Mag’Economie : Commerce des produits de base : Une opportunité pour faire reculer la pauvreté

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Les récentes envolées des cours de ces produits offrent l’occasion aux pays en développement d’améliorer leurs recettes d’exportation et de stimuler la croissance.

La part des pays en développement dans le Produit intérieur brut (PIB) mondial en 2005 calculé en parité de pouvoir d’achat a été pour la première fois supérieure à celle des pays développés selon une note d’information publiée en mars 2007 par le secrétariat de la Conférence des nations sur le commerce et le développement (CNUCED). Cette évolution est particulièrement importante pour l’économie mondiale des produits de base. Les pays en développement utilisent davantage de produits de base par unité de PIB que les pays développés (même quand le PIB est calculé en parité de pouvoir d’achat). Il faut signaler que l’utilisation des parités de pouvoir d’achat dans ce contexte est importante pour la simple raison, qu’elle permet d’attribuer un poids propre à la partie de la production de produits de base des pays en développement qui ne fait pas l’objet d’échanges commerciaux internationaux. Une telle situation devrait donc, si elle continue d’aller de pair avec une accélération de la croissance économique des pays en développement, stimuler la demande de produits de base. Il faut préciser que les pays en développement dont la croissance est la plus rapide et l’économie la plus forte, notamment la Chine et l’Inde, traversent une phase de croissance au cours de laquelle la demande de produits de base augmente à un rythme particulièrement soutenu, ce qui a contribué ces dernières années à une hausse rapide de la demande mondiale concernant la plupart de ces produits. Le commerce entre les pays en développement représente une part croissante du commerce total des produits de base, selon des calculs effectués par le secrétariat de la CNUCED. Et, si les tendances actuelles se confirmaient, les acteurs économiques des pays en développement joueront un rôle plus important dans le commerce des produits de base et dans l’économie liée à ces produits elle-même, notamment pour ce qui est des éléments les plus dynamiques de cette économie. Cependant, le système de règles et d’institutions régissant ce commerce a été conçu par les acteurs économiques des pays développés, qui ont tenu compte des besoins qui leur étaient propres. La tâche importante qui incombera à la communauté internationale dans les années à venir sera de faciliter, y compris par la conception des politiques et le renforcement des capacités, les changements institutionnels nécessaires pour rendre compte de l’importance croissante des pays en développement dans l’économie mondiale des produits de base.

Tendances des prix. La croissance rapide de la demande de produits de base a automatiquement influé sur les cours et les indices des prix de tous les groupes de produits de base, qui ont augmenté durant ces dernières années. Cependant, les mêmes sources d’ajouter, que l’envolée des prix des produits de base depuis le début du nouveau millénaire a résulté principalement de la hausse des cours des minéraux, minerais et métaux et du pétrole brut, qui a été respectivement de 41 % et de 27 % par an entre 2003 et 2006. L’indice des prix des minéraux et des métaux a atteint des niveaux records en 2006 (environ 240 % du niveau moyen entre 2000 et 2005). De tels cours ont conduit les sociétés minières à engager la plus forte concentration jamais observée dans cette branche de production du point de vue de l’importance et du nombre des accords. La tendance est à la création de groupes miniers aux intérêts diversifiés pour divers minéraux, l’objectif étant de réduire le risque de fluctuation des cours. L’indice pour tous les groupes a révélé un taux de croissance annuel de 20 % entre 2003 et 2006, contre +2 % entre 1994 et 1997, précédent niveau record de l’indice. Cependant, bien que le niveau de l’indice des prix des produits alimentaires et des matières premières agricoles ait été supérieur en 2006 au niveau moyen observé entre 1994 et 1997, il a été inférieur en moyenne entre 2003 et 2006 à ce qu’il avait été entre 1994 et 1997. En 2006, la valeur moyenne de l’indice des prix des produits alimentaires a été supérieure de 20 % à ce qu’elle avait été en 2005. L’indice des prix des matières premières agricoles a surtout été déterminé par le marché du caoutchouc. Même si la tendance semble avoir évolué au cours du deuxième semestre, le cours du caoutchouc reste très élevé (environ 40 % au-dessus du niveau de 2005). La hausse des prix peut s’expliquer par l’effet combiné de l’explosion de la demande en Chine et de la hausse des cours du pétrole, qui ont rendu le caoutchouc synthétique moins compétitif. Concernant les boissons tropicales, les cours avaient tellement baissé entre 1997 et 2002 (-50 %) que la forte remontée qui a commencé en 2003 (+41 %) n’a pas permis à l’indice de retrouver son niveau précédent. Récemment, d’amples variations ont été observées à l’intérieur du groupe, les cours du café robusta s’orientant nettement à la hausse alors que ceux de l’arabica montraient une tendance inverse. Si la vigueur du taux de croissance des pays en développement a été la cause principale des récentes hausses des cours des produits de base, une intense activité de spéculation a considérablement favorisé cette hausse. A la différence des périodes précédentes, cette activité a surtout été le fait d’acteurs économiques extérieurs au secteur, qui ont investi dans les indices de produits de base. En juin 2006, ces indices représentaient la moitié des 200 milliards d’euros investis dans les produits de base à l’échelle mondiale.

