… l’Administrateur Directeur Général de la BIM-SA, Abdelahad Kettani : “Malgré la crise en 2012, nous avons réalisé un résultat net de 2 milliards 400 millions de FCFA” “Nous ambitionnons de doubler ce résultat cette année tout en apportant plus de qualité de service à nos clients”

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Dans cet entretien exclusif, l’Administrateur Directeur Général de la Banque Internationale pour le Mali (BIM-sa), Abdelahad Kettani affirme  que sa banque se porte très bien aujourd’hui. Il rappelle que celle-ci a enregistré un résultat net de 2 milliards 400 millions de FCFA en 2012, malgré la crise socio-politique. L’objectif  cette année pour la BIM-sa, précise t-il, c’est de doubler ce résultat. Déjà, la banque a enregistré un résultat très satisfaisant  au premier trimestre 2013, qui n’est pas loin de celui enregistré lors de l’exercice 2011. Selon Abdelahad Kettani, la BIM-sa a enregistré une perte directe d’un milliard de FCFA avec l’occupation du Nord du Mali par les groupes rebelles et jihadistes.

L'administrateur général de la Bim SA, Abdemahad Kettani donnant des explications au ministre du budget, Marimpa Samoura et au président de l'APBEF, Moussa Alassane Diallo lors de la journée des banques
L’administrateur général de la Bim SA, Abdemahad Kettani donnant des explications au ministre du budget, Marimpa Samoura et au président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo lors de la journée des banques

L’Indépendant : Monsieur l’Administrateur Directeur Général, l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) a organisé du 5 au 6 avril 2013, la 3ème édition de la Journée des banques à laquelle vous avez participé. Quelles réflexions vous inspire cet événement ?

Abdelahad Kettani : Comme vous le savez, il y a le Salon de l’Artisanat, le Salon de l’Agriculture, le Salon de l’Industrie, c’est normal qu’il y ait un Salon des Banques et Etablissements Financiers pour faire connaître aux citoyens du pays les activités de ce secteur. Quand on sait que le Mali connait un taux de bancarisation d’à peine 10%, nous avons donc du travail à faire. Il faut que nous communiquions davantage. Il faut que les banques se fassent entendre et expliquent leurs activités aux usagers. Cette journée est une occasion pour toutes les banques d’expliquer ce qu’elles font, de communiquer avec leurs clients réels comme leurs clients potentiels  afin de pouvoir les pousser à venir ouvrir des comptes. Il s’agit aussi de développer leurs activités avec les banques, qui sont les intermédiaires financiers.

Au niveau de la BIM-sa, nous assistons nos clients grandes entreprises, nous leur assurons le conseil, le financement, que ce soit en espèces ou en devises, ou encore le financement en signature. Chose que beaucoup de gens ne connaissent pas. Quand un client veut faire une importation, nous lui garantissons le paiement, soit au comptant, soit à terme. Nous assurons le traitement et la négociation des cours de devises dans les salles de marchés internationalles. Nous assurons l’étude des plans d’investissement et celle du financement. Nous pouvons piloter de grandes opérations et collecter le financement à travers non seulement les banques installées au Mali, mais également à travers les banques internationales pour des projets d’envergure. Mais, pour tout cela, il faut que le client qui dispose d’un compte comme le client potentiel le sache.

Si nous ne communiquons pas, nous allons toujours être confinés dans nos bureaux. Alors que certains pays avancent avec leur économie qui progresse énormément, nous risquons de nous retrouver figés au Mali. Les investisseurs ne trouveront pas de financements et les particuliers ne trouveront pas les moyens de payer les études  de leurs enfants. Parfois, nous le faisons d’une manière purement sociale. Par exemple, il y a certains crédits que nous faisons sans intérêt tel le crédit Tabaski qui est fait sans intérêt. Nous accordons aussi  le crédit casque parce qu’il s’agit de la sécurité du citoyen malien,  sans intérêt. C’est pour vous dire qu’il y a des opérations que nous menons pour encourager le Malien moyen à accéder aux services de la banque. Nous le faisons à travers notre réseau, qui compte plus de 80 agences. C’est  pour nous le moyen de démocratiser la banque.

