La banque de céréale : Une alternative à la famine

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Dans l’intention d’informer l’opinion publique sur la politique gouvernementale en matière de sécuritaire alimentaire, le journal « Le  Relais » a rapproché le chef de secteur de l’agriculture de Bougouni M. Fousseini Diallo pour davantage la banque de céréale et le Maire de la commune rurale de Kola pour nous parlé de l’expérience de sa commune. Cette étude a été menée par « Le relais » en partenariat avec l’Institut Panos Ouest Africain dans le cadre de son projet « Medias et Communication avec les OSC »,  financé par OXFAM/NOVIB.

Selon le chef de secteur de l’agriculture de Bougouni, une banque de céréale est un lieu où les collectivités déposent les céréales pendant le moment de la récolte afin de prévenir la période de soudure qui va du mois d’août au mois de septembre. Dans chaque zone, la banque de céréales est approvisionnée des céréales qui conviennent, comme le maïs, le mil et sorgho dans la région de Sikasso, par contre dans certaines zones vous pouvez avoir le riz.

L’historique de la banque de céréales a commencé au Mali  suite à la calamité de 1973 où la famine a sévit au Mali. Les populations qui n’avaient pas de nourritures avaient beaucoup de difficultés pour s’approvisionner au marché et le peu de vivres sur le marché était très cher pour elle. Si bien que le gouvernement a décidé de constituer des stocks de céréales au niveau villageois qui étaient revendus à des prix raisonnables aux villageois pendant la période de soudure.

De 1973 à nos jours, il y a eu des améliorations. Les banques de céréales dont les comités de gestion étaient constitués des chefs de village étaient mal  gérées. Les villageois se faisaient servir par affinité et les gens n’attendaient même plus la période de soudure pour faire recours à la banque de céréales.  En plus, les banques de céréales étaient créées dans certaines zones appelées des zones à risque.

Après, au niveau national le commissariat à la sécurité alimentaire gère la situation en synergie avec le système d’alerte précoce et u niveau local, ce sont les collectivités territoriales. Au départ, l’Etat à doter chacune des collectivités de 20 tonnes de céréales et la gestion était confiée aux autorités communales.

Présentement certaines communes du cercle de Bougouni ont presque le double du stock initial, car les bénéfices réalisés après la revente sont investi dans la constitution du nouveau stock. La quantité de la dotation des banques de céréales dépendent maintenant du dynamisme des autorités communales.

L’Etat n’a pas déterminé une marge de bénéfice pour les collectivités, mais celles-ci fixent le prix de revente en fonction du prix d’achat et  de l’intérêt de la population.

La banque de céréale n’est pas faite pour enrichir la commune, mais tout simplement pour contribuer à la sécurité alimentaire de la commune. Les responsables de la mairie sont chargée de la gestion des banques de céréales parce qu’ils sont élus par une population dont ils doivent s’occuper de sa survie.

En ce qui concerne  le fonctionnement des banques de céréales du cercle de Bougouni, M. Diallo a affirmé qu’il y a beaucoup de problème. Une mission du SAP, l’année dernière a montré que beaucoup de communes n’arrivaient pas à renouveler leurs stocks. Non seulement il n’y a pas de stock, mais aussi ils n’ont pas le fonds disponible. C’est une mauvaise gestion de la part des mairies qui se trouvent dans les situations pareilles. C’est pourquoi il faut qu’il y ait plus de rigueur dans le suivi des banques de céréales a-t-il ajouté.

Pour conclure ses propos, le chef de secteur de l’agriculture a interpellé les collectivités territoriales de ne pas voir que  le côté lucratif des banques de céréales, mais plutôt à mettre à l’aise leurs populations en période de crise, surtout cette année où il y a la difficulté partout. C’est vrai qu’à Bougouni on ne crie pas  haro, mais il faut mieux conserver le peu qu’on a pour que les paysans ne trouvent pas de difficultés majeures pendant la campagne 2012-13. Sinon, la crise de cette année risque de se répercuter sur la campagne prochaine si les paysans ne trouveront  pas quoi à manger.

Seydou KONE

 

Gestion des banques de céréales au Mali 

Expérience de la mairie de la commune rurale de Kola

Le Maire de la commune rurale de Kola, M. Bassi Coulibaly, a bien voulu nous accorder un entretien sur la gestion de la banque de céréale de sa commune.

Relais : M. le maire, pouvez-vous nous expliquer le mécanisme de fonctionnement de la banque de céréale de la commune de Kola ?

BC : La banque de céréales fonctionne sous l’œil du conseil communal de Kola. Elle est gérée par un comité de gestion dirigé par Adama Coulibaly, habitant du village de Dioutiébougou. A tout moment nous faisons une assemblée générale qui regroupe le conseil communal, les chefs de village, les représentants des organisations féminines et de jeunes. Au démarrage des activités, nous avons bénéficié de la première dotation, 20 tonnes de céréales.

En 2007, après l’écoulement du premier stock, la banque avait mis à la disposition des jeunes commerçants de la commune pour le renouvellement du stock. La mairie a rencontré beaucoup de difficultés pour avoir la dotation de certains d’entre eux. Nous avons compris que ce système d’approvisionnement constitue un risque pour la banque.

