L’accord d’établissement d’une cimenterie signé entre le Mali et le groupe Wacem-Sa

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– L’unité coûtera 66 milliards de FCFA pour un million de tonnes par an
– Début des travaux janvier 2009, le premier sac en décembre 2011.

Longtemps attendue, la nouvelle unité de cimenterie du Mali verra le jour dans trois ans, à Diamou, région de Kayes. Sur 18 intentions d’investissements reçues de la part d’autant de sociétés, le gouvernement malien a jeté son dévolu sur le Groupe indien WACEM-SA -dont la filiale au Mali est DIAMOND Cement – avec lequel il a signé l’accord d’établissement de la nouvelle société qui va nécessiter un investissement total de 66 milliards de FCFA. Elle produira un million de tonnes de ciment par an, une fois sa vitesse de croisière atteinte, créera 250 emplois directs et 1 000 emplois indirects.

 On peut dire que c’est désormais la fin du paradoxe malien en matière de ciment. En effet, malgré l’existence d’un important gisement de calcaire estimé à 55 millions de tonnes dans la région de Kayes et 45 millions de tonnes à Hombori dans la région de Mopti, notre pays continue d’importer un million de tonnes de ciment par an pour une sortie de devise d’environ 100 milliards de FCFA. Bizarrement, ces importations proviennent de pays (Côte d’Ivoire, Togo, Ghana, Sénégal, Burkina Faso) qui n’ont pas la matière première pour le ciment.

Il va de soi, que la cimenterie était devenue une question très sensible à laquelle les autorités maliennes étaient contraintes de remédier. Désormais, le rêve est devenu une réalité.  Notre pays vient de signer avec le Groupe Indien WACEM-SA (West African Cement) l’accord d’établissement pour l’installation d’une cimenterie intégrée. Ce Groupe a une forte expérience en matière de cimenterie dans la sous région car disposant d’unité de production au Ghana, au Burkira et au Togo.

Les documents entre ce Groupe et le gouvernement malien ont été signés, le mardi 23 décembre, à l’Hôtel Laïco El Farouk. C’est le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo et le PDG du Groupe WACEM-SA, Prasad Motaparti qui ont paraphé les documents au cours d’une cérémonie qui a vu la présence de trois autres membres du gouvernement. Il s’agit des ministres des finances, des mines, de l’énergie et de l’eau et celui du logement, des affaires foncières et de l’urbanisme. Le président de la CCIM, Jeamille Bittar était également présent.

C’est en 2004 que les contacts ont commencé entre le Groupe WACEM et le gouvernement malien qui a accordé un permis d’exploitation à cette société. Les résultats des travaux d’exploration sur le site d’Astro à Gangontérie se sont révélés encourageants. La matière première a été estimée à 67 millions de tonnes de calcaire auxquelles il faut ajouter 11 millions de tonnes de marbre. Face à ses résultats aussi révélateurs, le Groupe a pu proposer à l’Etat malien un dossier plus attractif et répondant aux exigences du code minier.

L’usine de cimenterie intégrée prévue dans le projet présenté par WACEM aura une capacité annuelle de production de 800 000 tonnes lors de la première année, 900 000 en deuxième année et un million la troisième année. Ce qui sera suffisant pour assurer le besoin national. D’après le chronogramme initial, la durée des travaux est de trois ans. WACEM compte commencer les travaux sur le terrain à compter de janvier 2009. Le premier sac de ciment sera produit en décembre 2011. Le coût total des investissements est évalué à 66 milliards de FCFA (132 millions d’euros). L’usine qui sera installée à Diamou sera branchée sur la ligne haute tension de Manantali avec possibilité pour WACEM d’installer une centrale électrique.

La nouvelle cimenterie va employer 250 travailleurs permanents et créer quelques  milliers d’emplois indirects. Selon le PDG de WACEM-SA, Prasad Motaparti, son groupe, qui est beaucoup présent dans la sous-région a choisi de venir au Mali à cause du challenge. Car, dit-il, la question du ciment tient à cœur les autorités maliennes et surtout le potentiel est là tant en terme de marché qu’en terme de matière première. " Plus le challenge est grand, plus le profit est important " a souligné le PDG de WACEM. Qui a annoncé que son Groupe va utiliser de la technologie de dernière générale pour cette unité. Aussi, il a déclaré que la prospection va se poursuivre pour identifier d’autres réserves de matières premières.