Notre souci, faire en sorte que tout le monde ait accès à la banque. Il faut que les populations soient informées de toutes ces activités que nous menons. Voilà, pour nous l’objectif primordial des journées des banques et établissements financiers.

Il faut aussi rappeler qu’il y a eu des interventions de qualité faites par le président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) et le Directeur Général du GIM-UEMOA. Ces interventions ont permis de sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens sur les impacts de la crise politico-sécuritaire sur les activités des banques, sur le financement des entreprises et sur l’importance de l’utilisation des cartes bancaires.

A ce titre, c’est l’occasion pour la BIM-sa de faire savoir que nous sommes l’unique banque au Mali à pouvoir émettre dès le mois de juin prochain, des cartes Visa et Master card. De même que nos guichets automatiques acceptent depuis quelque temps ces cartes internationales. Nous sommes la seule banque à pouvoir présenter ces services à nos clients.

Selon vous, quelles peuvent être les retombées d’une telle journée pour les banques et établissements financiers qui y participent ?

Je crois que j’ai un peu anticipé votre question puisque j’ai déjà évoqué le but de l’organisation des journées des banques. Pour nous, les retombées de ces journées, c’est d’améliorer le taux de la bancarisation. En plus du fait d’apporter des services aux personnes qui n’en ont pas accès aujourd’hui, de participer activement à l’évolution de l’économie nationale, à l’augmentation du PIB, de la production tous azimuts puisque notre intervention n’est pas limitative. Nous agissons sur l’ensemble des secteurs. Nous agissons aussi bien pour les activités de l’Etat, du privé que ce soit dans l’industrie, l’agriculture ou les ménages. Nous créerons bientôt des produits pour les étudiants afin de leur apprendre, dès leur jeune âge, à utiliser et à se familiariser avec les services bancaires. Tout cela, ce sont les retombées des journées des banques. Comme j’ai une expérience dans d’autres pays, nous avons l’habitude de ce genre de manifestation et cela nous a toujours apporté quelque chose.

L’apport, il est aussi matériel, moral, que simplement sur le plan de l’information. Je veux vous dire quelque chose : quelqu’un qui vous connait mieux  vous apprécie mieux. Et il vient chez vous parce que vous avez quelque chose à lui proposer.  Notre book produit est riche et il est entrain de s’enrichir davantage. Tout cela, c’est pour le bien du Malien que nous servons. Comme j’ai l’habitude de le dire, à la BIM-sa, le client est au centre de notre préoccupation.  Il le restera toujours.

Comment se porte aujourd’hui la BIM-Sa ? 

Dieu merci, la BIM-sa se porte très bien. Je crois que vous connaissez l’historique de cette banque, qui a traversé des moments difficiles. Elle était même sous administration  provisoire, il n’y a pas très longtemps.  Mais, je rappelle que le Groupe marocain Attijariwafa Bank est entré dans le capital de la BIM-sa en novembre 2008. Depuis cette date, nos efforts ont été axés sur l’assainissement de cette banque et sur sa rentabilisation. Je crois qu’on peut dire sans risque de se tromper que le but est atteint aujourd’hui. Puisque, la banque affiche des performances qui peuvent  la placer  au premier ou  deuxième rang. Selon les critères d’appréciation, la BIM-sa peut se situer dans ces rangs.  Je veux dire de par son réseau (80 agences), par la collecte de dépôt, les crédits distribués, par le nombre de clients. Sans oublier la consistance des produits et services qu’elle offre à la clientèle. Nous sommes la seule banque au Mali qui peut garantir un cours de change. Nous sommes également la seule banque à pouvoir assurer le prix des métaux à terme. Pour passer un contrat sur une certaine durée, vous vous engagez pour l’acquisition ou la vente d’un produit avec le cours du jour. Ce qui est important. Le prix des matières premières aussi comme le coton, le blé.

