A l’Office des produits agricoles du Mali (Opam), la gestion des stocks de sécurité alimentaire serait devenue calamiteuse. Son PDG, Youssouf Mahamane Touré, se ferait un malin plaisir à brader d’importantes quantités de céréales à des opérateurs économiques. Une affaire qui a été révélée au Premier ministre dès sa nomination, mais que ce dernier a décidé d’entourer d’un silence qualifié de coupable.
Selon le rapport 2007 du Bureau du Vérificateur général (BVG), le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) a procédé à des ventes à hauteur de 20 975,3 tonnes de céréales – (mil et sorgho et des ventes par offre publique (OP) – à concurrence de 9939 tonnes.
« Les actions entreprises en matière de sécurité alimentaire n’ont pas contribué à améliorer efficacement et durablement la disponibilité des denrées de première nécessité. Entre autres, la gestion des exonérations ayant pour but de faciliter les approvisionnements n’a pas été conduite de manière efficiente et efficace… », indique le rapport du BVG.
Ce qui représente un manque à gagner pour l’Etat d’environ 20 milliards de F CFA résultat de la fraude (34 %) et de la mauvaise gestion (66 %). « Par fraude, il faut entendre les fonds qui auraient dû être perçus, mais qui ne l’ont pas été du fait, par exemple des vols, usage de faux, détournements, minorations de recettes (fiscales, douanières et autres), non reversement des sommes collectées, dépenses sans aucune pièce justificative, doubles paiements d’une même prestation, etc. »
M. Touré braderait les céréales à ses complices Bakoré Sylla du GGB et Modibo Kéita de CDCM qui, à leur tour, les lui revendraient durant la période de soudure. Ces mêmes céréales seraient ensuite revendues aux populations à des prix hors de portée de leur bourse. Ainsi s’enrichit-on en suçant le sang des pauvres Maliens…
Cette pratique serait depuis belle lurette connue des hautes autorités, en l’occurrence le Premier ministre. Depuis sa prise de fonction, Modibo Sidibé aurait été mis au courant de ce détournement déguisé des stocks de sécurité. Selon des sources proches des responsables du projet « Initiative Riz », un cadre aurait publiquement donné au Premier ministre tous les détails des magouilles aujourd’hui en cours à l’Opam et au CSA dénoncées même par des partenaires techniques et financiers.
Mais il semble que ces dénonciations n’ont pas été suivies d’effets ; et pendant ce temps, le chef du gouvernement laisse faire ces fossoyeurs de la sécurité alimentaire, au grand dam des caisses de l’Etat.
Abdoul Karim Maïga