Mali : le FMI m’a dit

7
Mali : le-FMI-m'a-dit
brahim Boubacar Keïta a été élu président du Mali en août 2013. © Vincent Fournier/JA

En 2013, la croissance économique du Mali n’a atteint que 1,7 %. Pour relancer la machine, le Fonds monétaire international conseille vivement aux autorités de remettre à plat la fiscalité et les tarifs de l’électricité.

 

“La persévérance est le talisman du chasseur”, dit un proverbe bambara. S’il veut se tirer d’affaire, le Mali devra s’en inspirer. Certes, de belles pluies et un cours de l’or avantageux lui avaient évité la récession en 2012. Mais le regain de croissance espéré à la suite de l’intervention militaire française n’a pas été au rendez-vous de 2013.

 

En effet, le rebond de l’industrie et des services a été annihilé par une météo défavorable et de mauvaises récoltes. On espérait une croissance de plus de 5% ; elle n’a été que de 1,7 %. Ce taux, inférieur à celui de l’accroissement de la population, signifie que les Maliens se sont appauvris. Les augures prévoient que la croissance atteindra 6,5 % cette année, la reprise de l’aide internationale aidant. Mais tout dépendra, encore une fois, de la saison des pluies.

 

Convalescence

Pour assister le pays dans sa convalescence, le Fonds monétaire international (FMI) a accepté de mettre entre parenthèses l’une de ses exigences : le budget de l’État sera “expansionniste”, c’est-à-dire en déficit de 5%, alors qu’il devait être en excédent. Dans d’autres domaines, en revanche, le Fonds maintient ses préconisations.

 

La première d’entre elles concerne la fiscalité. Les recettes de l’État “ont été inférieures de 5 % au montant prévu”, explique Christian Josz, le responsable de la mission du FMI à Bamako. La baisse des prix de l’or, en 2013, y est pour beaucoup, mais il faut aussi incriminer, dit-il, “les faiblesses de l’administration fiscale”.

 

Pour les pallier, tous les responsables de l’administration des impôts ont été remplacés. Désormais, le recoupement des informations du fisc, des douanes et des marchés publics permettra de réévaluer les impôts des sociétés à leur juste niveau.

 

Hausse des tarifs

La deuxième recommandation concerne l’électricité. Incapable de fournir du courant aux particuliers et aux entreprises qui en ont besoin, Énergie du Mali (EDM) perd beaucoup d’argent.

 

Avec des tarifs qui n’ont pas augmenté depuis 2003, elle vend son kilowattheure 95 F CFA (un peu moins de 0,15 euro), alors qu’il lui coûte 145 F CFA. Conséquence : l’entreprise n’a pas les moyens d’investir pour apporter l’électricité aux 80 % de la population qui en sont privés.

 

Pourtant, “la subvention qu’elle reçoit chaque année de l’État équivaut au budget annuel de la santé !” souligne Christian Josz. Le FMI et la Banque mondiale plaident pour une hausse des tarifs, que le gouvernement a limitée pour l’instant aux entreprises, et uniquement en période de pointe. Il faudra, un jour, faire preuve de plus de courage en la matière.

 

 

Parmi les autres sujets de préoccupation figure la corruption. Pour que l’aide internationale soit efficace, elle ne doit pas se concentrer à Bamako, mais être décentralisée. Or, c’est dans les villages que les tentations seront les plus fortes…

 

Aide décentralisée

Enfin, il y a le Nord, dont le développement constitue un énorme défi et ne se limite pas à la question sécuritaire.

Quels services publics apporter aux nomades ? “Ils ont du mal à envoyer leurs enfants à l’école, explique Sébastien Dessus, économiste en chef pour le Mali, le Tchad, la Guinée et le Niger à la Banque mondiale. Il faudrait imaginer des services mobiles pour les accompagner.”

 

Quelles activités créer dans cette zone désertique où prolifèrent les trafics en tous genres ? “Il est vrai que cette contrebande est nuisible aux finances de l’État malien, répond Sébastien Dessus, mais elle permet aux populations locales de profiter du trafic des produits algériens subventionnés, biens alimentaires et pétroliers notamment. Il ne faut donc pas la combattre trop sévèrement car elle permet de survivre.”

 

Chantiers

Apporter des services publics aux nomades, créer des activités en zone désertique : quel pari !

L’économie du Nord reste un sujet éminemment politique. Et il n’y a pas de relance possible sans une aide internationale vigoureuse et soutenue. Officiellement, cette aide de 3,25 milliards d’euros sur cinq ans a été promise lors de la conférence de Bruxelles du 15 mai 2013, dans le cadre du Plan de relance durable.

