Par des moyens déguisés, le Rassemblement pour le Mal, tente, depuis quelques semaines, de mettre la pression sur l”Etat pour qu”il mette à la disposition des partis politiques l”aide publique au compte de l”année 2007. Il argumente que cela est d”autant plus nécessaire et logique que les formations politiques ont grand besoin d’ argent en ces périodes électorales.
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Le parti du Tisserand, qui va jusqu”à insinuer une rétention desdits fonds au nom d”un plan d”affaiblissement des partis supposés être de l”opposition, mène en fait un combat qui intéresse tous les partis. En effet, à une semaine de l”ouverture de la campagne pour les élections législatives, ce sont les fonds qui manquent le plus au niveau de ceux-ci, de sorte que les candidats sont seuls à mettre la main à la poche.
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Mais la crise financière n”a pas la même gravité partout. Dans les partis considérés comme les plus importants de la place, on apporte quelque soutien aux candidats. A l”Adema Pasj, selon les localités, un certain nombre de moyens matériels et financiers sont mobilisés. « Nous allons accompagner tous nos candidats pendant la campagne en terme de présence à leurs côtés et de logistique », assure le président Dioncounda Traoré. Même démarche à l”Urd, au RPM, au CNID Faso Yiriwa ton. Justement, d”après des candidats du parti de Me Tall rencontrés le week-end dernier, pour les localités, il est prévu, en plus de la liquidité, la dotation des structures locales en moyens de déplacement.
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" Nous devons avoir deux motos par circonscription et quelques millions pour battre campagne. Certains candidats n”ont de capital que leur aura " se plaint une candidate du parti du Soleil levant à Macina. Son concurrent URD dans la même localité et ancien leader estudiantin, Cissé, n”est pas mieux loti. Lui aussi est toujours à la recherche de moyens pour mener sa campagne. « Je sais que notre parti va me donner des moyens, mais ça ne sera pas suffisant. C”est pourquoi moi-même je cherche des moyens supplémentaires » explique-t-il.
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Des candidats presque laissés à eux-mêmes
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Pour les candidats des formations de moindre importance, on ne compte presque pas sur le concours des états-majors. A en croire l”un des postulants du PCR dans le District de Bamako, " la situation financière dans les partis est catastrophique. Pour un parti comme le nôtre qui n”a jamais géré un département ministériel, on est presque sans moyen. Chacun est obligé de se débrouiller pour trouver des moyens. Nous avons accepté de faire ce sacrifice pour relever le défi "
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Chez les candidats indépendants, les fortunes sont aussi différentes. Il y en a ceux qui misent sur leurs propres moyens et d”autres qui comptent sur le concours de personnes de bonne volonté. C”est généralement le cas des candidats jeunes parrainés pour la plupart. " On n”a pas assez de moyens, mais nous comptons sur des bonnes volontés pour faire face aux dépenses. Mais cette situation ne nous décourage guère " prévient Soumaïla Baïni Traoré, tête de la liste Génération Citoyenne en lice en commune VI dans le district de Bamako.
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Les mécènes refusent désormais de financer les partis
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Les difficultés financières actuelles chez les hommes politiques s”expliquent surtout par la réticence des opérateurs économiques à participer au financement des activités politiques.
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Durant les dix dernières années, certains d”entre eux ont été les principaux bailleurs des partis politiques qui doivent en retour leur garantir l”obtention des marchés publics. Selon des sources très crédibles, l”Adema a pu ainsi compter sur des hommes d”affaires, des responsables des services financiers et des banquiers comme Bakoré Sylla, Mandiou Simpara alors que le RPM était supporté par Dionké Yernankoré dit Babou Yara, Aliou Badara Coulibaly dit Ben& Co, le MPR par d”anciens magnats de la Deuxième République. Et l”ancien parti majoritaire mettait même à contribution la Sécurité d”Etat pour racketter les opérateurs économiques, les douaniers, les DG et les PDG.
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L”un des rares investisseurs maliens dans le domaine minier a dû quitter le pays pour fuir les représailles de l”ancien président de la République dont il a financé la campagne lors de l”élection présidentielle de 1997 sur le conseil d”un PDG d”une banque de la place à l”époque. Il a par la suite cédé au chantage de certains barons de l”Adema Pasj qui lui avaient réclamé des sommes importantes. D”ailleurs, il garde encore sur lui des bons du parti du président Dioncounda Traoré.
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Les citoyens s”opposent à une anticipation des subventions publiques
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Après 5 ans de consensus, donc de pouvoir non partisan, les faveurs ne sont plus de mises et les investisseurs politiques occultes ne sont plus prêts à dépenser sans l”assurance d”un retour sur l”investissement. Pour la plupart d”entre eux, il n”y a plus de liens avec les partis politiques.
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Les citoyens ordinaires ne sont point émus par la galère des politiciens. Bien au contraire, on pense que la rareté de l”argent réduira les inégalités pour offrir des chances égales à tous les candidats. Et certains sont opposés à toute précipitation pour verser les subventions publiques. « L”Etat ne doit pas donner les aides publiques aux partis politiques pour la simple raison qu”elles ne doivent pas être utilisées uniquement pour le financement des compétitions électorales.
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On ne peut pas continuer à faire plaisir aux politiciens qui ne servent pas grand-chose au pays. S”ils étaient réellement des partis, ils allaient pouvoir s”autofinancer avec les cotisations des militants, les legs et les dons, comme la Loi l”autorise. Donc, leur difficulté actuelle est la conséquence logique de leur manque de sérieux. Et on ne doit pas continuer à cultiver la médiocrité en leur donnant l”argent des contribuables qui sera tout simplement gaspillé comme par le passé » conseille Alassane Sangaré, chargé de cours à Paris V.
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Pour leur part, les hommes d’affaires ne sont plus prêts à parier sur des gens qui ne peuvent rien leur apporter.
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Markatié Daou
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