Sélingué, 28 sept (APS) – Avec une longueur totale de 2200 m sur une hauteur de 23 mètres et une capacité de production de 46 mégawatts, le barrage hydro-électrique de Sélingué, qui est fonctionnel depuis 1981, constitue un véritable levier de développement pour le Mali.
Construit sur la rivière Sankara, un affluent du Niger, l’ouvrage dont l’apport est de 30 pour cent dans la production nationale en énergie électrique, vient en effet renforcer le réseau interconnecté du pays et permet la désserte de plusieurs villes comme Bamako, Ségou, Fana, Koulikoro et Sikasso.
Selon le chef du barrage Mohamed El Bachir Coulibaly, qui rencontrait des journalistes d’Afrique de l’Ouest dans le cadre d’un atelier organisé par l’UNESCO et le BREDA, dans le contexte d’une demande de plus en plus forte, l’infrastructure est venue à son heure pour propulser le Mali vers le développement.
La base de tout développement, souligne M. Coulibaly, c’est ’’être à jour sur les communications (radio et télévision), être performant en disposant d’appareils modernes dans le domaine de la santé, de l’aéronautique et relever le niveau de vie et d’instruction des populations’’.
A cet égard, il assure que Sélingué permet à la capitale, Bamako, de résorber les délestages et d’avoir une fourniture correcte en énergie électrique.
D’ici à l’année 2011, la construction de la centrale de Balingué (contraction de Bamako et Sélingué) devrait permettre d’augmenter de 10 mégawatts la capacité de production.
M. Coulibaly déplore cependant le déficit en personnel, estimant qu’il faut remplacer le personnel vieillissant en renforçant la formation des jeunes. Il souhaite également plus de moyens logistiques, notamment les véhicules, afin de renouveler le parc automobile et les engins défectueux.
La gestion du barrage est confiée à la Société Energie du Mali (EDM), depuis la séparation du volet agricole et du volet électricité.
La construction du barrage a aussi favorisé l’aménagement de 12 000 hectares de périmètres irrigués pour la culture du maïs, du riz, de l’arachide et le maraîchage, permettant à des milliers d’agriculteurs d’exploiter les terres et de développer une agriculture de rente, après avoir assuré la consommation locale.
L’office de développement rural de Sélingué (ODRS) assure la gestion du volet agricole à travers la promotion des cultures irriguées, la promotion de la pisciculture et des associations.
L’ODRS s’occupe du suivi environnemental et couvre quatre cercles, plus deux régions, dont deux zones rurales parmi lesquelles Yanfolila et Manikoura.
Près de 20 000 exploitations sont recensées sur le site aménagé. L’ODRS en encadre les 2/3 en terme de maîtrise de l’eau et d’appui conseil pour l’entretien des sols et l’amélioration des productions.
La production rizicole est passée de 5 000 tonnes en 1995 à 15 750 tonnes en 2009. Les techniciens fixent un objectif de 30 000 tonnes par an avec l’extension des périmètres aménagés.
Pour le maïs, principale spéculation de la région, la production est passée de 6000 à 23 000 tonnes en 2009.
A côté de ces spéculations, la culture d’autres céréales comme le mil et le fonio font espérer une production de plus de 7,4 millions de tonnes au terme de la campagne agricole 2010-2011.
Ces estimations réconfortent les techniciens qui estiment que le Mali, à travers sa politique agricole, pourrait être, d’ici les prochaines années, le grenier de l’Afrique de l’Ouest.
Le pays s’est fixé un objectif de production céréalière pour la campagne agricole 2010-2011.
Le chargé du Service de la production végétale et agricole à l’ODRS souligne que ‘’la maîtrise des techniques de production contribue très bien à une amélioration de la productivité’’.
‘’Dans quelques années, notre pays pourrait être le grenier de la sous région africaine’’, a-t-il assuré.
Le lac de retenue pour les eaux du barrage, d’une surface de 405 km² avec un volume de 2,2 milliards de mètres cube, est un trésor de ressources halieutiques.
Il a permis de faire de la pêche une activité principale pour certaines populations. Mais même si elle contribue à améliorer leurs revenus, elle continue à être une activité secondaire pour d’autres.
Avec une prise de 40 tonnes par an, la pêche permet à un millier de pêcheurs de subsister, tout en assurant l’approvisionnement en poissons de villes comme Bamako dont le principal fournisseur reste le Sénégal.
BS/ASG
28/09/2010 16:59 GMT