Nous sommes pratiquement la seule à pouvoir présenter aux clients la possibilité de négocier le cours d’achat ou de vente des devises sur le marché international, bien sûr dans le cadre de la règlementation et des transactions justifiées, parce que nous travaillons dans un contexte règlementaire, qui est bien défini.

Nous sommes aussi une banque qui procure le conseil. Il y a des projets qui vous sont présentés, il faut les analyser, et très souvent, vous trouverez qu’ils ne sont pas bien ficelés.  Nous pouvons attirer l’attention du promoteur pour lui dire que le projet n’est pas fiable et qu’il risque de perdre de l’argent. C’est donc un conseil qui est précieux. Nous avons géré plusieurs cas de ce genre.

En terme de chiffre, comment la banque se présente-t-elle ?

Je peux vous dire que pour 2012, une année de crise, la BIM-sa a pu accroitre son bénéfice de 68% par rapport à 2011 qui était une année normale. En 2011, nos résultats étaient largement bénéficiaires. Je vous rappelle que la BIM-sa, depuis sa création, avait enregistré des résultats soit déficitaires, soit légèrement bénéficiaires et elle n’avait jamais distribué de dividendes.  Le premier exercice sur lequel la banque a distribué un dividende, c’est justement l’exercice 2011. Le bénéfice n’était pas consistant, mais c’était le début d’une nouvelle phase dans la vie de la banque. Puisque le résultat net était affiché autour d’1 milliard 300 millions de FCFA. Il n’est pas important en lui-même, mais  marque un tournant important.

Quand je dis qu’en 2012, nous sommes arrivés à réaliser un résultat net de l’ordre de 2 milliards 400 millions de FCFA, vous voyez quand même l’évolution. Et quand je précise que 2012 a connu le saccage de trois agences de la BIM-sa au Nord du Mali, plus précisément Gao, Tombouctou et Douentza, qui nous ont valu une provision importante, c’est dire que le résultat aurait été beaucoup plus important. Tout cela s’est passé dans une année de crise. Quand l’ensemble des banques connaissent une baisse du PNB (Produit Net Bancaire) de l’ordre de 20%. Je crois que ces chiffres sont révélateurs et cela veut dire que la  banque se porte bien.

Je peux aller un peu au-delà et même avancer quelques éléments sur l’exercice 2013. Au titre du premier trimestre, nous approchons le résultat enregistré pendant toute l’année 2011. Je crois que ce sont des indicateurs qui ne peuvent pas tromper.  Et quand on parle de la bonne ou mauvaise santé d’une banque, il n’y a pas que le résultat qui compte. Il y a d’autres éléments. J’ai parlé du book produit, qui  est très riche.  Je peux aussi parler de la qualité de l’encadrement et du personnel de la banque. Et je peux dire aujourd’hui sans me tromper que l’équipe BIM-sa est la meilleure équipe du système bancaire malien. J’ai de quoi justifier ces propos. La BIM-sa a pu accroître sa part de marché en 2012, année de crise encore, de plus d’un point. Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire.

La BIM-sa possède aujourd’hui le premier réseau du territoire malien avec plus de 80 agences. Le deuxième réseau devrait avoir autour de la moitié de ce nombre. J’ai parlé de la qualité de nos produits, de nos conseils….Je veux parler de l’appui  dont nous bénéficions de notre maison mère parce que nous appartenons à un groupe, en l’occurrence Attijariwafa Bank, qui est le premier groupe africain en dehors de l’Afrique du Sud.

Les banques maliennes ont, semble-il, perdu quelque 18 milliards de FCFA dans l’occupation du Nord du Mali par les groupes rebelles et jihadistes. Dans quelle mesure la BIM-SA est-elle concernée ?

La BIM-sa a vu ses agences saccagées, les caisses emportées, même les portes ont été arrachées. Donc, c’est un saccage total. Nous avons enregistré une perte directe de l’ordre d’un milliard de FCFA. A cela, il faut ajouter les crédits, qui sont distribués dans ces agences. Pour le moment, les crédits qui ont un plan d’amortissement continuent plus ou moins à se payer puisqu’il y a la domiciliation des salaires, des revenus…Cela n’est pas tout parce qu’il y a des commerçants, des industriels, même des petites et moyennes entreprises, qui sont elles-mêmes victimes de vandalisme.

