Le Maroc veut "offrir" l'accès à la mer aux pays de l'AES

Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina et du Niger, étaient au Maroc en vue de relancer l'Initiative Atlantique, un projet d'accès à la mer.

30 Avr 2025 - 13:28
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Le Maroc veut "offrir" l'accès à la mer aux pays de l'AES
Le Mali, le Burkina et le Niger, dirigés par des juntes militaires, ont quitté la Cédéao et tentent de nouer de nouvelles alliancesImage : Depositphotos/IMAGO

Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina et du Niger, ont rencontré lundi (28.04.2025) à Rabat, le roi Mohammed VI.

Il a surtout été question de la mise en œuvre de l'Initiative Atlantique, un projet visant à permettre à ces pays enclavés d’accéder à l’océan Atlantique, via le territoire marocain. 

Mais un projet encore peu réaliste, car il se heurte à l’éloignement du Maroc de ces pays et à de longs trajets de transport à travers la Mauritanie.

C’est le 6 novembre 2023 que l’Initiative royale pour l’Atlantique a été évoquée pour la première fois par le roi Mohamed VI, l’idée étant d’offrir aux pays enclavés de la zone sahélienne un accès à l’Atlantique par le biais d’infrastructures modernes et des ports stratégiques tels que Tanger Med et Dakhla, un port en eau profonde situé au Sahara occidental et actuellement en construction. 

Enjeux géopolitiques

Pour l’analyste politique Mohamed Amara, enseignant à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako, l’enjeu est surtout d’ordre géopolitique pour le Maroc, face à sa grande rivale, l’Algérie, dont les relations sont de plus en plus tendues avec ces pays du Sahel.

"L’intérêt du Maroc à travers une telle initiative est de participer à une sorte de redéfinition de l’espace géopolitique et géostratégique du Sahel par rapport à l’Algérie qui est sa principale adversaire au Sahara occidental", estime le chercheur.

Seidik Abba, chercheur spécialiste du Sahel, confirme cette analyse géopolitique.

"Il s’agit pour le Maroc d’approfondir et de poursuivre sa stratégie de pénétration et d’influence sur le continent. Il s’agit pour le Maroc de se positionner sur le plan politique et diplomatique avec des pays qui sont en difficulté avec la communauté internationale. Et puis il y a la rivalité avec l’Algérie. Alors que le Maroc renforce ses relations avec ses pays, les relations entre l’Algérie et ses pays se dégradent", explique Seidik Abba.

Début avril, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé le rappel de leur ambassadeur à Alger, accusant l’Algérie d’avoir abattu un drone de l’armée malienne dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne, à la fin du mois de mars. 

Les limites d'un projet

Face au roi Mohammed VI, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina et du Niger ont donc réaffirmé leur engagement en faveur de l'Initiative pour l’Atlantique, un projet dont la matérialisation et la rentabilité pourraient cependant être difficiles, selon Seidik Abba.

"Si vous prenez des marchandises à partir du Maroc pour les amener au Niger, économiquement ce n’est pas rentable car il faudra traverser la Mauritanie et le Mali pour venir au Niger et le coût de la marchandise sera beaucoup plus élevé. C’est la même chose pour le Burkina Faso. Non seulement économiquement c’est très difficile, mais stratégiquement cela dépend de la façon dont la Mauritanie, qui est la clé de cette faisabilité, décide de se comporter. Les infrastructures n’existent pas à l’heure qu’il est".

Dans ces trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel, le Maroc est déjà présent, notamment à travers ses banques et sa compagnie aérienne. Le royaume assure aussi la formation d’imams venus de ces pays.

Fin janvier, les pays du Sahel, dirigés par des juntes militaires, ont quitté la Cédéao et tentent de nouer de nouvelles alliances dans la région.

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