L’année suivante, nous avons sélectionné des commerçants crédibles afin de ravitailler la banque et cela pendant 3 ans. Encore en 2010, une quantité du stock a été attribuée aux paysans ne pouvant pas payer au comptant les vivres en période de soudure. Ceux-ci devaient faire leurs remboursements en nature. A la fin de l’exercice il  y a un paysan qui n’a pas pu rembourser les sacs pris à crédit, parce que la campagne a été déficitaire chez lui encore. Il a fallu qu’on implique le chef de village dans le recouvrement afin que les siens du monsieur payent à sa place.

Cette année, nous avons eu peur de donner le fonds aux commerçants, vu la crise économique conjuguée à la crise alimentaire. Nous avons fait un appel d’offre verbal, que toute personne qui dispose d’une quantité importante de céréales vienne nous voir, un membre du comité de gestion va vérifier la disponibilité du stock avant de payer le commerçant.

Dans ces conditions, nous avons eu dix tonnes et le reste du fonds est déposé à la banque en attendant.

Pour ce qui concerne la procédure de revente, au mois de juillet on convoque une assemblée générale qui fixe  le prix du sac. Le prix du sac est fixé en fonction de la confrontation des prix des marchés de Bougouni et des autres communes du cercle.

 

Q: Quand est-ce que les instances de la banque de céréales tiennent ses réunions ?

Pendant la campagne agricole, le comité se réunit chaque 5 semaines pour exécuter les travaux et deux mois après la campagne pour faire l’état des lieux de la banque en présence du maire.

Chaque trois mois, les assemblées générales ont lieu.

Q : Est-ce que vous réalisez des bénéfices ?

R : Oui des fois, la banque fait des bénéfices, mais souvent c’est la perte. Par exemple cette année on ne sait pas à quelle sauce la banque sera mangée, parce qu’elle achète maintenant très chères les céréales, au moment de la revente si Dieu fait que le prix a baissé, on ne peut que consommer une perte.

Q : Quand vous réalisez des bénéfices, comment vous utilisez ces bénéfices ?

: Les bénéfices sont directement reversés dans le fonds de stock de la banque. Il n’a pas de rubrique de bénéfice et de capital. A la fin de l’exercice si le résultat est bénéficiaire, le fonds sera augmenté et si c’est le contraire et on peut qu’accepter la perte en que telle.

 

Q : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

R : Les difficultés sont nombreuses. Il y a des difficultés qui se rapportent à la gestion des membres du comité de gestion, d’autres se rapportent au cadre juridique et à la loi du marché de céréales.

Les membres du comité de gestion exercent leur mission en tant que bénévoles. Tout le monde sait que le bénévolat atteint facilement ses limites dans ce pays.  Leur prise en charge pose problème. Ils posent le problème de combustibles pour leurs tournées à l’intérieur de la commune et sur les marchés. Ils pensent aussi à des frais de motivations alors que nulle part, cela n’est prévu dans les textes régissant les banques de céréales. Mais au moment où les autres sont dans leurs champs, les membres du comité de gestion sont à pied d’œuvre pour la cause de la banque de céréales. Donc, d’une manière on ne peut pas leur reprocher grand chose. Ce que ces derniers ne comprennent pas aussi, c’est que moi en tant que maire, je fais des mois et des mois ici sans toucher des indemnités de ma fonction. Et cela ne m’empêche d’accomplir ma mission.

La mairie ne pouvant pas se déplacer sur marché pour acheter sa dotation par kilogramme est souvent trahie par les commerçants fournisseurs. Et comme cela, il peut y avoir une perte sur le fonds.

Les aléas du prix sur le marché est une difficulté, de nos jours, la mairie achète 100 kg de maïs à 20 000FCFA y compris les frais de transport. Au moment de revendre, si l’Etat parvient à prendre des dispositions pour réduire les prix des céréales, la mairie ne peut que faire un déficit, parce que les céréales sont périssables. Il faut accepter la perte en vendant les vivres au prix du jour.

Le document sur le système de gestion des banques de céréales est bien ficelé, mais sa mise en œuvre est trop problématique. On peut même dire ceux qui ont fait le document ne sont pas des hommes de terrain, car les réalités du terrain ne sont pas du tout  prises en compte dans la gestion des banques de céréales.

L’Etat interdit formellement aux maires de donner les céréales en crédits pour éviter la perte du stock, mais le maire qui se trouve devant sa population est en mauvaise posture pour l’appliquer. Quelqu’un qui n’a pas de quoi  manger, qui vient demander les céréales à crédit, s’il ne les trouve pas, il ne peut plus compter socialement sur  le maire. Au cas où une personne  mourait de faim parce que le maire a refusé de donner à crédit les céréales de la banque, personne ne tiendra compte de la loi qui régit les banques de céréales. C’est le maire qui va encore endosser cette responsabilité.  Il faudra faire la relecture du document afin de l’adapter au contexte du milieu rural.

 

Q : Quels sont vos mots de la fin ?

R : Je dirai que l’Etat doit revoir les documents qui gèrent les banques de céréales. Cela va dans l’intérêt des maires aussi bien que dans l’intérêt de la population. Tout le monde veut que la gestion des banques de céréales soit continuelle et que les populations aient toujours accès à la nourriture. Personne d’entre nous ne veut qu’il y ait la famine. Si tu vois qu’on dit  que celui-ci est un brave cultivateur c’est parc qu’il trouve à manger.

Propos recueillis par

Seydou  KONE

 


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