Mali-FMI : Le temps des leçons

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Le chef de la mission d'évaluation du FMI l'a déclaré hier à la presse
Le Chef de la mission d’évaluation du FMI (C)  face à la presse

Après avoir traversé une zone de fortes turbulences, les relations entre le Mali et le Fonds Monétaire International (FMI)   sont en train de renouer avec la normalité. Si l’on en juge, en tout cas, par la satisfaction affichée par son représentant, Christian Josz, à l’issue de la mission qu’il a conduite du 11 au 25 septembre dernier à Bamako.

 

Une mission qui lui a permis d’avoir des entretiens dans la perspective des première et deuxième revues du programme économique des autorités appuyé par la Facilité élargie de crédit du FMI approuvé en décembre 2013. La mission a été notamment reçue en audience par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et a rencontré le Premier ministre Moussa Mara, le ministre de l’Economie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, le Directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, le président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily, le président de la Section des comptes de la Cour Suprême, Kloussama Goïta, le Vérificateur Général, Amadou Touré et des représentants de l’Assemblée nationale, de la société civile, des syndicats, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers du Mali.

 

 

« La mission est parvenue à un accord qui permettra de proposer la conclusion des premières et deuxièmes revues du programme FEC. Ces revues seront soumises à l’approbation du Conseil d’administration du FMI en décembre 2014. Les problèmes relatifs aux dépenses extrabudgétaires – liées à un avion présidentiel et à un contrat militaire – qui avaient retardé la première revue, initialement programmée pour juin, ont été résolus…» peut-on lire notamment dans la déclaration qui a sanctionné la mission.

 

 

Nous étions de ceux qui pensaient que la suspension de l’aide du FMI à l’encontre du Mali participait d’une stratégie tous azimuts de pression de la communauté internationale, sous la férule de la France, en relation avec le dossier du Nord du Mali et ses enjeux géostratégiques-ce qui au demeurant n’est pas totalement faux à un autre niveau de lecture. Mais avec la tournure actuelle des choses, force est de constater, en toute objectivité, que cette mission historique de l’institution de Bretton Woods aura été salutaire, à plus d’un titre. Elle nous aura rappelé brutalement que les (mauvaises) habitudes ont la vie dure et que la croisade déclarée par IBK contre la corruption et la délinquance financière ne sera pas une partie de plaisir. Loin s’en faut. Il faudra plus qu’une profession de foi au torero de Sébénicoro pour mettre l’hydre à cent têtes hors d’état de nuire à nos maigres finances. Comment enlever de la tête des Maliens la mentalité selon laquelle l’Etat est une vache laitière qu’il faut traire jusqu’au sang sans passer par la manière forte, la pédagogie ayant suffisamment montré ses limites ? Alors que les finances publiques ne sont rien de moins que la somme du sang de tous les contribuables que nous sommes. Du sang que quelques aigrefins se croient assez malins pour sucer en toute impunité.

 

 

La nécessité de mener diligemment une enquête impartiale pour situer les responsabilités afin de sanctionner les vrais coupables tombe sous les sens. Autrement, les déclarations d’intention d’endiguer le fléau apparaitront aux yeux du citoyen lamba comme pure gesticulation de matador.

 

 

L’épisode nous aura aussi rappelé que la crise que nous avons vécue est une crise multifactorielle avec tout ce que cela suppose comme facteurs exogènes et endogènes, causes immédiates et lointaines. Et qu’il ne sert à rien de lancer la pierre à la « communauté internationale » si nous-mêmes nous ne balayions pas devant notre propre porte. Faire, en somme, notre autocritique pour avancer.

 

 

L’épisode jette également une lumière crue sur la vulnérabilité de notre économie et sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’aide au développement. A ce sujet, il sied de rappeler que notre économie est financée à hauteur de 40% par l’aide au développement. Ce qui est excessif pour un pays qui se veut indépendant. Viendrait-il, une seule seconde, à l’esprit d’un cadre du FMI, aurait-il la science infuse, d’aller dicter sa politique économique à la Chine, par exemple ? L’on sait très bien que l’empire du milieu vient de très loin et qu’il a trimé très dur pour en arriver à la place convoitée qui est la sienne aujourd’hui. Son « miracle » repose sur un fondement très solide sous-tendu par des valeurs comme le patriotisme, l’amour du travail bien fait, l’ordre et la discipline ; toutes choses qui manquent cruellement au Mali et aux Maliens d’aujourd’hui.

 

 

Nos décideurs seraient inspirés de faire preuve de volontarisme et chercher à accroitre l’épargne nationale pour financer le développement du pays, l’aide au développement ne venant qu’en appoint et dans le cadre de l’interdépendance universelle. Dans la même optique, ils se doivent de diversifier l’économie nationale tout en élargissant sa base productive. D’autant que Dieu, dans son infinie bonté, a doté le Mali d’immenses ressources agropastorales, minières et même humaines qui ne cherchent qu’à être valorisées pour hâter son décollage économique et social et à le propulser dans le club très envié des pays émergents. Mais pour ce faire, il faut de la bonne gouvernance, encore la bonne gouvernance et observer, au-delà du slogan, une intolérance zéro à l’égard de la corruption et de la délinquance financière.

 

 

Yaya Sidibé

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