Après le défaut de paiement de la Côte d’Ivoire en 2010/2011 lors de la crise post-électorale, le Mali se trouve dans une posture similaire. A quelques heures de l’échéance de remboursement d’une dette de plus de 27 milliards FCFA, le pays inquiète le marché monétaire. Une situation qui attire le regard sur une région où l’approche des élections présidentielles dans 3 pays alimentent les incertitudes.
Vaste pays du Sahel, le Mali est une économie à faible revenu, peu diversifiée et exposée aux fluctuations des prix des matières premières. Deuxième producteur africain de coton, le pays a été fortement impacté, comme toute la planète, par la crise socio-économique liée à la Covid-19. Avec le coup d’Etat du 18 août dernier, le marché financier malien déjà fragilisé par la crise sanitaire, voit son marché obligataire immobiliser suscitant la crainte des investisseurs. Cette actualité pourrait, à court et moyen terme, affaiblir tout le marché financier régional.
Selon la BCEAO, la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel du Mali est plutôt constante depuis 2016, oscillant autour de 5,5% et s’établissant à 5% en 2019. En raison de la crise sanitaire, la croissance du PIB devrait terminer l’année 2020 autour de 0,9%. Le taux d’investissement est croissant entre 2018 et 2019, passant de 20,5% à 22,6% du PIB.
Toujours selon la BCEAO, l’encours de la dette publique à fin 2019 était de 3 801,1 milliards de FCFA, soit 37,2% du PIB contre 36,9% en 2018. A titre de comparaison, celui du Benin s’établissait à 3 476,59 milliards de FCFA (https://www.sikafinance.com/marches/benin-le-stock-de-la-dette-publique-a-atteint-3-477-milliards-fcfa-en-2019_23466). Le service de la dette totale du Mali au 31 décembre 2019 était estimé à 538,5 milliards de FCFA contre 498,6 milliards de FCFA en 2018, soit une progression de 8,0%. Il a représenté 25,9% des recettes totales. Le service de la dette intérieure est ressorti à 398,8 milliards de FCFA, soit 74,1% du total du service de la dette publique en 2019. Au regard de ces données, le Mali se comportait plutôt bien économiquement avant la pandémie à coronavirus.
Un risque crédit noté B3 par Moody’s
Moody’s avait attribué l’année passée au Mali une première notation d’émetteur B3 en monnaie locale et en devises avec une perspective stable.
La perspective stable repose sur l’existence d’un rapport entre risques haussiers et baissiers que Moody’s perçoit comme équilibré à un niveau de notation souveraine B3. La persistance d’une croissance soutenue et une continuité dans l’orientation prudente de la politique budgétaire contribuent au maintien de la dette malienne à un niveau à la fois stable et à coûts faibles grâce aux prêts concessionnels mis à la disposition du pays.
Un coup d’Etat qui plonge le marché dans l’expectative
Le 18 aout dernier, un coup d’Etat militaire survient compliquant davantage la situation socioéconomique du pays. Sous la pression, le président malien Ibrahim Boubacar Keita démissionne et annonce la dissolution du gouvernement et de l’assemblée nationale.
De ce fait, la situation du pays sur le marché obligataire du pays évolue dans une période d’incertitude totale. À la suite de ce coup d’Etat, la CEDEAO prend la décision de suspendre toutes activités économiques avec le Mali et d’y imposer un embargo. Les prochaines adjudications du pays sont donc suspendues et reportées par la BCEAO. C’est déjà le cas pour l’émission simultanée (OAT 3 ans et OAT 5 ans) de 30 milliards de FCFA du 26 Août.
Le marché secondaire obligataire, où s’échangent les bons et obligations déjà émis sur le marché primaire, est donc bousculé de tout coté. Certains analystes financiers, traders et gestionnaires de portefeuille considèrent cet évènement comme un risque majeur. Ils conseillent et envisagent déjà de vendre, voir brader les titres du Mali présents dans leur portefeuille, tirant les taux de rendement maliens vers le haut.
D’un autre côté, nous avons les ” bulls “. Les bulls (taureaux en anglais) désignent les investisseurs optimistes et agressifs du marché, plus souvent axés sur le long terme, qui considèrent généralement qu’un marché, un secteur d’activité ou un titre bénéficiera tôt ou tard d’un vent favorable pour générer des gains. Cette catégorie d’investisseurs désire donc profiter de cette opportunité pour obtenir des titres du Mali à des prix bas donnant donc de meilleurs rendements à leurs portefeuilles. Eh oui ! Le marché est ainsi fait. Quand l’offre est intéressante, le vendeur trouvera toujours son acheteur, d’autant plus que l’Etat, quelque soit les circonstances, payera toujours son dû.
Un défaut imminent
Plusieurs émissions maliennes, d’un volume total de 161,81 milliards de FCFA, arrivent à échéance d’ici la fin d’année (Voir tableau).
Ce 2 septembre 2020, l’Etat du Mali doit faire face au remboursement d’une dette de 27,5 milliards de FCFA plus les intérêts associés. Et, durant le mois d’octobre, ce sont 32,5 milliards FCFA (+intérêts) que le pays devra débourser pour honorer ses engagements sur le marché monétaire. Cela sans compter les échéances relatives au marché financier obligataire. Et dans le contexte actuel, le défaut de paiement est inévitable et pourrait l’être également pour ce mois d’octobre. Le pays, rappelons-le, n’a pas pu lever un emprunt de 30 milliards FCFA initialement annoncé le 26 août et reporté à une date ultérieure.
Les investisseurs ayant acquis ces obligations et bons arrivant à échéance pendant cette période d’incertitude sont anxieux. Pour les ” bulls ” qui conserveront leurs titres, ils seront condamnés à patienter et à attendre la levée des restrictions dont le déblocage des fonds du Trésor malien à la BCEAO, pour un remboursement de leurs intérêts et capitaux investis. Il va sans dire que ces défauts de paiement qui planent sur le Trésor malien pourraient dégrader encore plus le risque pays du Mali et entraîner une réduction des investissements étrangers.
Il serait bien de rappeler qu’un cas de défaut de paiement a déjà eu lieu concernant la Côte d’Ivoire lors de la crise de 2010-2011 relativement à ses engagements sur le marché international. Depuis la date d’émission d’une obligation de 2,3 milliards de dollars (Code ISIN 144A : XS0496608984) qui arrive à échéance en 2032, plusieurs défauts de paiement sont survenus en raison des événements politiques en Côte d’Ivoire. A la reprise économique ivoirienne, le règlement des arriérés des coupons qui n’avaient pas été honorés sur la période a donc repris dès juin 2012.
2020 est une année déterminante, politiquement et économiquement, pour notre zone géographique. Nous avons 5 élections présidentielles en Afrique de l’Ouest d’ici la fin de l’année dont 3 dans la zone UEMOA (Cote d’Ivoire, Burkina et Niger). Au vu de l’impact économique et financier des sanctions et de l’embargo de la CEDEAO sur le Mali, la situation monétaire et obligataire de toute la zone UEMOA pourrait donc être à risque en raison des situations et tensions palpables inhérentes aux échéances politiques. Un risque obligataire planerait il sur la zone UEMOA ?
Yves T. Tétégan
Source: https://www.sikafinance.com/
IL EST IMPORTANT DE SAISIR LES COMPTES BANCAIRES DE TOUT LE CLAN /DES MILLIARDS Y GISENT…………ET C`EST URGENT TRÈS URGENT………….
En effet
On s’en fout!!!!!!!!!!!!!!!! On est prêt à souffrir pour que nos enfants et petits-enfants voient le bout du tunnel. Rien ne saura nous mettre la pression.
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