Interpellé par le groupe de suivi budgétaire : Le ministre des finances s’explique sur sept questions

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Suite à l’interpellation du groupe de suivi budgétaire sur certaines allégations, le ministre des finances a rencontré ce réseau d’organisations de la société civile malienne de contrôle citoyen des politiques économiques et financières.

 

 

Abdel Karim Konaté, ministre des finances
Abdel Karim Konaté, ministre des finances

Dans une correspondance en date du 19 août 2013, le groupe de suivi budgétaire, GSB (réseau d’organisations de la société civile malienne œuvrant dans le domaine du contrôle citoyen notamment des finances publiques) a interpellé le ministre des finances, Abdel Karim Konaté, sur certaines rumeurs qui avaient circulé sur internet, des rumeurs alléguant notamment l’attribution de certains marchés dont le projet d’installation d’une fibre pour les communications de l’armée malienne, la vente de certains immeubles de l’Etat, l’achat de véhicule pour le compte de la primature et la commission de dialogue et de réconciliation, l’achat de 500 véhicules pour les commerçants, les travaux de rénovation du palais présidentiel, la situation des dépenses extrabudgétaire réalisées pendant la période de transition et enfin le payement des mandats au niveau du trésor.

Conformément à sa politique de transparence dans la gestion des affaires publiques, le ministre des finances a accepté de rencontrer les responsables du GSB, le lundi 26 août 2013 dans un hôtel de la place pour s’expliquer sur les allégations concernant ces questions. Comme pour lui conférer la plus grande transparence possible, des partenaires techniques et financiers du Mali ont été invités à cette rencontre. Il s’agit notamment des représentants du FMI, de l’ambassade du Danemark, de France et des Pays Bas. Quant au ministre, il était accompagné du directeur national du budget, du directeur général du trésor et de celui de l’administration des biens de l’Etat, d’entrée de jeu, n’a pas manqué de confirmer à son auditoire que la volonté qui l’anime depuis sa nomination « est la gestion saine et rigoureuse des finances de l’Etat dans le respect » strict des textes législatifs et règlementaires en vigueur.

Une gestion saine et rigoureuse
Ainsi, concernant le projet d’installation d’une fibre optique pour la communication de l’armée malienne, le ministre a précisé que cette question est encore au stade d’examen au niveau des services techniques concernés. Et qu’aucune décision n’a encore été prise quant à la signature d’un accord de prêt pour la réalisation de ce projet. S’agissant de certains immeubles du domaine public, le ministre Konaté a affirmé que l’Etat n’a jamais envisagé leur vente. Tout au plus, le gouvernement, dans le cadre de l’inventaire normal des biens de l’Etat, a décidé de faire l’état des lieux, et de réfléchir à l’utilisation éventuelle des immeubles dont la situation géographique ne permet plus de les destiner à abriter des services publics. En tout état de cause, il a clairement dit qu’il n’a jamais signé aucun acte de vente d’un bâtiment public de sa nomination à nos jours

Le ministre Konaté a également abordé la question relative à l’achat de véhicules pour le compte de certaines structures publiques. Ainsi, selon lui, un marché a été conclu par entente directe, en mai 2013, avec CFAO Motors pour l’acquisition de véhicules pour les services de la présidence de la République, de la Primature et de la Commission dialogue et réconciliation (CDR). Comme l’a expliqué le ministre, l’entente directe se justifie par le fait qu’il y avait urgence à remplacer le parc automobile de la présidence et de la primature détruit suite aux événements des 22 et 23 mars 2012 (le coup d’Etat et les pillages qui l’ont suivi). Concernant la CDR, il fallait qu’elle soit opérationnelle dans les meilleurs délais, son rôle étant déterminant pour le retour à la stabilité sociale et la réconciliation nationale.

Selon le ministre Konaté, ces dépenses, d’un montant de 2,2 milliards de F Cfa, ont été effectuées sur le chapitre 5-243-10 inscrit au niveau de la direction des finances et du matériel du département des finances, un chapitre doté de 4,5 milliards de F Cfa dans le budget 2013 de l’Etat, qui est destiné à l’achat de matériels roulants pour les administrations publiques.

Pas de dépenses extrabudgétaires
S’agissant de l’achat de 500 véhicules pour les commerçants, « une suite défavorable a été réservée à cette requête du secteur par le gouvernement qui ne saurait envisager l’achat de camions destinés aux transporteurs privés conformément à sa politique de désengagement de certaines activités », a rappelé le ministre des finances. Lequel a également rappelé qu’aucune inscription budgétaire n’existe dans la loi de finances 2013 pour des travaux de rénovation du palais présidentiel, et que cela ne saurait être pris en charge par les ressources publiques. Toutefois, a confirmé le ministre, une requête de financement sous forme de don a été adressée aux autorités chinoises à travers le ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale après une évaluation du coût de réhabilitation du palais présidentiel fortement dégradé suite à la mutinerie du 22 mars 2012 et l’agression du président de la République par intérim, en mai de la même année.

Concernant la question  relative à la situation des dépenses, le directeur national du budget a appris à ses interlocuteurs que « toutes les dépenses depuis les événements du 22 mars 2012 se font dans le cadre des inscriptions du budget 2013 et par conséquent, de cette date à maintenant, il n’y a pas de dépenses extrabudgétaires. » Toutefois, il a rappelé que la crise sécuritaire et politique qui a frappé le pays en 2012 a nécessité l’ajustement des recettes et des dépenses budgétaires à la baisse suivant la loi des finances rectificative n°2012-053 du 04 décembre 2012. A cet égard, un audit est en cours de préparation pour déterminer les arriérés découlant de ces ajustements surtout au niveau des dépenses d’investissements.

La dernière question abordée par le ministre des finances était relative au paiement des mandats au niveau du trésor public. Ainsi, selon Abdel Karim Konaté, il convient d’indiquer que tous les mandats de paiement au titre de l’année 2012 ont été payés conformément à l’objectif de relance économique de la feuille de route du gouvernement de transition.

Par rapport aux réformes des véhicules, des apaisements ont été donnés étant entendu que beaucoup de rumeurs ont également circulé autour de ce sujet. S’il est vrai que des demandes ont été faites par différents départements, aucun acte de cession ni de vente n’a été signé, cela parce que le Bureau du vérificateur général avait produit un rapport provisoire qui dénonçait un certain nombre de disfonctionnements. Le ministre des finances a estimé alors qu’il fallait d’abord corriger ces dysfonctionnements avant toute réforme de véhicules.

Il a en outre donné des précisions sur le compte spécial ouvert à la BDM suite à l’appel du président de la République pour appuyer l’armée. Le solde dudit compte, sur lequel aucune dépense n’a été faite, est de 3,025 milliards de F Cfa. Les fonds mis à la disposition par les miniers, toujours à l’appel du Président de la République, soit 1,5 milliard de F Cfa, sont intacts. Ces informations ont soulagé l’ensemble de l’auditoire y compris le représentant du FMI qui n’a pas manqué de saluer l’esprit d’ouverture et de transparence du ministre. Un ministre qui vient de donner la preuve qu’il n’a pas trahi sa réputation de cadre engagé pour la cause du pays.

Cette sortie très attendue du nouveau ministre des finances a également eu le mérite d’éclaircir les partenaires techniques et financiers et la société civile sur les zones d’ombre savamment entretenues par quelques esprits malintentionnés dont le souci est de discréditer l’action gouvernementale et la gestion des ressources publiques.
Birama Fall

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