DAKAR (AFP) – mercredi 04 juillet 2007 – 9h11 – Croissance faible, renchérissement des importations de pétrole, crise de la filière coton, les huit pays de l”Union économique et monétaire d”Afrique de l”ouest (UEMOA) traversent actuellement une période difficile et doivent d”urgence engager des réformes.
En 2006, la croissance économique a dégringolé à 3,2% (deux points de moins que dans l”ensemble de l”Afrique sub-saharienne), contre 4% en 2005, des niveaux très insuffisants pour sortir de la pauvreté des pays souvent classés parmi les plus misérables au monde.
Et la croissance du Produit intérieur brut (PIB) de cette Union d”environ 80 millions d”habitants, dont le poids lourd reste la Côte d”Ivoire, engagée dans un difficile processus de paix, est estimée à seulement 4% pour 2007.
Dans son dernier rapport "Perspectives économiques des Etats de l”UEMOA en 2007", la Banque centrale des Etats d”Afrique de l”ouest (BCEAO), basée à Dakar, souligne que les pays de la zone "ont été lourdement affectés par le "choc" pétrolier, à l”exception notable de la Côte d”Ivoire, pays producteur.
D”autant plus qu”il est intervenu dans un contexte de "faiblesse des cours des matières premières qu”ils exportent", notamment le coton.
Pour la Banque centrale de la zone, "les contre-performances enregistrées dans les principaux secteurs qui, jusque-là, constituaient les principales sources de la croissance, traduisent la fragilité des structures des économies et leur vulnérabilité aux chocs extérieurs".
En 2006, seulement deux pays ont enregistré une hausse de leur PIB, le Bénin (de 2,9% à 3,6%) et le Togo (de 0,8% à 1,5%). Il a stagné en Côte d”Ivoire (1,8%) et baissé dans les autres pays, surtout au Sénégal (de 5,5% à 3,1%) et au Niger (de 7% à 3,5%).
Les subventions aux entreprises du secteur de l”énergie et les transferts aux filières agricoles en difficultés, notamment celle du coton au Bénin, au Burkina, au Mali et au Togo, ainsi qu”à la branche des produits chimiques au Sénégal ont explosé, augmentant "globalement de 28,8% pour se situer à 474 milliards de FCFA (754 millions d”euros), soit le niveau le plus haut jamais atteint au cours des dix dernières années".
De nombreux pays, dont le Sénégal, se plaignent régulièrement que l”allègement de la dette consenti par les bailleurs de fonds est annulé par l”importance de ces subventions et transferts.
La facture pétrolière s”est considérablement alourdie en 2006 pour avoisiner 32% des importations totales contre à peine 19% en 2002. Le déficit de la balance commerciale est toutefois en "net repli" par rapport à 2005, grâce à la hausse des exportations de brut de la Côte d”Ivoire et d”or du Mali.
Pour 2007, les perspectives de croissance "reposent principalement sur le secteur agricole" et "la restructuration des filières en difficultés est nécessaire", notamment le coton dans l”ensemble de la zone, l”arachide au Sénégal.
Des réformes sont également attendues d”urgence dans le secteur secondaire, notamment les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et les entreprises opérant dans les hydrocarbures et l”électricité.
Importante société de produits azotés et d”engrais, les ICS sont en proie à de très graves difficultés financières qui plombent la croissance du pays. L”endettement de cette société, un des principaux employeurs du pays, dépassait fin 2006 plus de 200 milliards de FCFA (304 millions d”euros).
La société attend d”être recapitalisée selon l”accord passé entre le gouvernement sénégalais et les dirigeants du consortium indien Iffco.
AFP
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