A la loupe : Conférence de Bruxelles, un an après

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Photo de famille des donateurs (afp)
Photo de famille des donateurs (afp)

Il y a un an, jour pour jour, se tenait à Bruxelles (Belgique) la conférence des bailleurs de fonds sur le Mali. Cela se passait en pleine transition et, à la demande du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, la communauté internationale avait décidé de se pencher sur le cas malien, notamment en trouvant les voies et moyens de sortir le pays de la grave crise institutionnelle, politique et sécuritaire dans lequel il était plongé depuis le renversement d’Amadou Toumani Touré, président démocratiquement élu et dont le second mandat arrivait à terme.

 

Ce 15 mai 2013, la communauté internationale avait promis de financer la feuille de route de sortie de crise. 3, 2 milliards d’euro, soit plus 2 000 milliards de F Cfa ont ainsi été annoncés pour la reconstruction du Mali. Avec comme actions prioritaires : réformer l’armée, faire revenir 400 000 à 500 000 déplacés et réfugiés qui avaient fui le nord aux mains des rebelles et jihadistes, impulser le développement par le dialogue politique et le renforcement de la démocratie, organiser les élections générales notamment la présidentielle sur tout le territoire national, consolider le processus de décentralisation en transférant 30%des ressources budgétaires aux collectivités territoriales. Mais dans l’immédiat, les représentants maliens, Dioncounda Traoré en tête, se devaient d’obtenir le bouclage des budgets annuels 2013 et 2014 pour un montant de 388 millions d’euro. Ce qui a été fait dès les lendemains de la conférence. Un an après, où en est la mise en œuvre de la feuille de route ?

 

Grâce aux efforts humains, financiers, matériels et techniques de l’Union européenne, la réforme des forces armées et de sécurité du Mali est en cours, mais déjà, plusieurs contingents de centaines de personnes ont été formés et sont opérationnels. Certains ont été redéployés dans le nord.

 

Concernant le retour des déplacés, l’opération est presque bouclée grâce à l’administration mais, surtout à des ONG internationales. Pour les réfugiés, leur nombre est encore important dans les pays d’accueil.

 

Réformes

Certains déplacés et réfugiés ont pu prendre part aux opérations électorales. Mais si l’élection présidentielle a pu se tenir comme prévu à la date du 28 juillet dernier, cela est dû essentiellement à Tiébilé Dramé, président du parti Parena, nommé, deux jours avant la conférence de Bruxelles, conseiller spécial du président de la transition chargé d’engager les contacts nécessaires avec les groupes armés du nord pour que les élections puissent se tenir sur toute l’étendue du territoire national. Grâce à ses efforts, un accord a été signé entre le gouvernement de transition et des groupes armés terroristes touareg, à Ouagadougou. C’est donc grâce à lui que la présidentielle a pu se tenir et a enregistré un fort taux de participation. Dans la foulée, ont été organisées les élections législatives, à la satisfaction de la communauté internationale qui n’a véritablement commencé à débourser ses sous qu’après l’investiture d’IBK, en septembre.

 

Les élections ont eu lieu et la réforme de l’armée est en cours mais il reste la réconciliation nationale et la reconstruction du nord. Deux départements ministériels ont été créés pour ces deux programmes mais sont butés à cette difficulté majeure : il ne saurait avoir de reconstruction sans réconciliation car c’est dans la sécurité et la paix qu’on peut travailler. La ville de Kidal est toujours entre les mains de groupes terroristes (Mnla et Hcua), l’insécurité est résiduelle mais existe toujours dans le nord, les négociations piétinent depuis l’élection d’IBK, le nouveau président semble n’avoir aucune stratégie de sortie de crise. Ce qui fait que présentement, il n’y a pas de dialogue politique entre les belligérants.

 

Cependant, en cela, le Président Kéita est en phase avec une très grande partie de l’opinion nationale qui ne veut pas de dialogue en dehors du Mali, qui ne veut pas de négociation avec des groupes qui refusent de désarmer, qui ne veut pas négocier un statut particulier des régions du nord. Mais surtout, l’opinion malienne ne veut aucune négociation avec des groupes armés terroristes, qu’ils soient Touareg, Arabes, Songhay, Peuhl ou autres.

Un des objectifs essentiels du plan de relance du Mali, c’est la poursuite du processus de décentralisation. Les élections communales, qui devaient permettre aux collectivités territoriales de se doter d’organes élus, ont été repoussées, retardant le transfert des ressources budgétaires.

 

Bientôt un hélico présidentiel

Mais la question que se pose la quasi-totalité des Maliens, c’est de savoir si ces milliers de milliards de F Cfa promis ont été effectivement mobilisés ou décaissés.

Le train de vie du nouveau président (location de jets privés, achat d’un second avion présidentiel à la casse, aménagement de sa résidence privée, et, peut-être achat d’un hélicoptère pour ses déplacements urbains, etc.) peut laisser penser que le Mali a bénéficié de cette manne, surtout que le FMI, à en croire certaines informations, serait en train de demander des comptes au gouvernement malien.

 

Selon des experts, les décaissements sont échelonnés sur plusieurs années. Toutefois, ils ont connu un début d’exécution et IBK peut bien se permettre d’acheter un hélicoptère pour ses déplacements en ville. A condition d’avoir suffisamment d’héliport.

 

Cheick TANDINA

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