Tout en signalant l’importance de ce projet structurant qui tient à cœur le président de la République, le ministre de l’Economie a rappelé que la première expérience du Mali en matière de production de ciment date de 1969 avec la création de la Société des ciments du Mali (SOCIMA) devenue ensuite IMACO SA, avant de fermer ses portes définitivement en 1997. Dès lors notre pays dépend entièrement des pays voisins. Mais la consommation, dit-il, est restreinte à cause du prix élevé du ciment (tournant autour de 140 000 FCFA la tonne)  de la capacité limitée des transports et des coûts d’approche.

 Le problème d’approvisionnement a été exacerbé avec la hausse des prix des hydrocarbures et la crise ivoirienne. " Le Mali ne saurait se contenter d’importer du ciment au risque de persister dans une sortie importante de devises estimées à environ 100 milliards de FCFA par an, une absence de valeur ajoutée au niveau local, le manque de renforcement des capacités locales et un ralentissement de l’économie malienne " a expliqué Ahmadou Abdoulaye Diallo.

 30% du capital à l’Etat et aux privés maliens
Le capital de la nouvelle société qui sera mise en place sera ouvert. Ainsi le Groupe WACEM-SA et la SFI partageront 70% alors que l’Etat Malien détiendra 10%, les sociétés privés maliennes 10% et l’actionnariat populaire 10%.

Youssouf Camara

 Ils ont dit …..
Le ministre des Finances, Abou-Bakar Traoré : "L’important est la valeur ajoutée que le projet va créer"

Le ministre des Finances, Abou-Bakar Traoré présent à la cérémonie dira que " c’est une opération intéressante pour le Mali ". Par rapport à son impact sur les recettes publiques, il dira : " naturellement, au début, on va perdre les recettes mobilisées sur l’importation du ciment, mais le plus important c’est la valeur ajoutée, les emplois que le projet va créer et tous les autres avantages liés".

 Jeamille Bittar, président de la CCIM :  " Le secteur privé prendra part au projet "
" Nous ne sommes pas venus à la cérémonie en tant que simples spectateurs pour applaudir, on est là pour prendre part au projet ".  C’est l’avis du président Bittar dont l’institution a toujours défendu la création d’une unité de production de ciment.

 Mme Gakou Salimata Fofana, ministre du Logement : "Que Dieu nous donne la chance de voir le jour de la production du premier sac "
Mme Gakou Salimata Fofana fait partie des ministres comblés par le projet. En effet, la création d’une cimenterie sera d’un apport important pour la poursuite du programme de construction des logements sociaux. Elle est chaque fois saisie par les entreprises exécutantes de ces marchés par rapport au problème d’exonération sur l’importation de ciment et surtout le coût fluctuant réduisant souvent à néant leur profit. Elle s’est déclarée très heureuse pour ce projet et prie le bon Dieu pour qu’il nous accorde la chance de voir le jour de la production du premier sac de ciment.

 Mamadou Igor Diarra, ministre des Mines : "Nous sommes disposés à faire tout pour d’autres prospections"
Beaucoup d’aspects du projet relève du ministère des mines, de l’énergie et de l’eau. Car, il s’agit, entre autres, de l’exploitation d’une ressource du sous-sol, de la consommation électrique et de l’octroi de permis pour d’autres prospections. Mamadou Igor Diarra a félicité le ministre de l’Economie pour la gestion diligente de ce dossier. "Nous allons continuer d’accompagner le projet, car WACEM va évoluer dans le Code minier qui a ses atouts et ses exigences, notamment environnementales. Nous serons disposés à favoriser toutes nouvelles prospections. Pour l’électricité, notre projection est de doubler les capacités actuelles dans trois ans qui correspondent avec les projets en cours dans le cadre de l’OMVS, de l’interconnexion et d’installation de deux nouvelles centrales. Donc logiquement, le projet peut être branchée sur la ligne haute tension de Manantali " a expliqué le ministre.

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