Peu exigeante, elle pousse sur la terre pauvre dans les zones de prédilection.
Le fonio est une céréale fortement consommée pendant les fêtes religieuses et les cérémonies chez nous. Pendant les mariages, les baptêmes ou encore à l’occasion d’un décès, le fonio est servi sous sa forme culinaire de “Djouka”. En d’autres circonstances, il est servi sous forme de couscous, de bouillie, de tô, de beignets et même de dèguè. Cette diversité de recettes aide les populations rurales à juguler la pénurie des grains dans la période de soudure. Les spécialistes décrivent cette spéculation comme une petite plante herbacée annuelle de 30 à 80 cm de hauteur, dont l’épillet comprend une fleur stérile et une fleur fertile qui donnera le grain de fonio. Ses longues racines puisent l’eau et les nutriments du sol jusqu’à trois mètres de profondeur, faisant ainsi de lui une plante remarquablement résistante qui ne requiert aucun traitement spécifique. C’est dire qu’il s’agit d’une plante parfaitement adaptée aux zones sèches à sols pauvres. Les rendements du fonio sont variables selon les zones de production : de 300 kg à une tonne à l’hectare. Cultivé à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, le fonio, avec ses petites graminées, ressemble beaucoup à une herbe sauvage de la savane. Dans le septentrion, il pousse par endroit à l’état sauvage. Ses épis sont une nourriture privilégiée pour les animaux. A maturité, elle porte des petits grains minuscules qui, à la cuisson, forment une semoule fine et légère.
CULTURE TRES ANCIEN-NE. Dans les zones rizicoles du nord comme Diré, le fonio est considéré comme une herbe nuisible qui pousse avec les épis de riz. Pour ne pas gêner la croissance normale des épis de riz, les producteurs préfèrent enlever le fonio. L’herbe est ensuite transportée au marché par les jeunes pour la vendre en petit tas à raison de 50 à 100 Fcfa. En dépit de son ancienneté, de l’étendue de sa zone de production, et de son importance pour la sécurité alimentaire, la culture du fonio est resté peu connue comparativement au sorgho, au mil, au maïs et aux cultures de rente (café, arachide…). Cela reste étonnant au regard de l’importance du fonio pour les paysans africains. Pourtant, selon un ancien producteur de fonio à Kéniéba, dans la région de Kayes, la culture du fonio est peu exigeante poussant ainsi sur la terre pauvre dans les zones de prédilection (500 à 1100 mm). Selon les statistiques, la consommation au Mali est de 4,38 kg/habitant/an contre 43,55 kg/habitant/an pour le riz. Notre pays est avec la Guinée les plus importants foyers de diversité pour cette culture qui a toujours été considérée comme une culture secondaire, bien que jouant un très grand rôle sur le plan diététique. En effet, le fonio est conseillé aux diabétiques. Son rendement est bien inférieur aux autres cultures vivrières que nous pratiquons couramment chez nous. Pour cause, son poids est très léger. Selon des études faites en 2005 par l’IER, Kayes faisait 654 kg à l’hectare pendant que Koulikoro récolte 1059 kg sur la même surface. Mopti ne faisait que 400 kg sur chaque hectare. Mais, la filière fonio est confrontée à des contraintes telles que le manque de semences et d’itinéraires techniques améliorés pour la production, les difficultés de récolte (fauchage et battage), selon les techniciens de l’Institut de l’Economie rurale (Ier). Parmi les contraintes figurent également le faible niveau de transformation (décorticage, nettoyage, lavage et séchage) et la faible promotion du produit. Selon Djibril Dramé de l’IER, le fonio est certainement la plus ancienne céréale cultivée en Afrique de l’ouest. Certains vont jusqu’à considérer que sa domestication par l’homme daterait de plusieurs millénaires. Le fonio serait donc l’une des cultures les plus anciennes au monde. Les experts estiment que le fonio qui est cultivé un peu partout en s’accommodant de conditions de culture, doit d’avantage être mise en valeur au grand bonheur des pays pauvres.