Dans leur volonté de construire un espace économique viable, les Chefs d’Etat de la zone CEDEAO ont adopté le 29 mai 1979 un protocole sur la libre circulation des personnes et des biens. Mais, voilà que 35 ans après l’adoption de ce protocole qui allait aider à la construction d’une CEDEAO des peuples, qu’il ne connaît qu’une application timide.
Et, c’est pour pousser les Etats de l’Afrique de l’Ouest à passer à la vitesse supérieure pour l’application du protocole sur la libre circulation des personnes et des biens et ses textes additionnels que des organisations de la société civile se mobilisent en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger et au Sénégal. Sous la bannière de « Loujna-Tounkaranké », elles ont déclenché une campagne de plaidoyer à l’endroit des décideurs à travers une semaine de mobilité régionale, qui vise à abolir les entraves à la libre circulation dans l’espace CEDEAO. Dans le cadre de cette campagne, la salle de conférence de la Maison des jeunes de Bamako, a abrité la semaine dernière une conférence débat sur le thème : « Protéger les droits des migrants, c’est protéger nos citoyens dans l’espace ». Présidée par Baba Moulaye Haïdara, chef de cabinet du ministère des Maliens de l’extérieur, la conférence a enregistré la présence de M. Pierre Zerbo de l’Ambassade du Burkina Faso au Mali, de Ousmane Diarra, président de l’Association Malienne des Expulsés, de Zinahab Patrice Boukar, secrétaire général de l’Association des Refoulés de l’Afrique Centrale au Mali et de Lassinè Coulibaly, représentant de la CEDEAO. Il faut signaler la participation des syndicats des chauffeurs routiers de Sogoniko et de Djicoroni Para, représentés respectivement par Abdoulaye Bagayoko et Fodé Keita. Le secrétaire général de l’ARACEM a dénoncé les difficultés enregistrées dans la libre circulation des personnes et de leurs biens, sur le continent, en général, et dans l’espace CEDEAO, malgré un Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens, ratifié par l’ensemble des pays membres depuis 35 ans. Avant de plaider pour une large sensibilisation du public sur le Protocole de la CEDEAO, en ce qu’il offre comme droits et devoirs pour les populations. Ousmane DIARRA, Président de l’AME, pour sa part, est monté au créneau contre les rackettes des forces de sécurité sur les routes et aux barrages routiers de l’espace. « Les entraves à la libre circulation des personnes peuvent également être à l’origine des migrations vers l’Europe », a-t-il ajouté. Avant de dénoncer le verrouillage des frontières européennes avec la complicité de pays « tampons », avec comme conséquences plusieurs pertes en vie humaines, dans le désert et dans les océans. Pour faire face aux obstacles dans la mise en application correcte du protocole de la CEDEAO, Ousmane Diarra a souhaité une franche collaboration entre la société civile, les décideurs, les syndicats des transporteurs routiers. Fodé Keita, représentant du syndicat des transporteurs routiers de Djicoroni-Para, a estimé que toutes les difficultés qu’ils subissent sur les routes de la sous régions, sont connues par toutes les autorités. En plus des pertes de temps et de pertes considérables d’argent dues aux prélèvements illicites, il dira que les transporteurs de la sous région n’arrivent pas à joindre les deux bouts. « Les rackettes sont trop flagrantes au point que même si ton véhicule est en règle, on t’oblige à mettre la main à la poche pour pouvoir passer », a-t-il dénoncé. Après avoir abondé dans le même sens que son confrère syndicaliste, Abdoulaye Bagayogo dénoncera le fait qu’il ne suffit pas d’avoir le prix du billet pour voyager. Selon lui, il faut aussi avoir de quoi arranger les postes de contrôle. « Il faut aussi avoir de quoi payer le prix de la cigarette pour les douaniers ou gendarmes pour pouvoir passer », a-t-il regretté. Bien qu’il reconnaisse qu’il y a des entraves, le représentant de la CEDEAO a souhaité la multiplication des espaces de dialogue pour pouvoir éradiquer les problèmes. « Les responsables de la CEDEAO ont beaucoup d’ambitions pour la promotion de libre circulation des personnes au sein de cette organisation », a-t-il indiqué. Le diplomate du Burkina Faso, a admis les difficultés et les rackettes, mais il a estimé qu’il revient aux populations de prendre les dispositions pour être en règle avant de voyager.
Assane Koné