Le Premier ministre, Modibo Kéita, a rappelé que le rôle des femmes dans la sauvegarde de la paix et de la sécurité de même que leur implication dans
l’amélioration des conditions de vie des populations sont reconnus à travers le monde
Pour assurer le leadership et la contribution des femmes à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent et pour la paix et la sécurité dans le Sahel, le G5 Sahel et ONU Femmes, en partenariat avec UNOWAS et l’Union africaine, organisent depuis hier un dialogue politique de haut niveau. La cérémonie d’ouverture à Azalaï Hôtel Salam était présidée par le Premier ministre Modibo Keïta. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, de la directrice régionale de ONU Femmes, Mme Diana Ofwona, du secrétaire permanent du G5 Sahel, Najim El Hadj Mohamed, de l’ambassadeur du Japon au Mali, Daisuki Kuroki, du représentant de l’envoyée spéciale de l’Union africaine pour les Femmes, la Paix et la Sécurité, Dr Jean Bosco Butera.
Premier du genre, ce forum de deux jours permettra aux acteurs de lancer les débats de manière spécifique sur le rôle de la femme dans la lutte et la prévention de l’extrémisme violent. Mais aussi d’identifier les lignes directrices quant aux stratégies politiques, programmes et ressources appropriées pour la promotion du leadership effectif des femmes sahéliennes dans le combat contre l’extrémisme violent et assurer leur participation effective à toutes les instances de prise de décision des pays du G5 Sahel. Dans son discours, la directrice régionale de ONU Femmes a fait un rappel sur la complexité des crises que rencontrent les pays du G5 depuis les conséquences de la crise libyenne, l’expansion de Boko Haram jusqu’aux évènements qui ont bouleversé le Mali en 2012 et la naissance de plusieurs mouvements dans la région. Pour Mme Diana Ofwona, ces différentes crises, qui ne font que dégrader la situation sécuritaire au niveau de la bande sahélo-saharienne, ont des causes multidimensionnelles comprenant des aspects politiques, sécuritaires, humanitaires, sociaux et religieux. Cette fragilisation, a-t-elle précisé, est caractérisée par une recrudescence des actes qui n’ont rien de religieux dont des tueries de masse, les trafics de drogue, des viols individuels et collectifs, de l’esclavage sexuel des femmes et des filles et autres formes de violences à l’égard des femmes.
Par ailleurs, la directrice régionale de ONU Femmes a souligné que la sécurité dans la région est menacée et que les femmes, en tant que citoyennes, épouses et mères ne peuvent pas rester les bras croisés. Elles ne peuvent non plus être mises en marge dans cette lutte pour la paix car elles disposent d’un grand potentiel. «Le grand risque lié à l’extrémisme violent est le recul des avancées en matière de genre et d’avancement des droits des femmes », a dit Mme Diana Ofwona, ajoutant que les femmes sont engagées à apporter leur pierre à l’édifice de la paix. Pour cela, elles ont besoin d’un point d’appui, de l’espace et d’un environnement favorable à leur leadership.
Climat de paix et de sécurité. Après avoir remercié le gouvernement malien pour avoir accepté encore une fois de plus d’abriter à Bamako un événement du G5 Sahel quelques jours seulement après le sommet des chefs d’Etat, le secrétaire permanent du G5 Sahel a expliqué que la radicalisation et l’extrémisme violent constituent, de nos jours, une des manifestations les plus insidieuses du terrorisme qui n’épargne de nos jours aucune partie du monde et aucune couche de la société. C’est pourquoi, il a salué la tenue de ce dialogue politique. Aussi, Najim El Hadj Mohamed s’est-il réjoui de l’existence de la Convention pour l’élimination de toutes formes de discriminations contre les femmes (CEDEF) et son protocole facultatif, les différentes résolutions des Nations unies relatives à la participation des femmes au processus de paix et à la sécurité, et plus récemment le plan d’action du secrétaire général pour combattre l’extrémisme violent. Sans compter les actions au niveau régional et national parmi lesquelles, la création du G5 Sahel et le développement de ses programmes qui présentent une opportunité pour renforcer les actions de promotion du droit des femmes et de prévention de l’extrémisme violent. Najim El Hadj Mohamed a aussi exhorté l’ensemble des acteurs à continuer sans relâche dans la voie qu’ils viennent de tracer en inscrivant leurs actions dans la durée, en veillant eux-mêmes à ce que le dispositif de suivi évaluation qu’ils ont adopté soit traduit dans les faits à l’égard de toutes les catégories auxquelles il est applicable. Il a, enfin, invité à faire en sorte que la Déclaration de Bamako sur « Genre et radicalisation » puisse avoir le maximum d’écho aussi bien dans la sous-région qu’en Afrique et au-delà.
Après avoir souhaité la bienvenue aux différentes délégations venues à Bamako, le Premier ministre a indiqué que leur présence est un témoignage éloquent de leur volonté commune de contribuer efficacement à la création d’un climat de paix et de sécurité dans l’espace sahélien. Modibo Kéita a rappelé que le rôle des femmes dans la sauvegarde de la paix et de la sécurité de même que leur implication dans l’amélioration des conditions de vie des populations est reconnu à travers le monde et ce rôle a fait l’objet d’analyse dans des forums organisés au niveau local, national, sous régional, régional et international. Pour le chef du gouvernement, la première étape pour lutter contre l’extrémisme violent, c’est de s’attacher de façon indéfectible au respect de la loi et de la légalité et les femmes sont bien indiquées pour participer à cela. «Elles sont les gardiennes des valeurs du passé, elles savent construire le futur, elles savent aussi incarner la générosité et la solidarité », a-t-il indiqué, avant d’inviter les participants à proposer des mesures dont la mise en œuvre contribuera incontestablement à renforcer le leadership des femmes.
A. D. SISSOKO