Mali : Quand la fiscalité tue l’emploi

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L’industrialisation s’accompagne d’une complexité accrue de l’activité économique nécessitant l’intervention de l’autorité publique sous forme réglementaire. Mais l’intervention sauvage de l’Etat surtout en période de crise comme ce fut le cas au Mali a contribué à tuer l’investissement et à annihiler l’élan des sociétés maliennes jetant des chefs de famille dans les rues. Au lieu d’adoucir la pression fiscale, le fisc malien a poursuivi son offensive contribuant ainsi à mettre à genoux des entreprises.

 

 

A cet employeur de dire : « Les employés des services des impôts s’enrichissent, les emplois privés dépérissent ». A cet autre d’ajouter : « Il existe un impôt rigide au Mali. A long terme, nous fermerons et des emplois s’effriteront ». Avant que ce dernier ne déclare laconiquement : « Si je savais toutes les contraintes relatives à l’impôt, je n’engagerai jamais autant d’employés », et de poursuivre : «  On emploie de bonne foi, mais les impôts et l’INPS nous envoient vers le précipice. J’ai peur d’embaucher désormais ».

 

 

Au Mali, la crise de confiance entre employeur et fisc affecte la politique de l’emploi et le secteur privé. Aussi, si l’APEJ, depuis des années, n’est qu’une agence de promotion des jeunes stagiaires sans emploi, c’est parce que la problématique entre emploi, investissement et allègement fiscal n’est pas résolue. L’impôt est-il réellement souple au Mali ? L’assiette n’est-elle pas bâtie sur la métropole qui n’a pas les mêmes réalités socio-économiques que chez nous ?

Or, plus l’impôt est léger, mieux les finances se porteront et les recouvrements faciles. Un impôt souple varie, selon les contextes. Et lorsque le taux d’imposition est faible, le recouvrement est facile et immédiat et les caisses de l’Etat renfloués. Résultats : les emplois sont créés.

 

 

 

Les effets pervers de la fiscalité

 

En alourdissant l’impôt, l’Etat réduit les revenus des entreprises nationales et privées. Ces revenus sont nécessaires pour la consommation (élévation du niveau de vie des ménages) et l’investissement (création d’emploi). Tous les spécialistes s’accordent à dire que tout allègement de la pression fiscale stimule l’activité car le surplus sert davantage à investir donc à créer de l’emploi.

 

 

 

Nos enquêtes ont prouvé par exemple que la BDM –sa, la BNDA, la CMDT, l’EDM-sa, l’INPS mais surtout la SEMOS de Sadiola ou la SOMILO de Loulo, des grandes sociétés promotrices, mais qui recrutent aujourd’hui peu ou procèdent par des stages renouvelables une fois. Seulement.

 

 

A Bamako l’ACI, Orange Mali et Sotelma sont devenues réticentes dans le domaine du recrutement. A l’inverse de l’AZI (Agence pour la gestion et l’aménagement des zones industrielles) qui a beaucoup recruté et même Ben and Co mais dont on ne sait pas si elle est amoureuse de l’INPS.

Il faut toutefois savoir que le poids de l’assiette fiscale tue les ambitions de ces sociétés pourtant honorables qui font la fierté du Mali.

 

 

Pour faciliter le financement de l’investissement, il faut abaisser l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Au Mali, on a souvent vu des agents du fisc se faufiler entre des sociétés, chantage interposé, s’enrichir sur le dos de l’administration fiscale.

 

 

Le Mali vient de passer une zone de turbulence avec les crises politico-économico-sociales : qu’est-ce que l’Etat malien a fait pour alléger l’assiette des sociétés et entreprises privées ? Rien. Face au chômage actuel, le gouvernement ne doit-il pas réfléchir sur le rôle macroéconomique des cotisations sociales des entreprises ? Ces cotisations, si elles sont lourdes, ne tuent- elles pas l’emploi ? Cela est d’autant plus inquiétant que c’est l’Etat lui-même qui harcelle les sociétés désormais hostiles au recrutement. Aussi, les prélèvements fiscaux indirects et sociaux entraînent des problèmes de compétitivité puisque l’investissement est nul.

 

 

En somme, l’intervention sociale de l’Etat s’impose pour la protection sociale des entreprises. C’est ça aussi la solidarité nationale en direction des sociétés. Les sociétés ont payé un lourd tribut des crises à répétition pour avoir continué à payer les salariés, financer l’économie et soutenir l’armée, toutes choses qui ont contribué à calmer le front social. N’est-ce pas Dioncounda Traoré ?

 

 

 

Issiaka Sidibé

 

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