 

“La volonté politique est indéniable, analyse Christian Reboul, de l’ONG Oxfam France. Mais on peine à comprendre s’il s’agit de nouvelles mesures. Sur le papier, l’apport de la France est très élevé, avec 380 millions d’euros promis. Mais la majeure partie de cette somme sera déboursée sous forme de prêts et non de dons. Et elle prend en compte des projets déjà engagés, comme la station de traitement des eaux de Kabala, à Bamako. En fait, la France gère sa pénurie budgétaire.”

 

Le chemin de la croissance et de la démocratie est encore long. Les Maliens devront se montrer aussi tenaces que le chasseur bambara pour mener à bien les innombrables chantiers qui consolideront leur développement.

 

Source: jeuneafrique.com

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. TOUS CES CHIFFRES NE SONT QUE DES…CHIFFRES!!!! CESSEZ DE NOUS CASSER LES OREILLES!!!! SEULS LES DEUX ELEMENTS SUIVANTS SONT EXTREMEMENT IMPORTANTS POUR SAVOIR L’ETAT DE SANTE’ DE L’ECONOMIE D’UN PAYS:
    1- EST-CE QUE LA MARMITE FAMILIALE EST REMPLIE OU VIDE?
    2- EST-CE QUE CELLES ET CEUX QUI SONT CAPABLES DE TRAVAILLER ONT DES BOULOTS? LE RESTE N’EST QUE FOUTAISE!!!!! LES PAYS PAUVRES NE CONTROLENT AUCUNE DES REGLES DU MARCHE’ MONDIAL! ILS NE CONTROLENT NI LES PRIX DES MATIERES PREMIERES QU’ILS PRODUISENT NI LES PRIX DES PRODUITS FINIS QU’ILS ACHETENT!!!
    ALLEZ PETIT KEITA COCHON, ON NOUS FAIT SAVOIR QUE NOUS SOMMES PLUS PAUVRES QU’UNE PROS.TI.TUE’E QUI VIENT D’ACCOUCHER! D’OU’ LE PROBLEME AVEC L’ACHAT DE L’AVION PRESIDENTIEL!!!!!
    QUE CES INSTITUTIONS FINANCIERES CRIMINELLES QUI NOUS NIQUENT DEPUIS DES ANNE’ES, NOUS LAISSENT RESPIRER!!!!

  2. heee ladji, vous vous permettez de dilapider 20 milliards de notre tresor public pour chier dans un boeing par des va t-en en promenades (d’autres vendent pour nourrir leur pays) et vous nous sortez le FMI m’a dit:…..coupures et augmentations.
    Quel culot nos dirigeants (le chef de l’etat en particulier) ont face au peuple. Quel culot ce mec a face a son peuple.

  3. Il suffit que nous travaillons sérieusement pour compter sur notre propre force et finir avec ce FMI, cette Banque Mondiale et les partenaires bilatéraux. Tant que nous refusions de produire nous même en se basant sur uniquement sur

  4. Le problème d’EDM est avant tout celui de mauvaise gestion.
    Cette entreprise doit être restructurée intégralement. L’Etat doit mettre des gens compétents, dynamiques et surtout intègres à la direction de cette structure.
    Halte à la surfacturation des hydrocarbures et autres matériels vendus à EDM. Cette dernière est trop importante pour le développement du Mali pour la laisser aux mains de son personnel incapable et corrompu:-(

  5. Papa (fmi) m’a dit. Eh oui il te le répète tout les jours. Par ailleurs **le chemin de la croissance et de la démocratie est encore long**bien sur que oui quand on a un Ladji Bourama comme président,qui ne doit son élection qu’au saint esprit. Un président qui ne veut pas être président de tout, chef de tout et en définitive responsable de rien.Ce n’est jamais lui, hier c’était le président ATT, aujourd’hui c’est Tatam Ly , demain çà sera Mara et après demain çà sera le peuple ou je ne sais quoi d’autres. Il est temps qu’il retrouve le fil de la raison. son sort m’inquiète beaucoup, en fin du moins c’est le sort du pays.

  6. Le gouvernement une politique de maitrise,d'assainissement et de distribution equitable de l'eau.En mettant en place une politique concrete adaptee aux realites du Mali,nous allons notre dependance de la pluviometrie.

  7. “Conséquence : l’entreprise n’a pas les moyens d’investir pour apporter l’électricité aux 80 % de la population qui en sont privés.

    Pourtant, « la SUBVENTION qu’elle reçoit chaque année de l’État équivaut AU BUDGET ANNUEL DE LA SANTE !”
    😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯

    Il suffisait de le savoir!… 🙄 🙄

Comments are closed.