Les Bailleurs mettent la pression sur le Mali : Les DG des sociétés d’état dans l’œil du cyclone

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C’est connu de tous les Maliens : les entreprises publiques sont mal gérées. Le gouvernement de « combat » du Président  ATT en est conscient, soit. Mais mieux vaut tard que jamais, dit-on. Après un bilan pas du tout reluisant dans la gestion de ces sociétés, les partenaires au développement mettent la pression sur l’Etat malien pour qu’il « nettoie ses écuries d’Augias » sous peine de voir « le robinet à sous » fermé au nez du pays. C’est pour toutes ces raisons (et bien d’autres) que le  gouvernement envisage de nommer des auditeurs-contrôleurs dans ces sociétés d’Etat. Et ce n’est qu’une question de jours. Du moins si l’on en croit notre source, un conseiller ministériel.

Le message des bailleurs de fonds à l’endroit de l’Etat malien a été on ne peut plus clair : les entreprises publiques sont mal gérées et il y règne la gabegie, la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion des ressources financières et humaines, etc. C’est le triste bilan fait par les partenaires au développement qui ont asséné leurs « quatre vérités « au Président  ATT. D’aucuns pourraient se demander si c’est seulement après cette remontrance des bailleurs que le Chef de l’Etat, a su que la corruption et ses corollaires ont cours dans nos sociétés d’Etat ?

ATT annonçait déjà les couleurs lorsqu’au cours de la remise à Koulouba du Rapport 2010 du Vérificateur  général en avril 2011, il faisait allusion à la mal gouvernance qui a caractérisé la gestion de l’Administration publique par les responsables. « Aucun dossier, ni du Bureau du Vérificateur, ni des autres structures de contrôle, ne restera dans mon tiroir. Tous les dossiers seront remis à la justice pour examen minutieux, avant des actions judiciaires dans le strict respect  de la loi et de la dignité humaine », déclarait-il. Aujourd’hui, le constat se généralise à tel point où les partenaires ont décidé de taper du point sur la table et  de contraindre le gouvernement  à utiliser les grands moyens.

En effet, si on s’en tient aux griefs formulés contre les entreprises d’Etat au Mali, le bilan est loin d’être reluisant : le changement prôné n’a pas produit les fruits escomptés. Et sous les reformes institutionnelles et le renouveau de l’action publique, il faut trouver d’autres « alchimies » pour tenter un tant soit peu de réduire le phénomène de la corruption et du détournement de fonds publics. Pourtant, des directeurs généraux, bien qu’aujourd’hui sous la sellette, ont été nommés par le Président ATT. Inutile donc de dire que lui seul croyait à l’émergence du Mali chantée sous son premier mandat. Cependant, ses collaborateurs nommés à divers postes n’en ont cure de ce verbiage. Pour eux, la réalisation personnelle est le seul but à atteindre. Face à cette situation, le Président de la République se devait de « faire quelque chose » pour montrer au peuple ses bonnes intentions. Mais avec cette mesure des partenaires au développement, c’est  aujourd’hui  une panique générale au sein des sociétés d’Etat, surtout au sein de l’entourage immédiat des bonzes du régime.

Réputés pour leurs casseroles, les DG des sociétés d’Etat  sont (à quelques exceptions près) soupçonnés d’avoir « dégusté à la petite cuillère » plusieurs dizaines de millions de nos francs, soit à travers la surfacturation « à la pelle. Soit à travers des méthodes qui jurent avec l’orthodoxie financière ». Des pratiques qui ont permis à certains DG d’entreprises publiques de s’en mettre plein les poches. D’autres DG, qui ne possédaient pourtant pas un  « sous vaillant » à leur arrivée dans leurs structures, ont vite fait de s’enrichir au point de s’octroyer, à prix d’or des villas de luxe dans tous les quartiers huppés de la capitale, tout comme à l’étranger : en France, au Canada, aux Etats-Unis… D’autres sont devenus « actionnaires majoritaires » dans des banques de la place et ailleurs : en Angola, en Afrique du Sud…

Selon l’écrasante majorité des citoyens, c’est plutôt au lendemain de l’investiture du Président ATT pour un second et dernier « bail » à la tête du pays que les partenaires au développement devraient taper du point sur la table pour amener le Chef de l’Etat à s’investir dans la lutte contre la délinquance financière. Et non à six mois de la fin de son mandat ! Neuf années durant, le détournement impuni des fonds publics est devenu un sport national ! Neuf ans durant, les délinquants financiers se la coulaient douce au volant de luxueuses bagnoles ou à l’ombre de « forteresses » bâties sur des terrains arrachés aux pauvres ! Neuf ans durant, les caisses de l’Etat ont été saignées à blanc par les délinquants financiers à col blanc réputés proches du pouvoir et en toute impunité ! D’où le scepticisme de nos concitoyens sur la capacité du  Président Amadou II à endiguer l’hémorragie des finances publiques. « Le Chef de l’Etat les a baissé faire pendant neuf  longues années sans les inquiéter et sans y mettre le holà. Pourquoi doivent-ils alors s’inquiéter ? », dit un administrateur à la retraite.

La tâche sera ardue, difficile, très difficile, même avec des partenaires plus que jamais décidés à voir clair au Mali dans la gestion des sociétés d’Etat. La panacée trouvée  par les bailleurs est de contraindre le gouvernement  malien à la nomination d’hommes en uniforme dans ces entreprises publiques pour contrôler la gestion qui est faite des ressources publiques par les directeurs généraux. Mieux, les conseils d’administration de ces sociétés d’Etat n’en sont pas épargnés. Ces mesures pourront-elles suffire pour conscientiser les uns et les autres. L’avenir nous le dira. Mais en attendant, la « maxime » reste : à tout saigneur, toute horreur !

Jean Pierre James

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