Le Président directeur général de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles, Tiéna Coulibaly : “Le processus de privatisation de la CMDT suit son cours”

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Président directeur général de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT), Tiéna Coulibay nous détaille la stratégie adoptée pour la présente campagne et les perspectives. Interview.

Les Afriques : Monsieur le Président Directeur Général, l’augmentation des rendements de coton graine est l’une des clés d’un retour à la normale de la production au Mali comme en Afrique de l’Ouest. Quelles sont les améliorations à attendre pour cette campagne et les obstacles à surmonter ?

Tiéna Coulibaly : La production cotonnière au Mali a connu plusieurs contraintes, qui ont pour conséquences la chute de la productivité et de la production, le surendettement de certaines coopératives. Les principales contraintes rencontrées étaient la chute drastique des cours mondiaux de la fibre de coton, entraînant la chute du prix aux producteurs, la cherté des intrants chimiques (engrais et pesticides), le surendettement de certaines coopératives, occasionnant le retrait des bons producteurs. Tous ces facteurs défavorables ont directement contribué à la chute des rendements et de la production. C’est pourquoi, pour la présente campagne, les principaux axes stratégiques retenus et mis en œuvre sont :

o La fixation d’un prix incitatif afin de favoriser le retour de tous les producteurs des zones cotonnières à la culture du coton. Le prix au producteur a été fixé à 255 FCFA/kg de 1er choix, contre 185 FCFA/kg pour la campagne 2010/2011.

o L’approvisionnement des producteurs de coton en intrants de qualité à un prix acceptable. Les besoins exprimés par les producteurs ont été entièrement satisfaits. Le gouvernement a reconduit la subvention des engrais pour les rendre plus accessibles.

o L’apurement des dettes internes des coopératives. L’Union nationale des sociétés coopératives des producteurs de coton a fait un préfinancement de 3,175 milliards FCFA, en vue de mettre chaque producteur dans les bonnes conditions de production.

o Le recrutement et la formation du personnel d’encadrement, la formation du personnel industriel et des producteurs.

L’impact attendu de ces actions est l’amélioration de la productivité et l’augmentation de la production à l’issue de la campagne 2011/2012.

LA : Après les dernières augmentations de capital à la CMDT, quel est le rôle que joue encore votre actionnaire Advens/Géocoton et quelle est sa part dans votre capital ?

TC : A sa création en 1974, la CMDT avait deux actionnaires : l’Etat malien, actionnaire à 60%, et la CFDT, actionnaire B à 40%. L’entreprise a connu de graves difficultés dans le passé récent, notamment à partir de 2004, qui ont fait que la part de l’actionnaire B a très fortement diminué. Il faut dire qu’entre-temps la CFDT est devenue Dagris en 2001, et celle-ci, privatisée, est devenue Géocoton en 2008. Je suis informé que l’actionnaire principal de Géocoton est engagé dans plusieurs autres projets et programmes importants au Mali et dans la sous-région. Ses projets en ce qui concerne le secteur du coton au Mali devraient donc être connus bientôt.

LA : La crise économique internationale depuis 2008 a semble-t-il remis au premier plan le rôle de l’Etat comme régulateur dans la gestion de crise dans les pays développés, qu’en est-il du Mali ? La Banque mondiale est-elle toujours prescripteur en matière de privatisation ? Et les candidats, sont-ils toujours aussi nombreux?

TC : Le processus de privatisation de la CMDT suit son cours. Mais les candidats ne sont pas très nombreux. En effet, pour les quatre filiales de la CMDT mises en vente, seulement six candidats ont participé aux visites préalables, et seulement trois candidats ont déposé des offres. Aujourd’hui, des négociations sont en cours avec un seul candidat sur deux filiales. Le gouvernement avisera plus tard de quand seront lancés les appels d’offres pour la cession des deux autres filiales.

LA : Pour la campagne 2011/2012, quels sont les axes principaux sur lesquels vous compter agir pour relancer la production auprès des producteurs et des coopératives?

TC : Pour la campagne 2011/2012, les autorités ont assigné à la zone cotonnière un objectif de production très ambitieux : 500 000 tonnes de coton graine et 2 000 000 de tonnes de céréales. Pour les atteindre, une équipe de pilotage CMDT/UN-SCPC a été mise en place avec pour mandat d’identifier toutes les mesures raisonnablement réalisables et qui permettent d’inciter les producteurs à produire plus et/ou mieux, ainsi que toutes les mesures permettant de lever les contraintes préalablement identifiées à l’augmentation de la production et de la productivité.

Parmi les mesures retenues, l’on peut citer :

 la fixation d’un prix incitatif en tenant compte des cours de la fibre de coton sur le marché mondial ;

 la création de conditions favorisant le retour de tous les producteurs à la culture du coton (surtout les gros producteurs découragés par les effets néfastes de la caution solidaire) ;

l’approvisionnement des producteurs de coton en intrants de qualité à un prix subventionné ;

la mise en état du parc auto et des usines d’égrenage de la CMDT ;

la réfection des pistes cotonnières ;

la formation/recyclage du personnel d’encadrement, du personnel industriel et des producteurs.

La mise en œuvre des mesures identifiées a conduit à une mobilisation générale dans le pays dont le succès a été favorisé par l’adhésion des pouvoirs publics.

 

                LesAfriques


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