Comment la BIM-sa a pu gérer la crise après le coup d’Etat du 22 mars 2012 et les conséquences qui en ont découlé sur l’activité économique du pays ?

Je me rappelle d’une réunion que j’ai tenue avec mes collaborateurs juste après les événements du 22 mars 2012. Au cours de cette rencontre, j’ai tenu à préciser qu’il faut que nous réalisions nos objectifs. Je leur ai dit que la crise sociopolitique ne devrait pas avoir de répercussions sur la marche de la banque. Mes collaborateurs ne le croyaient pas. Ils pensaient que nous ne pourrions pas réaliser nos objectifs à cause de la crise. Je leur ai dit que la crise socio-politique est l’affaire des politiciens.  Nous ne faisons pas de politique. Nous sommes un acteur économique. A ce que je sache les Maliens continuent à manger, les gens continuent à vaquer à leurs occupations. Nous allons soustraire les activités du Nord, qui ne pèsent pas lourd dans l’ensemble de nos prévisions. Je dis tout simplement que la crise est dans les têtes et dans les esprits. Sinon, elle n’est pas sur le terrain. Il n’y a pas de crise économique au Mali. Il faut que chacun fasse son travail normalement. Il faut oublier  cette crise. Elle est l’affaire des politiciens. A la banque, nous faisons des actes de finances, nous sommes un acteur économique.

Nous avons atteint les objectifs que nous nous sommes fixés  au mois de septembre 2012. Nous avons organisé une  journée de détente avec tout le personnel. C’était l’occasion pour moi de remercier mes collaborateurs pour l’engagement et l’implication dont ils ont fait preuve. C’est grâce à eux que nous avons réalisé  notre  objectif avec trois mois d’avance. En même temps, nous nous sommes fixés de nouveaux objectifs pour décembre 2012.  En d’autres termes, nous avons révisé notre objectif. Au mois de décembre, nous avons dépassé cet objectif. La BIM-sa a réalisé beaucoup plus que l’objectif qu’elle s’était fixé en début d’année. Ce qui nous a valu de franchir deux places dans le système bancaire au Mali. Nous étions entre les  3ème et 4ème places, nous nous sommes retrouvés à la 2ème place selon les critères.  Durant mon expérience professionnelle, j’ai toujours dit que c’est pendant la crise qu’on peut faire les meilleures performances et cela a été fait à la BIM-sa.

Quelles sont les perspectives de la BIM-SA pour l’exercice 2013 ?

Je vous disais que nous avons réalisé en fin mars un résultat proche de celui de  2011. Et presque la moitié du résultat de l’exercice 2012. C’est dire que les choses rentrent maintenant dans l’ordre. Nous avons été très ambitieux dans la fixation de nos objectifs parce que nous avons prévu une forte croissance cette année. Nous estimons que le plus dur est passé. Nous avons pu assainir la banque. Nous avons pu apporter les formations nécessaires additionnelles pour notre personnel. Nous avons pu faire partager par l’ensemble de  nos effectifs une culture d’entreprise, qui est la culture de l’excellence. Et quand vous avez l’adhésion des effectifs, on ne peut aller que de l’avant. Nos objectifs sont très volontaristes. Nous prévoyons une forte croissance économique cette année.

Nous prévoyons encore une fois de doubler les résultats que nous avons réalisés en 2012. Nous avons prévu au début une augmentation du résultat 2012 de 50%. Au vu du résultat de fin mars, je vous dis que je suis très optimiste et je pense que nous allons doubler notre résultat de l’année 2012 tout en apportant plus de qualité de service à nos clients.  Il ne faut jamais oublier que tout ce que nous pouvons gagner ou perdre éventuellement, c’est grâce ou à cause de la qualité de nos services apportés à la clientèle.

D’où la nécessité d’apporter un service en amélioration permanente.  Nous ne disons jamais que nous avons atteint une satisfaction totale.

Interview réalisée par Alou B HAIDARA

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