La rencontre annuelle entre la BCEAO et les établissements de crédit de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) est un cadre de concertation dont l’objectif est de favoriser les échanges entre les parties concernées sur des questions de portée stratégique et d’intérêt commun relatives au système bancaire et financier, ainsi qu’à l’environnement économique de l’Union. La 3ème édition de cette rencontre s’est déroulée du 7 au 10 juillet à Lomé. La participation malienne y a été fort remarquée à travers les communications présentées par le PDG de la BNDA, Moussa Alassane Diallo et son homologue de la BMS SA, Babaly Ba. L’exposé du premier nommé porte sur la " Finance rurale en Afrique: contraintes et opportunités pour la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la croissance durable "
D’entrée de jeu, le PDG de la BNDA, a relevé, chiffres à l’appui, l’importance du secteur agricole dans les économies africaines. Ainsi, a-t-il précisé, les activités agricoles occupent environ 75% des populations actives, procurent au continent 42% de son PIB et les exportations de produits agricoles représentent plus de 60% des recettes d’exportation.
En outre, l’agriculture a donné naissance à un nombre important d’entreprises agro-industrielles dans le domaine du textile et de l’alimentation, d’une part et de petites et moyennes entreprises installées en milieu rural (forgerons, cliniques vétérinaires, transformation) d’autre part.
Malgré cette importance, le secteur agricole demeure buté à des contraintes qui obèrent son développement. En Afrique, plus de 340 millions de personnes vivent avec moins d’un dollar américain par jour. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans y est de 140 pour 1 000 et l’espérance de vie à la naissance n’est que de 54 ans. 58% seulement de la population a accès à l’eau potable. Le taux d’alphabétisation des personnes de plus de 15 ans se situe à 41%.
Aléas climatiques
L’Agriculture de l’Afrique au Sud du Sahara a beaucoup souffert des aléas climatiques au cours de ces dernières années. Cette situation n’a pas, non plus, épargné le cheptel qui présentait une importance capitale pour le continent. Dans ces conditions de précarité, il est difficile de réussir une activité agricole économiquement viable et financièrement rentable compte tenu de l’instabilité et, d’autre part, des marchés agricoles peu structurés avec une faible intermédiation bancaire pour faciliter les transactions commerciales. Il s’en suit que les financements du secteur bancaire destinés au secteur agricole sont relativement faibles.
C’est dans ce contexte particulièrement contraignant, de poursuivre le conférencier, que se pose la problématique du financement rural en Afrique, ses contraintes et ses opportunités pour la lutte contre la pauvreté, pour la sécurité alimentaire et pour la croissance durable.
Ces contraintes vont des caractéristiques rurales de la clientèle au coût élevé du petit crédit en passant par l’absence de statut juridique des producteurs et des organisations paysannes, l’absence de comptabilité et d’états financiers, les difficultés liées à la commercialisation des produits agricoles, le caractère aléatoire du secteur d’activités.
Ici, la distribution du crédit agricole dans la plupart des pays en Afrique au sud du Sahara est soumise aux conditions climatiques particulièrement rudes. En effet, la situation hydraulique et climatique influence fortement les plans de campagne et conditionne très largement la production et la productivité agricole.
Dans les pays africains du Sahel, les exploitations agricoles sont souvent victimes d’aléas climatiques (sécheresse, inondation, feux de brousse, attaque d’oiseaux). Cette situation est préjudiciable à la stabilité et à la continuité de l’exploitation agricole. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la rentabilité des investissements productifs acquis sur financement bancaire, partant, sur le développement même du crédit agricole.
Financement jugé trop risqué
Le financement rural est jugé trop risqué et peu rentable par les banques à cause essentiellement de la méconnaissance et de la complexité du secteur du développement rural. Les facteurs de sécurisation du financement rural comme l’organisation et l’encadrement technique des emprunteurs, la structuration des marchés agricoles sous-régionaux, l’émergence des Centres de gestion rurale et le développement des centrales de risque en milieu rural et l’aide à la domiciliation des recettes d’exploitation doivent inciter les banques à s’impliquer davantage dans le financement rural. Ce financement qui, à en croire le PDG de la BNDA, joue un rôle extrêmement important dans le développement de la croissance agricole, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté.
Dans la dynamique de sécurité alimentaire, de croissance agricole et de lutte contre la pauvreté, le financement du secteur rural ne constitue qu’un moyen de développement. Il en est une condition nécessaire, mais pas suffisante.
En effet, la réussite et la viabilité de toute politique de financement en milieu rural demeurent subordonnées aux facteurs liés à la pluviométrie et à l’hydrologie, l’encadrement technique et la formation des ruraux, l’organisation de la commercialisation et des débouchés et la solidité des organisations paysannes et des producteurs individuels.
Lorsque ces questions sont résolues, alors le financement rural peut être un puissant moyen et accélérateur du développement., a souligné le PDG de la Banque Nationale de Développement Agricole, Moussa Alassane Diallo.
Yaya SIDIBE