TROIS GROUPES DE PAYS. Les effets de la hausse des cours des produits de base sur les termes de l’échange ont varié d’un pays en développement à l’autre, selon la structure des exportations et des importations de ces pays. A cet effet, trois principaux groupes de pays peuvent être distingués. Le premier groupe est constitué des pays en développement qui exportent essentiellement du pétrole et des produits de l’extraction minière, dont le Mali. Ce groupe a été le premier bénéficiaire de la hausse des cours des produits de base. Pour les pays exportateurs de pétrole, par exemple, le surcroît de recettes d’exportation a représenté environ 6,7 % du PIB. Pour les pays qui exportent des produits de l’extraction minière, le gain, bien que moindre, a néanmoins été important, les recettes exceptionnelles ayant représenté environ 3 % du PIB entre 2003 et 2005. Le deuxième groupe comprend les pays en développement qui exportent essentiellement des produits manufacturés et importent des matières premières. A la différence du premier groupe, ces pays, qui regroupent la plupart des pays d’Asie de l’Est et du Sud, ont généralement été victimes de la hausse des cours des matières premières. Ils ont subi des pertes relatives de recettes avoisinant 1 % de leur PIB par an entre 2003 et 2005. Le troisième groupe concerne les pays en développement qui exportent des produits agricoles. Pour ces pays, l’évolution des termes de l’échange a surtout dépendu des cours des produits de base qu’ils ont exportés et de la part du pétrole dans leurs importations totales. En 2005, par exemple, les termes de l’échange des pays exportateurs de café ont eu tendance à s’améliorer, alors que ceux des pays exportateurs de coton ou de soja se sont détériorés. Bien que les perspectives de poursuite d’une croissance rapide dans les pays en développement d’Asie constituent un élément positif pour ce qui est des cours des produits de base, les raisons structurelles qui expliquent la tendance historique des prix réels à baisser − facilité d’entrée, produits normalisés et marchés relativement transparents qui rendent difficile pour les vendeurs de réaliser des gains de productivité − demeurent présentes et il est probable que leur influence se fera sentir lorsque la capacité de production rattrapera la croissance de la demande tirée par l’Asie. En outre, en dépit des hausses, les prix réels des produits de base sont encore inférieurs à ce qu’ils étaient au plus fort des deux précédents chocs pétroliers. Par conséquent, il est peu probable que les récentes envolées des cours constituent une rupture de la tendance à la baisse à long terme des prix réels des produits de base. Cela dit, les pays en développement devraient profiter de cette occasion pour s’attaquer à d’urgents problèmes de développement et mettre en œuvre des programmes de partage des bénéfices avec les couches défavorisées de la société et les petits producteurs. Les pays tributaires des produits de base auraient ainsi de meilleures chances de pouvoir s’engager sur la voie d’une croissance durable.

Synthèse

A. O. Diallo

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