Au Mali, l’économie se caractérise par sa morosité ambiante engendrant une baisse du pouvoir d’achat de la population. « Dougou be kake », littéralement le pays est dur, clament des Maliens à longueur de journée, traduisant des difficultés économiques auxquelles le pays fait face. Le licenciement pour motif économique, le sous-emploi et le chômage sont devenus le lot quotidien des Maliens.
Au Mali, tous les secteurs d’activités de l’économie sont à l’arrêt. Du BTP (Bâtiment, Travaux Publics), au commerce en passant par les transports, tous les pans de l’économie malienne connaissent des difficultés. L’industrie et le secteur informel, où travaille une partie importante de la population notamment dans les centres urbains, sont paralysés par la crise énergétique. La société Energie du Mali (EDM-SA), qui traverse un des pires moments de son existence, peine à fournir depuis bientôt deux ans convenablement de l’électricité aux Maliens. Et le pire est qu’il y a aucune perspective de sortie de crise du moins pas à court et moyen termes. Les centrales solaires qui étaient annoncées comme une panacée n’ont jusqu’ici pas produit le moindre méga.
La situation économique du Mali est très inquiétante, en témoignent les notes des agences de notation et des difficultés du pays sur le marché financier. En juillet 2024, le Mali est noté D par Coface, ce qui indique un risque élevé de cessation de paiement.
Déjà, en juin, c’est Moody’s, une autre agence de notation, qui donnait la note Caa2. L’agence américaine de notation financière maintient le Mali trois loges au-dessus du défaut de paiement.
« L’affirmation de la note Caa2 reflète les tensions politiques persistantes du Mali, les graves problèmes de sécurité, et la violence continue qui continuent de nuire à la situation économique, financière et sociale du Mali », justifie Moody’s. Cette situation entraîne une perte de confiance des investisseurs, une augmentation des coûts d’emprunt et une détérioration des conditions de vie pour les citoyens.
Selon Modibo Mao Makalou, ancien Sherpa de la Commission de l’Union africaine et du NEPAD, la morosité ambiante actuelle sur le plan socio-économique peut être liée aux incertitudes auxquelles fait face la population quant à l’avenir de notre pays. Celles-ci se résument : au chronogramme non défini de la Transition malgré la prévision des dépenses électorales dans le projet de Loi de Finances 2025 ; la crise énergétique qui impacte négativement la production et la consommation nationale.
À ceux-ci s’ajoutent le vaste contrôle fiscal prévu avant la fin de l’année 2024, afin de renflouer le Trésor public pour faire face au déficit budgétaire de 683 milliards FCFA en 2024, et enfin les conséquences imprécises de la sortie programmée du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO en fin janvier 2025 sur la libre circulation des personnes, des biens, des services et des investissements sur les trois pays membres de la Confédération de l’AES.
Avec la baisse de son pouvoir d’achat, du fait de la crise économique, la population malienne assiste impuissamment à la détérioration de ses conditions de vie. Pour relancer l’économie malienne, il appartient au gouvernement de transition de trouver une réponse adéquate aux différentes incertitudes. Ce qui va permettre de donner de la confiance et permettre le retour des investisseurs tant nationaux et internationaux et les autres partenaires techniques au développement.
Abdrahamane SISSOKO
Sissokoke, tu n’es pas un economiste, mais un très grand prophete de malheur!