes pratiques agricoles. En outre, il a mis en place un fonds de soutien à la filière au profit des exportateurs en vue de faciliter l’accès au crédit et réalisé le guide de l’exportateur.
La ruée des Ivoiriens. Pendant la campagne 2005-2006, il a traité 4 000 ha à Sikasso, Bougouni, Yanfolila et dans la zone périurbaine de Bamako et cette année encore la même superficie sera traitée à Kadiolo, explique le coordinateur, Mohamed Sidibé. Un premier traitement a eu lieu en mars dernier. Il a concerné les insectes nuisibles. Le second traitement est attendu ce mois-ci (juin). Il concerne les mouches. Les deux traitements permettront d’accroître encore le volume des exportations. Rappelons que durant la campagne précédente, le traitement a permis d’augmenter le volume des exportations qui est passé de 2 927 à 4 521 tonnes et a rapporté à la filière environ 6 milliards de Fcfa.
Notons que le traitement qui doit s’effectuer sous peu, permet d’étaler la production des mangues jusqu’en fin juillet. Déjà la production chez nos voisins Ivoiriens tend vers sa fin. Les exportateurs ivoiriens vont se tourner à présent vers les vergers de la troisième région. Ils mettent le prix et raflent logiquement la mise devant nos exportateurs qui ont tendance à vouloir acheter à des prix bas.
Le traitement a permis d’améliorer la qualité de la mangue, tirant le prix au producteur vers le haut. Et le risque de rejet sur le marché européen a beaucoup reculé, grâce aux efforts en cours dans le cadre de la certification des exportations. Le projet a choisi la certification Eurecap. Cinq exportateurs sont accompagnés par le bureau de consultant sénégalais Bioscop, aux frais du Projet cadre intégré. Bioscop est le seul bureau spécialisé en la matière reconnu par Bruxelles dans notre sous-région. La certification Eurecap permet de certifier l’ensemble de la chaîne de la filière : des vergers au marché de consommation. Ce qu’on appelle la traçabilité dans la filière.
C’est dans ce cadre que le projet envisage d’installer un poste de contrôle phytosanitaire à l’aéroport de Bamako Sénou, en vue de sécuriser les exportations maliennes en extirpant du lot les cas d’infection, afin de minimiser le risque de rejet. La découverte d’une seule mangue infestée dans une cargaison, en Europe, entraîne la destruction par incinération et aux frais de l’exportateur de tout le lot expédié. Les consommateurs et les services sanitaires européens sont stricts sur le respect des normes et qualité. A cet effet, les pouvoirs publics ne transigent pas sur la stricte application des textes réglementaires en la matière.
Faut-il rappeler que les exportations de notre pays sont destinées au marché européen, en particulier, la France, le Pays-Bas et la Grande Bretagne. Les variétés prisées sur ces marchés sont les Tommy, Atkins, Haden, Keitt, Kent et l’Amélie qui est de plus en plus prisé pour la rapidité de sa transformation et ses qualités gustatives.
A. O. DIALLO (13 juin 2007)
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