Le gouvernement malien de transition est « résolument engagé » dans la mise oeuvre de la « Feuille de route » de transition adoptée par l’Assemblée nationale le 29 janvier 2013.
« Au-delà de la Feuille de route, le gouvernement envisage également la préparation de l’après-conflit qui constitue un défi tout aussi important que les deux missions assignées à la Transition, à savoir, le rétablissement de l’intégrité du territoire national et l’organisation d’élections libres et transparentes », a souligné en fin mars dernier le ministre malien de l’Economie et des Finances, Tiéna Coulibaly.
C’est pour mener à bien ces deux grands défis que l’exécutif malien a décidé de préparer un plan d’actions prioritaires d’urgence (PAPU, 2013-2014). Le coût global de cette initiative de relance est estimé à 2 510 milliards de F CFA, soit 3,827 milliards d’euros.
Celui-ci tire naturellement sa substance du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP, 2012- 2017) et de la Feuille de route. Mais, de nos jours, force est de reconnaître que les conditions optimales d’une mise en oeuvre intégrale du CSCRP ne sont pas encore réunies, notamment compte tenu de Ia suspension de Ia coopération technique et financière des Partenaires techniques et financiers (PTF) suite aux événements de mars 2012.
C’est d’ailleurs ce constat qui amène le gouvernement à initier le PAPU qui couvre la période 2013-2014. Ce plan intègre à la fois les actions de la Transition et des actions qui vont au- delà de cette période sensible et importante dans la vie de la nation malienne.
« Les actions programmées dans le PAPU concourent toutes à la réalisation des objectifs de la Feuille de route», assure M. Tiéna Coulibaly. Il s’agit, entre autres, de rétablir l’intégrité du territoire national, d’organiser les élections libres et transparentes, d’assurer la relance de l’économie en mettant l’accent sur l’emploi et la formation professionnelle ainsi que le développement rural, la réhabilitation des infrastructures de base et la gouvernance politique et financière.
La restauration de l’Etat de droit, la lutte contre la corruption, le népotisme et l’exclusion, l’amélioration des conditions de vie des populations du nord (Education, Sante, Energie et eau potable).. figurent en bonne place dans ce plan.
Tout comme la réhabilitation des infrastructures administratives, sécuritaires, économiques, sociales et culturelles dans les zones libérées et le redéploiement des agents de I’Etat. Le gouvernement malien s’engage aussi à fournir une assistance à la réinsertion socio-économique des personnes qui ont « perdu tout ou partie de leurs moyens de subsistance », à sauvegarder l’unité nationale et la cohésion sociale en veillant à ce qu’il n’y ait pas actes d’exactions et de vengeance préjudiciables à la réconciliation nationale.
Le PAPU vise le retour à la normalité de la situation sécuritaire, économique et social, notamment le maintien des acquis en matière d’accès aux services sociaux de base, la réhabilitation des infrastructures et la sécurité alimentaire des populations à travers la subvention aux intrants agricoles.
Au Mali, le budget d’Etat pour 2013 est d’ailleurs orienté vers l’atteinte de ces objectifs. En effet, la loi de Finances rectificative intègrent pleinement les orientations de la Feuille de route et du Plan de relance 2013-2014. Elle permettra également d’assurer le remboursement de la dette interne et externe et le paiement des salaires des fonctionnaires afin d’assurer la continuité du service public.
Toutefois, les dotations budgétaires nationales sont insuffisantes pour faire face à l’ampleur et à l’urgence des actions à mener afin de couvrir les besoins les plus pressants ainsi que pour relancer l’économie malienne.
C’est pourquoi le gouvernement sollicitera ses Partenaires techniques et financiers (PTF) à travers l’organisation d’une conférence internationale sur Mali en mai prochain à Bruxelles ( Belgique). « Leur soutien contribuera particulièrement à sauvegarder et consolider l’accès aux services sociaux de base, à lutter contre l’insécurité alimentaire, relancer l’économie et améliorer les conditions de vie de populations », espère le ministre malien des Economie et des Finances.
Il précise que, compte tenu des promesses de soutien déjà annoncées par les partenaire du Mali en janvier dernier à Addis- Abeba (Ethiopie), l’écart de financement à rechercher pour couvrir l’ensemble des dépenses prévues dans le cadrage budgétaire s’élève à 30 milliards en 2013 et à 50 milliards en 2014.
Le gouvernement du Mali pourra aussi compter sur les recettes fiscales. En effet, en dépit de la crise, les services des impôts ont atteint en 2012 leurs objectifs de recette fixés à 470 milliards de F CFA. Leur apport au budget d’Etat est estimé à 60%. Et l’administration fiscale voit encore plus grand en 2013 avec des prévisions de 521 milliards F CFA.
« Nous sortons d’une année marquée par beaucoup de coups négatifs, nous voulons faire de 2013, une année de rupture avec le souci de rendre effectives les réformes. Notre préoccupation est de changer la façon de faire de l’agent des impôts. C’est pourquoi nous avons envisagé le nouveau plan de carrière et le projet de statut particulier », assure le directeur général des impôts, M. Dionké Diarra. C’était au cours d’un conseil de direction tenu la semaine dernière à Ségou.
« On veut atteindre la norme en matière de recouvrement des recettes qui veut qu’au moins 60% des contribuables se déclarent eux-mêmes pour que nous n’ayons qu’à poursuivre les moins de 40%. Si les objectifs de recettes 2013 sont atteints et que les prévisions en terme de PIB sont maintenues nous allons faire un grand pas dans la réalisation de la transition fiscale. Autant dire que nous sommes dans une phase décisive », précise-t-il.
En termes de prévisions pour cette année 2013, la croissance économique devrait ressortir à environ 4,8 %, soit un gain de 6 points de pourcentage grâce a la reprise des financements extérieurs et une bonne tenue la production dans le BTP et l’agro- industrie.
L’inflation est projetée inferieure a 3 % suite a la bonne campagne agricole 2012-2013. L’espoir d’une rapide remise de l’ économie nationale voire du pays sur les rails est donc permis.
A condition bien sûr que tout ne soit pas remis en cause par un « retrait précipité » des troupes françaises du nord-Mali et des soubresauts liés aux élections générales de juillet prochain.
Xinhua